Missionnaires de la Divine Miséricorde, 25 avril 2022, © Vatican Media

Missionnaires de la Divine Miséricorde, 25 avril 2022, © Vatican Media

Missionnaires de la Miséricorde Divine : « Veuillez toujours pardonner », demande le pape

Des leçons tirées du Livre de Ruth

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Le pape François demande aux Missionnaires de la Miséricorde Divine de « toujours pardonner » et d’« éloigner » d’eux « toute forme de jugement » : « Veuillez toujours pardonner », dit-il. « Voici donc l’exhortation que je vous adresse : ayez toujours à portée de main la couverture de la miséricorde – pensons à Noé – pour envelopper de sa chaleur ceux qui viennent à vous pour être pardonnés ; offrez une consolation à ceux qui sont dans la tristesse et la solitude; soyez généreux comme Ruth, car ce n’est qu’ainsi que le Seigneur vous reconnaîtra comme ses fidèles ministres. »

Le pape a prononcé un long discours réfléchissant sur la figure de Ruth devant les Missionnaires de la Miséricorde Divine le 25 avril 2022. Il a rappelé ses deux rencontres précédentes avec les missionnaires – le 9 février 2016 et le 10 avril 2018 – qu’il avait invités à « recouvrir le pécheur de la couverture de la miséricorde », comme les enfants de Noé l’ont avaient fait, et à « être un signe de consolation ».

Dans son discours, le pape François raconte l’histoire de Ruth, « la femme moabite qui, bien qu’elle vienne d’un pays étranger, entre pleinement dans l’histoire du salut ». Le Livre qui lui est consacré « la présente comme l’arrière-grand-mère de David » et « l’Évangile de Matthieu la mentionne expressément parmi les ancêtres de Jésus ».

Veuve et étrangère, Ruth « dépendait des autres en tout », rappelle le pape : « Elle est marginalisée dans le village où elle vit, car elle est moabite ; elle est sans appui et sans aucune défense ». « Comme si tout cela ne suffisait pas », note le pape, l’auteur du Livre explique que la seule personne à laquelle Ruth est liée est sa belle-mère Noémi, veuve également, sans enfants, sans avenir. Noémi, qui avait émigré au pays de Moab, « décide de retourner à Bethléem, son pays d’origine, et doit affronter un voyage long et fatigant ». Le pape rappelle qu’à « cette époque les veuves restaient abandonnées et que personne ne s’occupait d’elles, et que le Seigneur était le seul à les guérir… »

Malgré tout cela, « Ruth décide de lier sa vie à celle de sa belle-mère » et retourne avec elle à Bethléem, où chaque jour elle « doit partir chercher de la nourriture pour vivre », où « ses journées se passent dans l’incertitude et la précarité ».

« Être généreux », « le choix juste et courageux »

Pourquoi Ruth prend-elle « cette décision si risquée »?, se demande le pape. La « première réponse » est qu’elle « a fait confiance à Dieu et a agi par grande affection pour sa belle-mère âgée qui, autrement, aurait été laissée seule et abandonnée ».

De l’histoire de Ruth, poursuit le pape François, « nous pouvons également tirer une grande leçon pour nous-mêmes ». Ruth n’est pas « une fille d’Abraham selon le sang », « mais sa fidélité et sa générosité lui permettent d’entrer de plein droit dans le peuple d’Israël ». En effet, « Dieu n’abandonne pas ceux qui se confient à Lui, mais va avec amour à leur rencontre ».

Ruth, explique le pape, « révèle les traits de la miséricorde lorsqu’elle ne laisse pas Noémi seule, mais partage son avenir avec elle; quand elle ne se contente pas de rester près d’elle, mais qu’elle partage avec elle la foi et l’expérience d’appartenir à un nouveau peuple ; quand elle est prête à surmonter tous les obstacles pour rester fidèle ».

La figure de Ruth, affirme le pape, est « une icône de la façon dont nous pouvons surmonter les nombreuses formes d’exclusion et de marginalisation qui se cachent dans notre comportement ». Dans le Livre de Ruth, « il est révélé que Dieu connaît la beauté intérieure des personnes même si elles n’ont pas encore la foi du peuple élu ; il est attentif à leurs sentiments, en particulier à la fidélité, à la loyauté, à la générosité et à l’espérance ». Le pape souligne qu’ « être généreux se manifeste comme le choix juste et courageux qui ne doit jamais échouer dans notre existence sacerdotale ».

Le pape fait remarquer que dans le Livre de Ruth « Dieu ne parle jamais » : Il « communique précisément à travers Ruth ». Chacun de « ses gestes de bienveillance » envers Noémi « devient le signe tangible de la proximité et de la bonté du Seigneur », explique le pape. « À travers cette figure, nous aussi sommes invités à saisir la présence de Dieu dans la vie des gens. » « C’est à nous, poursuit-il, avec notre ministère, de donner une voix à Dieu – c’est important : nous, Missionnaires de la Miséricorde, donnons une voix à Dieu – et de montrer le visage de sa miséricorde. »

« Ne jamais cesser de pardonner »

En concluant, le pape François raconte deux petites histoires sur deux confesseurs qu’il a rencontrés. Le premier « ne quittait jamais le confessionnal. Et il y avait une file d’attente ! Il était vieux et il vous écoutait, et la seule chose qu’il disait était : ‘Bueno, bueno, bueno…’. Dieu est bon, et bonjour. Il n’allait pas mettre son nez dans les circonstances ». Quand ce prêtre est mort, le pape a apporté des fleurs pour les mettre dans son cercueil : « Et j’ai péché contre cet homme », raconte-t-il : « pendant que je disposais les fleurs, j’ai vu le chapelet… et j’ai volé la croix. Et je lui ai dit : ‘Donne-moi la moitié de ta miséricorde.’ … Et je porte la croix ici, toujours, avec moi. »

L’autre confesseur a maintenant 95 ans : « Il confesse toute la journée, raconte le pape. Une immense file d’attente de personnes : hommes, femmes, enfants, garçons, prêtres, évêques, religieuses, tout le monde, tout le peuple de Dieu. »

Un jour ce confesseur dit au pape qu’il pense d’avoir « trop » pardonné. « Et qu’est-ce que tu fais, quand tu pardonnes trop ? » demande le pape : « Eh, je vais à la chapelle et je dis : ‘Seigneur, pardonne-moi, parce que j’ai trop pardonné’, mais aussitôt quelque chose vient en moi et je lui dis, au Seigneur : ‘Mais attention, parce que c’est Toi qui m’as donné le mauvais exemple : Tu m’as trop pardonné !’ »

Le pape termine son discours en demandant aux Missionnaires de la Miséricorde Divine de « ne jamais cesser de pardonner » : « parce que Lui, Il ne cesse jamais de pardonner, jamais ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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