Catéchèse 10 août 2022 © Vatican Media

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Catéchèse : « Le temps qui passe n’est pas une menace, mais une promesse »

16ème catéchèse sur la vieillesse (Traduction intégrale)

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Le temps qui passe « n’est pas une menace », mais « une promesse », celle de partager un jour « une place à table avec Dieu », a affirmé le pape dans sa 16ème catéchèse sur la vieillesse. C’est pourquoi, a-t-il expliqué, « la vieillesse est le moment propice pour le témoignage émouvant et joyeux de cette attente ».

Le pape François a repris ses catéchèses sur le thème de la vieillesse, les « dernières » a-t-il dit, lors de l’audience générale de ce mercredi 10 août 2022, dans la Salle Paul VI. La précédente avait été consacrée à son voyage apostolique au Canada, après que la suspension des rendez-vous hebdomadaires du mercredi pendant le mois de juillet.

Notre existence sur terre ne vise pas « une perfection terrestre imaginaire », a insisté le pape. Elle est « une initiation à la vie », « une vie qui ne trouve son accomplissement qu’en Dieu seul ». François a rappelé que la mort n’est qu’un « passage » et que « notre lieu de stabilité, notre point d’arrivée n’est pas ici, c’est auprès du Seigneur, là où Il demeure pour toujours ».

Le pape s’est demandé s’il existait « dans les églises locales », quelque initiative « destinée à revitaliser ce ministère spécial de l’attente du Seigneur, encourageant les charismes individuels et les qualités communautaires de la personne âgée ». Car, a-t-il insisté, « la vieillesse est crédible quand elle invite à se réjouir du temps qui passe ».

 

Voici la traduction de la catéchèse (Texte intégral)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous en sommes aux dernières catéchèses consacrées à la vieillesse. Aujourd’hui, nous entrons dans l’intimité émouvante de l’adieu de Jésus aux siens, amplement rapporté dans l’Évangile de Jean. Le discours d’adieu commence par des paroles de consolation et de promesse : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé » (14,1) ; « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. » (14,3). Ce sont de belles paroles, celles du Seigneur.

Plus tôt, Jésus avait dit à Pierre : « tu me suivras plus tard » (13,36), lui rappelant le passage à travers la fragilité de sa foi. Le temps de vie qui reste aux disciples sera, inévitablement, un passage à travers la fragilité du témoignage et à travers les défis de la fraternité. Mais ce sera aussi un passage à travers les enthousiasmantes bénédictions de la foi : « Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes » (14,12). Pensez à quelle promesse cela représente ! Je ne sais pas si nous y pensons au fond, si nous y croyons pleinement ! Je ne sais pas, parfois je pense que non…

La vieillesse est le moment propice pour le témoignage émouvant et joyeux de cette attente. Le vieil homme et la vieille femme attendent, ils attendent un rendez-vous. Dans la vieillesse, les œuvres de la foi, qui nous rapprochent, nous et les autres, du royaume de Dieu, sont désormais hors de portée des énergies, des paroles et des élans de la jeunesse et de la maturité. Mais ainsi elles rendent encore plus transparente la promesse de la vraie destination de la vie. Et quelle est la vraie destination de la vie ? Une place à table avec Dieu, dans le monde de Dieu. Il serait intéressant de voir s’il existe quelque référence spécifique dans les églises locales, destinée à revitaliser ce ministère spécial de l’attente du Seigneur – c’est un ministère, le ministère de l’attente du Seigneur – encourageant les charismes individuels et les qualités communautaires de la personne âgée.

Une vieillesse qui se consume dans le découragement des occasions manquées conduit au découragement pour soi et pour tous. Au contraire, la vieillesse vécue avec douceur et vécue avec le respect pour la vie réelle dissipe définitivement l’équivoque d’une puissance qui doit se suffire à elle-même et à son propre succès. Elle dissipe même l’équivoque d’une Église qui s’adapte à la condition mondaine, pensant ainsi gouverner définitivement sa perfection et son accomplissement. Lorsque nous nous libérons de cette présomption, le temps du vieillissement que Dieu nous accorde est déjà en soi une de ces œuvres « plus grandes » dont parle Jésus. En effet, c’est une œuvre qu’il n’a pas été donné à Jésus d’accomplir : sa mort, sa résurrection et son ascension au ciel l’ont rendue possible pour nous ! Rappelons-nous que « le temps est supérieur à l’espace ». C’est la loi de l’initiation. Notre vie n’est pas faite pour se renfermer sur elle-même, visant une perfection terrestre imaginaire : elle est destinée à aller au-delà, à travers le passage de la mort – parce que la mort est un passage. En effet, notre lieu de stabilité, notre point d’arrivée n’est pas ici, c’est auprès du Seigneur, là où Il demeure pour toujours.

Ici, sur terre, commence le processus de notre « noviciat » : nous sommes des apprentis de la vie qui – au milieu de mille difficultés – apprennent à apprécier le don de Dieu, assumant la responsabilité de le partager et de le faire fructifier pour tous. Le temps de la vie sur terre est la grâce de ce passage. L’idée d’arrêter le temps – vouloir l’éternelle jeunesse, le bien-être sans limite, le pouvoir absolu – n’est pas seulement impossible, cela relève du délire.

Notre existence sur terre est le temps de l’initiation à la vie : c’est la vie, mais qui te conduit à une vie plus complète, l’initiation à une vie plus complète ; une vie qui ne trouve son accomplissement qu’en Dieu seul. Nous sommes imparfaits dès le début et nous restons imparfaits jusqu’à la fin. Dans l’accomplissement de la promesse de Dieu, la relation est inversée : l’espace de Dieu, que Jésus nous prépare avec beaucoup de soin, est supérieur au temps de notre vie mortelle. Ici : la vieillesse rapproche l’espérance de cet accomplissement. La vieillesse connaît définitivement le sens du temps et les limites du lieu dans lequel nous vivons notre initiation. La vieillesse est sage à ce titre : les personnes âgées sont sages pour cela. C’est pourquoi elle est crédible lorsqu’elle nous invite à nous réjouir du temps qui passe : ce n’est pas une menace, c’est une promesse. La vieillesse est noble, elle n’a pas besoin de maquillage pour montrer sa noblesse. Peut-être le maquillage vient-il lorsque la noblesse fait défaut. La vieillesse est crédible quand elle invite à se réjouir du temps qui passe : mais le temps passe… Oui, mais ce n’est pas une menace, c’est une promesse. La vieillesse, qui retrouve la profondeur du regard de la foi, n’est pas conservatrice par nature, comme on dit ! Le monde de Dieu est un espace infini, sur lequel le passage du temps n’a plus aucun poids. Et précisément lors de la dernière Cène, Jésus se projette vers ce but, lorsqu’il a dit à ses disciples : « Désormais, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père » (Mt 26, 29). Il est allé plus loin. Dans notre prédication, le Paradis est souvent, à juste titre, plein de félicité, de lumière, d’amour. Peut-être manque-t-il un peu de vie. Dans les paraboles, Jésus parlait du royaume de Dieu en y mettant plus de vie. Ne sommes-nous plus capables de le faire, nous ? La vie qui se poursuit…

Chers frères et sœurs, la vieillesse, vécue dans l’attente du Seigneur, peut devenir l’« apologie » accomplie de la foi, qui rend raison, à tous, de notre espérance pour tous (cf. 1 P 3, 15). Car la vieillesse rend transparente la promesse de Jésus, en se projetant vers la Cité Sainte dont parle le livre de l’Apocalypse (chap. 21-22). La vieillesse est le moment de l’existence le plus apte à transmettre la joyeuse nouvelle que la vie est une initiation pour un accomplissement définitif. Les personnes âgées sont une promesse, un témoignage de la promesse. Et le meilleur est encore à venir. Le meilleur est encore à venir : cela ressemble au message du vieil homme croyant, au message de la vieille femme croyante, le meilleur est encore à venir. Que Dieu nous accorde à tous une vieillesse capable de cela ! Merci.

Copyright © Libreria Editrice Vaticana et Zenit

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Hélène Ginabat

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