Regina Coeli, Place Saint-Pierre © Vatican Media

Regina Coeli, 1er mai 2022 © Vatican Media

Quand « dans la vie, nos filets sont vides » : les 3 verbes du pape François

Paroles du pape avant le Regina Coeli (Texte entier)

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« Lorsque, dans la vie, nos filets sont vides », a affirmé le pape François, « c’est le moment de repartir avec Jésus, c’est le moment de trouver le courage de recommencer, c’est le moment de reprendre le large avec Jésus », en s’inspirant du récit de la pêche miraculeuse dans l’Evangile de Jean, où Pierre se jette à l’eau après avoir reconnu le Seigneur qui l’avait invité à relancer ses filets.

Avant la prière du Regina Coeli – qui remplace l’angelus dominical pendant le temps pascal, de Pâques à la Pentecôte – le pape François a brièvement commenté l’évangile du jour du dimanche 1er mai 2022, de sa fenêtre donnant sur une Place Saint-Pierre qui a retrouvé ses pèlerins d’avant la pandémie : plus de 30 000 fidèles et touristes, selon la Gendarmerie vaticane.

« Trois verbes : repartir, recommencer, reprendre le large », a expliqué le pape. « Toujours, face à une déception ou à une vie qui a perdu un peu de sens – « aujourd’hui, je sens que j’ai fait marche arrière… » – repars avec Jésus, recommence, reprends le large ! Lui, il t’attend. Et il ne pense qu’à toi, à moi, à chacun de nous ».

Pour aller à la rencontre de Jésus, comme l’a fait Pierre en se jetant à l’eau, « il faut perdre l’équilibre avec courage, reprendre et reprendre en perdant l’équilibre, risquer », a expliqué le pape, en invitant à s’interroger : « suis-je capable de quelque accès de générosité, ou bien est-ce que je freine les élans de mon cœur et je m’enferme dans les habitudes ou dans la peur ? Se lancer, plonger. Voilà la parole de Jésus aujourd’hui ».

Voici les paroles du pape François avant le Regina Coeli (Texte entier)

Chers frères et sœurs, bon dimanche !

L’Evangile de la liturgie de ce jour (Jn 21, 1-19) raconte la troisième apparition de Jésus ressuscité aux apôtres. C’est une rencontre qui a lieu près du lac de Galilée et qui implique surtout Simon Pierre. Tout commence avec lui, qui dit aux autres apôtres : « Je m’en vais à la pêche » (v. 3). Rien d’étrange, c’était un pêcheur, mais il avait abandonné ce métier depuis qu’il avait laissé ses filets, sur cette rive du lac, pour suivre Jésus. Et maintenant, tandis que le Ressuscité se fait attendre, Pierre, peut-être un peu découragé, propose aux autres de retourner à leur vie d’avant. Et les autres acceptent : « Nous aussi, nous allons avec toi ». Mais « cette nuit-là, ils ne prirent rien » (v. 3).

Il peut nous arriver à nous aussi, par lassitude, déception, peut-être par paresse, d’oublier le Seigneur et de négliger les grands choix que nous avons faits, pour nous contenter d’autre chose. Par exemple, on ne consacre pas de temps à se parler en famille, préférant les passe-temps personnels ; on oublie la prière, se laissant prendre par ses propres besoins, on néglige la charité, avec l’excuse des urgences quotidiennes. Mais ce faisant, on finit par être déçu : c’était précisément la déception de Pierre, avec ses filets vides, comme lui-même. C’est un chemin qui vous tire en arrière et ne vous satisfait pas.

Et que fait Jésus avec Pierre ? Il revient sur la rive du lac où il l’avait choisi, lui, André, Jacques et Jean, il les avait choisis là tous les quatre. Il ne fait pas de reproche – Jésus ne fait pas de reproche, il touche le cœur, toujours – mais il appelle ses disciples avec tendresse : « Les enfants » (v. 5). Puis il les invite, comme autrefois, à lancer à nouveau leurs filets, courageusement. Et une fois encore, les filets se remplissent, en quantité inimaginable. Frères et sœurs, lorsque, dans la vie, nos filets sont vides, ce n’est pas le moment de pleurer sur nous-mêmes, de nous distraire, de retourner à nos vieux passe-temps. C’est le moment de repartir avec Jésus, c’est le moment de trouver le courage de recommencer, c’est le moment de reprendre le large avec Jésus. Trois verbes : repartir, recommencer, reprendre le large. Toujours, face à une déception ou à une vie qui a perdu un peu de sens – « aujourd’hui, je sens que j’ai fait marche arrière… » – repars avec Jésus, recommence, reprends le large ! Lui, il t’attend. Et il ne pense qu’à toi, à moi, à chacun de nous.

Pierre avait besoin de cette « secousse ». Lorsqu’il entend Jean crier : « C’est le Seigneur ! » (v.7), il se jette aussitôt dans l’eau et nage vers Jésus. C’est un geste d’amour, parce que l’amour va au-delà de ce qui est utile, pratique et dû ; l’amour génère l’étonnement, il inspire les élans créatifs, gratuits. Ainsi, tandis que Jean, le plus jeune, reconnaît le Seigneur, c’est Pierre, le plus âgé, qui se jette à l’eau pour aller à sa rencontre. Dans ce geste, c’est tout l’élan retrouvé de Simon Pierre.

Chers frères et sœurs, aujourd’hui, le Christ ressuscité nous invite à un élan nouveau, tous, chacun de nous, il nous invite à nous plonger dans le bien sans avoir peur de perdre quelque chose, sans trop calculer, sans attendre que les autres commencent. Pourquoi ? N’attendez pas les autres, parce que, pour aller à la rencontre de Jésus, il faut perdre l’équilibre. Il faut perdre l’équilibre avec courage, reprendre et reprendre en perdant l’équilibre, risquer. Demandons-nous : suis-je capable de quelque accès de générosité, ou bien est-ce que je freine les élans de mon cœur et je m’enferme dans les habitudes ou dans la peur ? Se lancer, plonger. Voilà la parole de Jésus aujourd’hui.

Et puis, à la fin de cet épisode, Jésus adresse à Pierre, trois fois, la question : « M’aimes-tu ? » (vv. 15.16). Le Ressuscité nous le demande également aujourd’hui : « M’aimes-tu ? » Parce qu’à Pâques, Jésus veut que notre cœur aussi ressuscite ; parce que la foi n’est pas une question de savoir, mais d’amour. « M’aimes-tu ? », demande Jésus ; il le demande à toi, à moi, à nous, qui n’avons pas le courage de nous jeter à l’eau et qui avons peut-être perdu l’élan. « M’aimes-tu ? », demande Jésus. Depuis, Pierre a cessé la pêche pour toujours et s’est consacré au service de Jésus et de ses frères, jusqu’à donner sa vie ici, là où nous nous trouvons maintenant. Et nous, voulons-nous aimer Jésus ?

Que la Vierge Marie, qui a promptement dit « oui » au Seigneur, nous aide à retrouver l’élan pour le bien.

 

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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