« En tant qu’envoyé du pape François », le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président de la Conférence épiscopale italienne, est en visite à Kiev, en Ukraine, les 5 et 6 juin 2023, indique un communiqué du Saint-Siège.
« Il s’agit d’une initiative dont le but principal est d’écouter en profondeur les autorités ukrainiennes sur les voies possibles pour parvenir à une paix juste et de soutenir les gestes d’humanité qui contribuent à apaiser les tensions », indique le communiqué.
Le 21 mai dernier, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, a confirmé que le pape François avait confié au cardinal Zuppi « la tâche de conduire une mission, en accord avec la Secrétairerie d’État, qui puisse contribuer à l’apaisement des tensions dans le conflit en Ukraine, dans l’espoir, jamais démenti par le Saint-Père, que cela puisse mettre en place un parcours de paix ».
La mission diplomatique avait été annoncée par le pape lui-même lors de la conférence de presse en avion au retour de Hongrie le 30 avril dernier: « Une mission est en cours en ce moment, mais elle n’est pas encore publique, attendons …. Lorsqu’elle sera publique, j’en parlerai », a-t-il dit, ajoutant que « la paix se fait toujours en ouvrant des canaux. On ne peut jamais faire une paix dans la fermeture. J’invite tout le monde à ouvrir des relations, des canaux d’amitié. »
Le cardinal Zuppi devrait également se rendre à Moscou, écrit l’agence de presse russe Tass citant une « source bien informée au Vatican », lit-on sur le site proche du Vatican Il Sismografo. Le voyage « se prépare », a ajouté la source, sans toutefois citer de date éventuelle.
Rencontre à Kiev : les enfants ukrainiens
Ce lundi 5 juin, le cardinal Zuppi a rencontré le commissaire aux droits de l’homme de la Verkhovna Rada (le parlement de l’Ukraine – ndlr), Dmytro Lubinets. Le sort des enfants ukrainiens déportés en Russie était au cœur de la conversation, indique en ukrainien ukrinform.
« Depuis le 24 février, la Fédération de Russie a tué plus de 500 enfants ukrainiens », a déclaré Dmytro Lubinets lors de la rencontre. « Pas plus tard qu’hier, un enfant qui n’avait que deux ans est mort à Dnipro à cause d’un missile russe », a-t-il dit au cardinal Zuppi et a rappelé que le plus jeune enfant décédé des suites d’un bombardement dans une maternité de Zaporizhzhia n’avait que 2 jours.
Rappelons que « la question des crimes russes liés à l’enlèvement et à la déportation d’enfants ukrainiens » a été au cœur de la rencontre du pape François avec le président Zelensky, le 13 mai 2023, au Vatican. Le président ukrainien « a appelé le Vatican à se joindre aux efforts de l’Ukraine visant au retour des enfants ukrainiens emmenés illégalement et de force en Russie, de facto kidnappés ».
En s’arrêtant sur ce sujet, le commissaire aux droits de l’homme de la Verkhovna Rada a expliqué au card. Zuppi que « le nombre » d’enfants ukrainiens déportés de force par l’armée russe s’élève à « 19 505 à ce jour ».
« La Russie ne nous a jamais informés, en tant qu’État, du nombre d’enfants déportés, de leur état, des conditions dans lesquelles ils se trouvent, a souligné Dmytro Lubinets. Au contraire, nous constatons que dès que des enfants ukrainiens se retrouvent sur le territoire de la Fédération de Russie, des documents ukrainiens et des actes de naissance leur sont retirés. Il leur est interdit de se dire Ukrainiens ou d’utiliser la langue ukrainienne, et la procédure d’adoption est menée le plus rapidement possible. »
Le commissaire a présenté au cardinal Zuppi la situation avec les établissements scolaires et médicaux sur le territoire ukrainien : « La Fédération de Russie a détruit et détruit des écoles, des jardins d’enfants et des hôpitaux, a-t-il dit. 3259 écoles ukrainiennes sont détruites … 1216 établissements de santé … Plus d’un million de nos enfants sont partis à l’étranger et y vivent désormais. »
Lubinets a exhorté le cardinal à prêter attention au fait que des crimes continuent d’être commis sur les territoires occupés par la Russie.
Le cardinal Zuppi a exprimé le soutien et la proximité au peuple ukrainien : « Notre objectif, a-t-il dit, est de protéger la vie des enfants. Parce qu’il doit y avoir un avenir. En commençant par les enfants, essayer d’envisager l’avenir de tous … Nous sommes très proches de vous », a-t-il assuré.
Lors de la réunion, les parties ont discuté également de l’échange de prisonniers de guerre.