(ZENIT News / Lahore, 03.04.2023) – Un chrétien pakistanais, emprisonné pendant près de huit ans, a été libéré après avoir été acquitté par un tribunal de Lahore.
Humayun Allahrakha (anciennement connu sous le nom de Humayun Faisal Masih), aujourd’hui âgé de 32 ans, avait brûlé un journal à Sanda, une ville du district de Lahore, en mai 2015, lorsque des passants musulmans l’ont accusé de blasphème, affirmant que les journaux contenaient des versets du Coran.
Des centaines de personnes ont fui pour sauver leur vie après qu’une foule islamiste se soit déchaînée et ait attaqué des maisons et des lieux de culte chrétiens, notamment l’église catholique locale Saint-Joseph.
Masih, balayeur de rue, a été arrêté par la police avant que la foule n’ait eu le temps de le lyncher, mais il a été inculpé en vertu de l’article 295B du code pénal pakistanais, qui prévoit une peine d’emprisonnement à perpétuité pour la profanation du Coran.
La Commission nationale pour la justice et la paix (NCJP), organisation catholique de défense des droits, s’est battue pour prouver l’innocence de M. Allahrakha et le tribunal de district de Lahore l’a finalement acquitté.
Il a été libéré de prison et placé en lieu sûr, alors que l’on craignait toujours pour sa sécurité.
S’adressant à l’organisation caritative catholique Aid to the Church in Need (ACN)*, le P. Emmanuel ‘Mani’ Yousaf, directeur national du NCJP, a déclaré : « C’est une question de vie ou de mort que de pouvoir aider les accusés dans de telles situations. »
Donnant des détails sur l’incident qui a conduit à sa condamnation, le P. Yousaf a déclaré que M. Allahrakha avait des problèmes de santé mentale et qu’il utilisait le journal pour fumer des stupéfiants. « C’est un toxicomane, il était avec des amis dans un endroit insalubre. Il a pris une feuille de journal et l’a utilisée pour fumer de la drogue. Certaines pages contenaient des versets du Coran. Mais cet homme est analphabète. Il ne savait pas ce qu’il faisait. »
Le P. Yousaf a rendu hommage aux avocats qui, selon lui, ont travaillé sans relâche pour prouver l’innocence d’Allahrakha. Insistant sur le fait qu’Allahrakha quitte la prison dès que possible après son acquittement, le P. Yousaf a déclaré : « Nous voulions nous assurer qu’il ne resterait pas un jour de plus en prison. Il n’y aurait pas été en sécurité. »
Le prêtre a rendu hommage à l’ACN et à son soutien au NCJP, qui fournit une assistance juridique et parajuridique aux chrétiens accusés de blasphème et sensibilise la communauté locale aux questions de justice.
Le P. Yousaf termine en précisant : « L’ACN a toujours été d’une grande aide pour soutenir le NCJP. Cette organisation caritative a été une très bonne alliée pour nous. »
*AED : Aide à l’Église en détresse