Métis du Manitoba (Canada) © Vatican Media

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Canada: les Métis invitent le pape au Manitoba

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Des témoignages et des larmes

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Le pape François a reçu une quatrième délégation des peuples autochtones du Canada, vendredi dernier, 22 avril 2022, au Vatican. Ils ont invité le pape chez eux.

Le pape a reçu 55 membres de la fédération Métis Manitoba du Canada, devenue « gouvernement autonome » après un accord avec l’État canadien le 6 juillet 2021.

Il s’agissait de poursuivre le processus de « réconciliation » avec l’Église catholique, entamé fin mars avec les visites de représentants des peuples autochtones du Canada – Métis, Inuits et Premières Nations -, reçus « en tant qu’organisations ».

En rencontrant des délégations indigènes le 1er avril dernier, le pape  avait exprimé son « indignation et sa honte » et il avait présenté des excuses.

Comme eux, de nombreux Métis du Manitoba ont été victimes d’abus dans les pensionnats mis en place par le gouvernement et confiés aux Églises, notamment l’Église catholique.

Les membres de cette Fédération – connus sous le nom de « Red River Métis » – sont principalement présents dans les prairies du nord-ouest du Canada, et le Manitoba.
Ils ont tenu à montrer au pape l’accord de gouvernement signé avec le Canada. Le pape François a signé l’exemplaire qui sera exposé dans un musée.
L’invitation au Manitoba
L’audience a également été l’occasion pour les Métis de réitérer leur invitation au pape à venir chez eux au Canada, rapporte Radio Vatican: le pape les a assurés de sa volonté de se rendre au Canada, probablement en juillet, pour visiter la capitale de la région de Winnipeg et bénir la tombe de Louis Riel, leader métis considéré comme « le père du Manitoba ».
Dans les années 1800, cet homme politique canadien a dirigé les mouvements de résistance de la rivière Rouge visant à préserver les droits et la culture du peuple lorsque leur terre est passée sous influence canadienne. Le premier ministre de l’époque, John A. MacDonald, avait mis une prime de 5 000 $ sur sa tête et Riel a été exécuté. Les autochtones ont ainsi demandé au pape de se rendre sur la tombe d’« un homme qui a tout donné, non seulement pour le peuple métis, mais aussi pour l’Église ».
Un échange de cadeaux
Les Métis du Manitoba lui ont aussi offert des objets artisanaux fabriqués avec des perles pouvant avoir 300 ans, rapporte Radio Vatican: « Notre travail de perles est l’histoire de notre identité», a indiqué leur président, David Chartrand qui ajoute: « On nous appelait autrefois « les gens de l’Ouest aux perles de fleurs », car ils ne savaient pas comment nous appeler. Ils nous appelaient les métis, les gens de la campagne. Ainsi, tous nos travaux comportent les fleurs de prairie qui racontent notre histoire. »

Le groupe d’autochtones canadiens a également offert au Pape des pantoufles et des croix typiques datant de 1800: « Il a apprécié la gentillesse de notre peuple. »

Ils témoignent que le pape leur a serré la main de toutes les personnes présentes, mais ils lui ont recommandé de rester assis: « Il s’est levé de sa chaise et a voulu venir vers nous. Nous avons vu qu’il boitait… nous lui avons dit : ‘Assieds-toi, nous allons venir te voir’. Et c’était si bon de voir le Pape avec autant d’énergie, d’enthousiasme et de fierté. Il a touché nos cœurs, et beaucoup d’entre nous ne l’oublieront pas de sitôt. C’est donc un grand honneur pour nous d’avoir un Pape clairvoyant. Il est d’abord le Pape de Dieu et ensuite du Vatican. »

Pour sa part, le pape François leur a remis à chacun une médaille du pontificat.

Des excuses et des larmes 

Les Métis du Manitoba ont témoigné avoir  été émus par le geste et les paroles du pape, a expliqué David Chartrand dans un message rédigé avant la rencontre au Vatican: « Comme tous les peuples autochtones du Canada, en particulier ceux d’entre nous qui ont souffert entre mains d’individus qui ont caché leurs méfaits derrière l’Église catholique, j’ai été soulagé d’entendre le Pape François présenter des excuses sincères. Je sais que de nombreux Métis de la rivière Rouge attendent ces excuses depuis de nombreuses années. J’espère qu’il contribuera à amorcer le processus de guérison et à nous unir sur ce chemin de réconciliation, de revitalisation et de renouveau. »

David Chartrand s’est également exprimé jeudi dernier, place Saint-Pierre : «Notre message était un peu différent. Nous avons bien sûr apprécié et accepté les excuses du Pape et nous avons également parlé de réconciliation, mais nous avions un message plus important d’espoir et de renouveau. »

Il a ajouté: « Les larmes qui ont été versées, les histoires qui ont été partagées, Sa Sainteté les a acceptées avec une telle grâce et nous avons été tellement touchés lorsqu’il a demandé pardon. »

Un survivant des pensionnats, nommé Andrew, « qui a payé un lourd tribut dans son enfance », a eu l’occasion de raconter son histoire personnelle au pape: « Sa compassion nous a touchés au cœur. »

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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