Pour sa 15e édition, à l’occasion du Prix Biagio Agnes promu par la Fondation Biagio Agnes qui depuis sa création a décerné des prix à des personnalités qui incarnent les principes les plus authentiques en matière d’informations, une délégation a été reçue par le pape François, il y a quelques jours. L’occasion pour le Saint-Père de réfléchir sur l’importance du travail des journalistes (texte intégral traduit de l’italien par ZENIT)
Bienvenue ! Je salue le Dr Simona Agnes, le Dr Gianni Letta, président, les membres du Jury et vous tous ici présents, qui êtes impliqués dans la communication à différents titres. La Fondation qui promeut le Prix International du journalisme et de l’information porte le nom de Biagio Agnes, journaliste italien de renom, protagoniste de la RAI, défenseur de la mission de service public, capable d’intervenir avec discernement et détermination pour garantir une information authentique et correcte.
Le Prix en est à sa quinzième édition : un laps de temps qui permet de saisir les grands changements en cours et, en même temps, de jeter les bases d’un style qui trouve en Biagio Agnes l’un de ses inspirateurs. Dans ce sens, je voudrais également souligner la proximité avec cette initiative de la part de la RAI – représentée ici par sa direction – et, depuis quelques années, de la Confindustria. Ce n’est qu’ensemble, chacun avec ses spécificités et ses prérogatives, que nous pourrons tracer un horizon d’espoir.
C’est le travail quotidien du journaliste, qui est appelé à « user les semelles de ses chaussures » ou à parcourir les voies du numérique en restant toujours à l’écoute des personnes qu’il rencontre. « Le journalisme, en tant que témoignage de la réalité, exige la capacité d’aller là où personne ne va : un déplacement et un désir de voir. Une curiosité, une ouverture, une passion » (Message pour la 55e Journée mondiale de la communication, 23 janvier 2021). C’est ce que souligne également le jury du prix du reporter de guerre : une attention qui, en racontant la tragédie et l’absurdité des conflits, permet à chacun de se sentir partie prenante d’une même souffrance. À cet égard, je voudrais souligner trois « éléments » du travail journalistique, qui sont peut-être de moins en moins utilisés, mais qui ont encore beaucoup à nous apprendre : le carnet de notes, le stylo et le regard.
Le carnet. Noter un fait implique toujours un travail intérieur. On le note parce qu’on en est le témoin direct ou parce qu’une source, que l’on croit fiable, le rapporte et l’ouvre ensuite à d’autres vérifications. Le carnet nous rappelle l’importance d’écouter, mais surtout de se laisser envoûter par ce qui se passe. Le journaliste n’est jamais un comptable de l’histoire, mais une personne qui a décidé de vivre les événements avec engagement, avec passion.
Le stylo. De moins en moins utilisé, remplacé par des moyens plus perfectionnés, le stylo contribue pourtant à l’élaboration de la pensée, en reliant la tête et les mains, en nourrissant les souvenirs et en reliant la mémoire au présent. Le stylo évoque le travail artisanal auquel le journaliste est toujours appelé : on prend le stylo en main après avoir vérifié les détails, passé au crible les hypothèses, reconstitué et vérifié chaque étape. Dans ce tissage, l’intelligence et la conscience agissent ensemble, touchant les cordes existentielles. Le stylo rappelle ainsi l’« acte créateur » des journalistes et des professionnels des médias, un acte qui leur demande d’unir la recherche de la vérité à la droiture et au respect des personnes, en particulier au respect de l’éthique professionnelle, comme l’a fait Biagio Agnes.
Le regard. Le cahier et le stylo ne sont que des accessoires s’il manque un regard sur la réalité. Un regard réel, pas seulement virtuel. Aujourd’hui, plus qu’hier, on peut se laisser distraire par des mots, des images et des messages qui polluent la vie. Pensez, par exemple, au triste phénomène des « fake news », de la rhétorique belliqueuse ou de tout ce qui manipule la vérité. Un regard attentif à ce qui se passe est nécessaire pour désarmer le langage et favoriser le dialogue. Le regard doit être dirigé vers le cœur : c’est de là que « jaillissent les mots justes pour dissiper les ombres d’un monde fermé et divisé et construire une civilisation meilleure que celle que nous avons reçue ». C’est un effort qui est demandé à chacun de nous, mais qui exige en particulier le sens des responsabilités de la part des travailleurs de la communication, afin qu’ils puissent exercer leur profession comme une mission (Message pour la 57e Journée mondiale de la communication, 24 janvier 2023).
Chers amis, je vous encourage à poursuivre votre engagement dans la promotion d’initiatives culturelles pour soutenir la diffusion d’informations correctes, l’éducation et la formation des jeunes générations. Je vous remercie à nouveau et adresse mes félicitations aux lauréats. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Je vous remercie.