« ‘L’affaire Michel Santier’ a bouleversé le programme prévu de cette assemblée », a déclaré Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques français, en ouverture de l’Assemblée plénière d’automne, 3 novembre 2022. « Nous aurons besoin de temps encore, a-t-il dit, pour réfléchir ensemble et seuls, pour prier, en vue d’élaborer le plus ensemble possible les décisions ou les pistes de travail qui permettront à notre Église en France d’avancer sur un chemin meilleur et peut-être, pas à pas, de restaurer la confiance abîmée ou perdue. »
Rappelons que Mgr Santier, l’ancien évêque de Créteil (qui a démissionné en juin 2020 et a quitté ses fonctions en janvier 2021), a été sanctionné en 2021 pour des abus spirituels à fins sexuelles, mais dont les vrais motifs de démission n’avaient jamais été révélés. Ce sont deux médias catholiques, Famille Chrétienne et Golias, qui ont dévoilé l’affaire.
Dans son discours, Mgr de Moulins-Beaufort a souligné que les évêques français se sont réunis à Lourdes « avec des sentiments mêlés de colère, de honte, d’impuissance, d’incompréhension, avec peut-être de la méfiance » entre eux, et « en sentant la colère, la honte, le découragement, la lassitude, des fidèles les plus engagés, des diacres, des prêtres, des séminaristes, atteindre un degré nouveau, sans doute insupportable pour certains ».
« Tous nous sommes ébranlés », a-t-il déclaré, « en subissant un opprobre collectif pour une affaire dont la plupart de nous n’ont pas eu à traiter ».
Le président de la Conférence des évêques français a tenu à parler aux évêques « sous l’image de l’enfant qui pleure » : « elle nous avait réunis l’an passé, a-t-il dit, elle avait symbolisé les pas intérieurs et extérieurs que nous avions franchis ou que nous nous apprêtions à franchir encore ».
Mgr de Moulins-Beaufort a appelé « une fois encore », à « regarder cet enfant qui pleure » : « Nous devons constater qu’il y a, même dans le corps épiscopal, des hommes qui ont fait du mal, a-t-il déclaré. Dans le cas de Mgr Santier, les personnes-victimes étaient majeures, mais parce qu’un évêque est un ministre du Seigneur Jésus, l’enfant de Dieu que chacune ou chacun de ces adultes s’efforçait d’être et sur le chemin duquel il ou elle comptait sur l’aide de tel prêtre, de tel évêque, a été souillé, défiguré, s’est retrouvé avec son âme en morceaux. »
Le président a invité à « regarder en face, avec encore plus d’acuité que l’an passé », « ce drame spirituel ». « Nous devons nous y aider, au-delà des discussions de faits et de droit. »
L’affaire de Mgr Santier, a souligné Mgr de Moulins-Beaufort, « nous fait réaliser qu’il nous reste des marches encore à gravir – ou à descendre. Pas à pas, ensemble, nous avançons ».