Par John Pontifex
Un évêque éthiopien a lancé un appel passionné à la reprise des négociations entre le gouvernement et les forces rebelles afin de mettre fin à un conflit qui a coûté la vie à des centaines de personnes et en a déplacé des dizaines de milliers d’autres.
Mgr Varghese Thottamkara, vicaire apostolique de Nekemte, a déclaré à l’organisation caritative catholique Aide à l’Église en détresse (AED) que les gens réclament la paix entre le gouvernement et les tribus rebelles des ethnies Oromo et Gumuz.
L’évêque, dont le vicariat dans l’ouest de l’Éthiopie a été décrit comme l’épicentre de la rébellion de l’Armée de libération oromo (OLA), a souligné les déplacements massifs de population, la menace constante d’enlèvements contre rançon et les couvre-feux imposés dans la ville de Nekemte et ailleurs.
S’exprimant lors d’une visite aux bureaux nationaux d’ACN au Royaume-Uni, à Sutton, dans le Surrey, Mgr Thottamkara a déclaré : « Les gens en ont assez de cette situation dont ils ne peuvent plus se débarrasser : ils en ont assez de souffrir. Ils ont besoin d’une solution et nous espérons que ces pourparlers aboutiront à quelque chose. »
Il a ajouté : « Le gouvernement et les tribus doivent penser au bien de la population.
Le gouvernement doit dire aux rebelles autre chose que ‘’déposez vos armes’’ : Ces gens doivent être réintégrés dans la police et l’armée et intégrés dans la société. »
La semaine dernière, l’OLA a accusé le gouvernement de mener une offensive militaire contre elle après que le premier cycle de pourparlers de paix, au début du mois, se soit achevé sans qu’aucune solution n’ait été trouvée.
Tout en exhortant les négociateurs à persévérer, l’évêque a souligné l’impact du conflit sur son propre diocèse.
L’évêque, qui quittera Nekemte le mois prochain après neuf ans, est nommé évêque de Balasore en Inde. Il a déclaré que vingt de ses églises – soit environ 20 % du total – avaient été contraintes de fermer pour des raisons de sécurité, et que nombre de ses prêtres étaient menacés parce qu’ils appartenaient à la tribu des Oromo.
L’évêque a décrit deux incidents au cours desquels sa vie avait été mise en danger : une voiture qui le précédait sur la route a essuyé des tirs et, à une autre occasion, il a été retenu par des rebelles lourdement armés dans une ville qu’il traversait.
Mgr Thottamkara a raconté que des prêtres et des sœurs avaient été enlevés pour obtenir une rançon et qu’ils avaient dû abandonner des paroisses telles que Shambu, Anger Guten et Kamashi.
Il a aussi déclaré : « Il est très douloureux de savoir que notre peuple a traversé de nombreux problèmes mais n’a pas pu recevoir les sacrements. »
L’évêque a expliqué qu’en l’absence de prêtres, de nombreux fidèles étaient tributaires des catéchistes et il a fait l’éloge de l’Aide à l’Église en détresse pour le financement de leur formation et de leurs frais.
Il a également remercié l’organisation caritative pour les dons de messe versées aux prêtres pauvres et persécutés, ainsi que pour les programmes de formation du clergé en cours.
L’Aide à l’Église en détresse est une fondation pontificale dépendant directement du Saint-Siège. En tant qu’organisation caritative catholique, l’AED soutient les fidèles dans les pays où ils sont persécutés, opprimés ou dans le besoin, par l’information, la prière et l’action.
Entreprenant des milliers de projets chaque année, l’organisation caritative fournit une aide d’urgence aux personnes victimes de persécutions, des moyens de transport pour le clergé et les travailleurs laïcs de l’Église, des bibles pour enfants, des projets médiatiques et d’évangélisation, des églises, des dons de messe et d’autres formes de soutien pour les prêtres et les religieuses, ainsi que des formations pour les séminaristes.