Dans son éditorial intitulé « Un chrétien devenu pape, qui nous renvoie à l’essence de l’évangile », rédigé pour L’Osservatore Romano en italien du 4 septembre 2022, jour de la béatification du pape Jean-Paul Ier, Andrea Tornielli révèle « le grand secret de la vie chrétienne dont Albino Luciani témoigna tout au long de son existence ».
Le directeur éditorial du Dicastère pour la communication se réfère aux premières paroles adressées par Albino Luciani à ses fidèles après avoir été nommé évêque de Vittorio Veneto, et reprises, onze ans plus tard, le 8 février 1970, dans sa première homélie en tant que patriarche de Venise, dans la Basilique Saint-Marc :
« Il y a certaines grandes choses que Dieu aime parfois écrire non pas dans le bronze ou dans le marbre, mais jusque dans la poussière afin que, si l’écriture reste, n’ayant pas été effacée ou dispersée par le vent, il apparaisse clairement que le mérite revient entièrement et uniquement à Dieu. Je suis la poussière : la charge de patriarche et le diocèse de Venise sont ces grandes choses unies à la poussière ; si un peu de bien sort de cette union, il est clair que tout le mérite reviendra à la miséricorde du Seigneur ».
Reprenant les paroles de la vice-postulatrice de la cause de canonisation, Stefania Falasca, Andrea Tornielli confirme que « ce n’est pas le pape ni son pontificat qui ont été béatifiés mais un chrétien qui a adhéré de tout son être à l’évangile en se reconnaissant “poussière“ ».
A toutes les étapes de sa vie, souligne le journaliste, Albino Luciani a « fait confiance » à Dieu, tout en étant « conscient de sa petitesse ». « Homme de grande culture et préparation, capable de parler simplement et familièrement pour se faire comprendre de tous », il se reconnaissait « pécheur, ayant besoin de tout », ne comptant pas sur ses propres forces, capacités ou stratégies, mais « sur l’aide et la présence d’un Autre ».
En témoigne la prière quotidienne du « chrétien » Luciani : « Seigneur, prends-moi tel que je suis et fais-moi devenir tel que tu le désires ».
Son humilité et sa confiance en Dieu, estime Tornielli, ont permis au prêtre, à l’évêque et au pape de témoigner du « visage d’une Eglise sereine et confiante », « qui vit l’évangile au quotidien et qui n’a pas besoin de feux d’artifice pour montrer qu’elle existe », « capable d’apporter à tous proximité, consolation et espérance », en commençant par les plus petits et les exclus.
