Message pour la XXXIème Journée Mondiale du Malade, 11 février 2023

Message pour la XXXIème Journée Mondiale du Malade, 11 février 2023

Discours du pape François à la délégation de médecins et de patients à l’occasion de la journée mondiale des malades.

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Face à la souffrance, assurer proximité, faire entendre la douleur et être ferment de charité. (texte intégral)

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‘’Traduction de ZENIT’’

 

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenus !

 

Je remercie le docteur Edith Aldama pour les paroles qu’elle m’a adressées au nom de votre domaine d’engagement, expression de la pastorale de la santé du diocèse de Rome. Je remercie les évêques Paolo Ricciardi et Denoni Ambarus et tous ceux qui collaborent dans ce domaine.

 

Nous nous trouvons dans le contexte de la Journée mondiale des malades, cette année dans le cadre du parcours synodal, ayant pour sujet la devise évangélique : « Prends soin de lui. » (Lc 10, 35) Ces paroles du bon Samaritain, tirées de l’évangile de Luc (cf. Lc 10, 25-37), sont adressées à l’aubergiste auquel il confie l’homme blessé qu’il vient de secourir. Parcourons cette scène : un homme est agressé par des brigands et gît au bord de la route ; l’indifférence et l’insensibilité des passants en font un exclu, oublié. À un certain moment, quelqu’un s’arrête et lui porte secours : c’est un Samaritain. Si l’on observe bien, que ce soit l’homme agressé ou le Samaritain, l’un et l’autre portent des blessures. Celles du premier sont produites par la violence de ceux qui l’ont dépouillé, le deuxième porte celles de regards méprisants de ceux qui le voient comme un étranger non désiré. Cependant, grâce à la sensibilité de celui qui compatit avec le souffrant, naît dans la rencontre une histoire de solidarité et d’espérance (1) qui abat les murs de l’isolement et de la peur.

 

Votre œuvre, chers amis, est née grâce à cette dynamique : vous avez su transformer la souffrance en expérience de proximité à la douleur des autres, en surmontant la tentation de la fermeture, en levant la tête et en se mettant à genoux pour leur tenir la main. Je voudrais donc, à la lumière de la Parole de Dieu, souligner avec vous trois attitudes importantes de ce chemin : la première, celle de se rendre proche à celui qui souffre ; la deuxième, celle de prêter sa voix à la souffrance noyée dans le bruit ; la troisième, celle de devenir ferment incontournable de charité.

 

Rappelons-nous d’abord combien il est important d’être proche de ceux qui souffrent, offrant écoute, amour et accueil. Mais pour cela, nous devons apprendre à voir, dans la douleur de notre frère, un « signal de préséance », qui au fond de notre cœur nous oblige à nous arrêter et ne nous permet pas d’aller plus loin. C’est une sensibilité qui augmente à mesure que nous nous laissons saisir par la rencontre avec ceux qui souffrent. Et marcher ainsi ensemble dans la vie nous aide tous à saisir un sens plus profond de la vie qui est l’amour.

 

Il est donc important de donner une voix à la souffrance inouïe de ceux qui, dans la maladie, sont laissés seuls, privés de soutien économique et moral, facilement exposés au désespoir et à la perte de la foi, comme cela peut arriver à ceux qui sont touchés par une fibromyalgie et des douleurs chroniques. Je lance un défi à nos villes, souvent désertes d’humanité et sourdes à la compassion. Oui, bien des fois nos sociétés sont comme ça. Accueillons le cri de ceux qui souffrent et veillons à ce qu’il soit entendu. Ne les laissons pas enfermées dans une pièce, ni ne la laissons devenir une simple « information » : faisons-lui une place en nous et amplifions-la par notre engagement personnel et concrèt.

 

Et nous arrivons à la troisième attitude : être ferment de charité, c’est « travailler en réseau ». Comment ? Tout simplement, en partageant un style de gratuité et de réciprocité, car nous avons tous besoin les uns des autres et nous pouvons tous donner et recevoir quelque chose, ne serait-ce qu’un sourire. Et cela étend autour de nous un réseau, un filet qui n’attrape pas mais qui libère, un réseau constitué de mains qui tirent ensemble, de bras qui s’entraident, de cœurs qui s’unissent dans la prière et la compassion. Même au milieu des vagues les plus violentes, ce filet s’élargit mais ne se rompt pas et permet de ramener à terre ceux qui risquent d’être submergés et de se noyer. Et n’oublions pas que l’exemple de ceux qui prennent l’initiative aide aussi d’autres à trouver le courage de s’engager, comme le montre votre présence ici : patients, soignants et acteurs du monde du sport, unis dans une engagement commun pour le bien des gens. Être un réseau signifie travailler ensemble comme membres d’un seul corps (cf. I Co 12, 12-27). La souffrance de l’un devient la souffrance de tous, et la contribution de chacun est accueillie par tous comme une bénédiction.

 

Chers amis, être proche de ceux qui souffrent n’est pas facile ; vous en êtes bien conscient. C’est pourquoi je vous dis : ne vous découragez pas ! Et si vous rencontrez des obstacles ou des incompréhensions, regardez dans les yeux votre frère ou votre sœur qui souffre, et souvenez-vous des paroles du Bon Samaritain : « Prends soin de lui ». Dans ce visage c’est Jésus lui-même qui te regarde, lui qui a voulu partager notre faiblesse, notre fragilité, jusqu’à mourir pour nous et qui, ressuscité, ne nous abandonne jamais ! En lui, nous trouvons la force de ne pas abandonner, même dans les moments les plus difficiles.

 

La dernière parole s’adresse à vous, chers frères et sœurs malades. C’est votre souffrance portée dans la foi qui nous a réunis aujourd’hui en ce lieu et qui nous a permis de partager ce moment important. Dans votre fragilité, vous êtes proches du cœur de Dieu. Comprendre les fragilités, caresser les fragilités, réconforter les fragilités : tel est le chemin à parcourir. C’est pourquoi je vous demande, vous les malades, de prier pour nous, afin qu’augmente entre nous la proximité à l’égard de ceux qui souffrent et que grandisse aussi l’engagement concret dans la charité, afin qu’aucun cri de douleur ne reste noyé dans le bruit. Je vous bénis de tout cœur, je bénis votre travail et votre engagement pastoral. Et s’il vous plaît, de ne m’oubliez pas dans vos prière. Merci !

 

[1] Cf. Message pour la XXXIème Journée Mondiale du Malade, 11 février 2023 (10 janvier 2023).

 

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Rédaction

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