Le pape François reçoit un cadeau de représentants des Églises orthodoxes orientales

Le pape François reçoit un cadeau de représentants des Églises orthodoxes orientales

Œcuménisme : ce qui empêche les chrétiens de « reconnaître Celui qui les unit »

Aux jeunes prêtres et moines des Églises orthodoxes orientales

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« Le découragement et l’autoréférence empêchent les chrétiens de différentes confessions de voir ce qui les unit, de reconnaître Celui qui les unit », a déclaré le pape François, comparant le chemin de l’œcuménisme à celui des disciples d’Emmaüs au soir de Pâques, raconté au chapitre 24 de l’évangile de Luc.

 

Le pape François a reçu en audience les jeunes prêtres et moines des Églises orthodoxes orientales, en présence du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, ce jeudi 23 février 2023, dans le Palais apostolique du Vatican. Gêné par un rhume, le pape a remis aux participants, sans le prononcer, le discours préparé pour l’occasion.

 

Le récit de saint Luc montre « que Jésus ne rompt pas le pain avec les disciples qui renoncent et qui sont désunis », a fait observer le pontife, mais avec ceux qui « l’invitent », « l’accueillent » et « le désirent ensemble ». « C’est peut-être, a-t-il regretté, ce qui manque le plus aujourd’hui aux chrétiens des différentes confessions : un désir ardent d’unité, qui passe avant les intérêts partisans ».

 

« L’unité est un pèlerinage, l’unité est un dialogue, l’unité est un désir », a asséné François. Un pèlerinage car si les disciples « marchent ensemble », ils seront « accompagnés par le Christ, qui soutiendra, motivera et mènera à bien leur voyage ». Un dialogue « entre chrétiens » fondé « sur la Parole de Dieu », que le Christ explique « avec la lumière de son Esprit ». Enfin, il « ne suffit pas de marcher et de dialoguer », il faut « désirer l’unité par la prière, de tout son cœur et de toutes ses forces, avec insistance, sans se lasser ».

 

 

Discours du pape François remis aux participants

 

Chers frères,

 

Je vous salue avec joie dans le Seigneur. Je suis heureux de vous accueillir pour la troisième édition de cette belle initiative qu’est la visite à Rome de jeunes prêtres et moines des Églises orthodoxes orientales. Soyez les bienvenus ! Cette année, vous êtes arrivés ici au début du Carême, chemin que les chrétiens parcourent pour se préparer à la Pâque du Christ, cœur de notre foi. Cela me rappelle un autre chemin : celui que deux disciples firent avec le Ressuscité précisément le jour de Pâques (cf. Lc 24, 13-35). Cette marche vers Emmaüs peut, en un certain sens, symboliser le parcours œcuménique des chrétiens vers la pleine communion. En effet, je vois des points communs entre les deux trajets, trois éléments que je voudrais partager avec vous aujourd’hui.

 

Le premier est que, si les chrétiens marchent ensemble, comme l’ont fait les deux disciples d’Emmaüs, ils seront accompagnés par le Christ, qui soutiendra, motivera et mènera à bien leur voyage. En effet, Jésus rejoint ces deux disciples, bouleversés et désorientés, sur la route ; il s’approche d’eux incognito, se faisant voyageur avec eux. Le trajet devient alors un pèlerinage. Certes, la tristesse et le repli sur soi ont empêché leurs yeux de le reconnaître (cf. v. 16) ; de même, le découragement et l’autoréférence empêchent les chrétiens de différentes confessions de voir ce qui les unit, de reconnaître Celui qui les unit.

 

Par conséquent, en tant que croyants, nous devons croire que plus nous marcherons ensemble, plus nous serons mystérieusement accompagnés par le Christ, car l’unité est un pèlerinage commun.

 

L’évangéliste dit que ces deux disciples « s’entretenaient entre eux de tout ce qui s’était passé », « ils conversaient et discutaient ensemble » (v. 14-15). C’est le deuxième élément, le dialogue : dialogue de la charité, dialogue de la vérité, dialogue de la vie, pour reprendre les trois typologies indiquées par le vade-mecum œcuménique du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens. Le dialogue des pèlerins d’Emmaüs conduit à un dialogue avec Jésus, qui devient leur exégète ; à partir de leurs conversations, le Christ parle à leur cœur, les réveille, les enflamme en expliquant dans toutes les Écritures ce qui se réfère à Lui (cf. v. 27). Cela nous montre que le dialogue entre chrétiens se fonde sur la Parole de Dieu, que le Seigneur Jésus nous fait comprendre avec la lumière de son Esprit.

 

Marcher ensemble et dialoguer ; nous arrivons au troisième élément : l’évangéliste explique que lorsque les disciples approchent d’Emmaüs, Jésus « fit semblant d’aller plus loin » (v. 28). Le Seigneur n’impose pas sa présence, mais les disciples le prient de rester : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse » (v. 29). Ils voulaient rester avec le Christ. Ils ne sont pas rentrés chacun chez soi, mais ils voulaient prolonger leur compagnonnage avec Jésus et entre eux, ils l’ont prié, ils ont insisté. Voici le troisième élément : il faut désirer l’unité par la prière, de tout son cœur et de toutes ses forces, avec insistance, sans se lasser. Parce que si le désir d’unité s’éteint, il ne suffit pas de marcher et de dialoguer : tout devient quelque chose de dû et de formel. Si, en revanche, le désir pousse à ouvrir la porte au Christ avec son frère, tout change. L’Écriture nous rappelle que Jésus ne rompt pas le pain avec les disciples qui renoncent et qui sont désunis ; c’est à eux de l’inviter, de l’accueillir, de le désirer ensemble. C’est peut-être ce qui manque le plus aujourd’hui aux chrétiens des différentes confessions : un désir ardent d’unité, qui passe avant les intérêts partisans.

 

Chers frères, l’unité est un pèlerinage, l’unité est un dialogue, l’unité est un désir. Si nous vivons ces trois dimensions dans notre marche œcuménique, alors, comme ces disciples, nous parviendrons à reconnaître ensemble le Christ à la fraction du pain et à communier avec lui à la même table eucharistique (cf. v. 30-31). Et, tout comme les deux disciples d’Emmaüs sont retournés en courant à Jérusalem pour raconter avec joie et étonnement ce qu’ils avaient vécu, nous pourrons nous aussi rendre un témoignage crédible au Crucifié ressuscité, « pour que le monde croie » (Jn 17, 21). Chers frères, vous avez entrepris de venir ici. Je vous en remercie. Dans votre pèlerinage à Rome, je souhaite que vous puissiez sentir la présence vivante du Ressuscité, que notre communion grandisse dans le dialogue fraternel et que se renouvelle en chacun de vous un ardent désir d’unité.

 

Que le Seigneur vous bénisse et que la Mère de Dieu vous protège. Je vous demande de transmettre mes salutations à vos évêques et à vos Églises. Certains d’entre vous viennent de la malheureuse Syrie ; je voudrais exprimer ma proximité particulière avec ce cher peuple, éprouvé non seulement par la guerre mais aussi par le tremblement de terre qui, comme en Turquie, a fait tant de victimes et causé de terribles dévastations. Face à la souffrance de tant d’innocents, d’enfants, de femmes, de mères, de familles, j’espère que tout sera fait pour le peuple, qu’il n’y aura pas de raisons ou de sanctions pour empêcher l’aide urgente et nécessaire à la population.

 

Chers frères, je vous remercie et vous porte dans mes prières ; je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas m’oublier en vous tournant vers le Seigneur. Si vous le souhaitez, nous pouvons maintenant prier ensemble le Notre Père, chacun dans sa propre langue.

 

© Traduction de Zenit

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Hélène Ginabat

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