Le Christ ressuscité « passe, transforme, libère »: le pape François a tenu l’homélie de la Veillée pascale, ce samedi 16 avril 2022 à 19h30, à Saint-Pierre, et il a baptisé sept catéchumènes, quatre hommes et trois femmes, de quatre pays différents – Italie, Albanie, Etats-Unis et Cuba -, mais c’est le cardinal Giovanni Battista Re qui a présidé la célébration, en présence d’une assemblée de quelque 5 500 personnes: cela ne se voyait pas depuis le début de la pandémie.
Du fait qu’il souffre du genou droit, on peut comprendre que le pape François ait eu besoin de vivre cette célébration le plus possible assis, surtout après les efforts du voyage à Malte (2-3 avril), et des quatre célébrations du Jeudi saint, et du Vendredi Saint. Déjà, lors de la messe pour les 400 ans de la canonisation de Saint Ignace de Loyola, le pape avait été présent, assis, à la messe qui avait été présidée par le père général des jésuites, Arturo Sosa, le 12 mars en l’église du « Gesù » de Rome.
Mais le fait de ne pas présider lui a aussi permis de faire placer son fauteuil au plus près de la délégation ukrainienne et de manifester par ce symbole très fort qu’il se tenait à leurs côtés, pas seulement en paroles: une veillée pascale avec l’Ukraine.
Le cardinal italien Giovanni Battista Re, 88 ans, doyen du collège cardinalice, a ainsi présidé la veillée pascale au nom du pape François.
Après les lectures et l’homélie, le pape a baptisé Alessio Grasselli, Alessandro Marchetti Tricamo, Morgana Pala, Giulio Papetti (Italie), Taylor Pescante (Etats-Unis), Miriana Vani (Albanie) et Luis Enrique Vargas Chapo (Cuba). Revêtus de leur vêtement blanc, ils ont ensuite reçu le sacrement de la Confirmation des mains du cardinal Re. Ils ont aussi fait leur Première communion.
Un marathon liturgique
Rappelons que pour le Jeudi Saint, le pape a présidé les deux célébrations de la messe chrismale, à Saint-Pierre, le matin, et la messe In Cena Domini, avec les détenus de la maison d’arrêt de Civitavecchia, avec le rite du lavement des pieds de 12 personnes, éprouvant pour qui déjà souffre du genou depuis des mois. Lors de la célébration de la Passion du Vendredi Saint, le rite de la prosternation à terre a été supprimé, mais le pape a maintenu les gestes de l’adoration de la croix et il a fait la procession le long de la nef de Saint-Pierre. Le soir, il a présidé le Chemin de Croix au Colisée.
C’est donc un marathon liturgique que ce triduum pascal, et le pape de 85 ans continue de souffrir de ce genou qui l’a fait renoncer à certains gestes pendant les audiences du mercredi depuis des mois: parfois, il a salué les personnes présentes assis.
Le cardinal Re présidé en son nom le rite du feu, dans le narthex de la basilique Vaticane à 19h30 puis la procession d’entrée avec les trois stations derrière le cierge pascal allumé au feu et symbole de la présence du Christ ressuscité, avec l’acclamation chantée: « Lumen Christi! » (Lumière du Christ).
Les cloches qui se taisaient depuis le début du carême se sont fait entendre au moment du chant du Gloria, en latin, après des lectures de l’Ancien Testament (Genèse, Exode, prophète Baruch), en français, en italien, en anglais, alternant avec le chant de trois psaumes en latin, et trois oraisons lues en latin par le cardinal Re.
En différentes langues et en latin
Puis les lectures du Nouveau Testament ont suivi: l’Epître de Paul aux Romains et l’Evangile de la résurrection, cantilé par le diacre en italien, précédé et suivi du solennel alléluia: « Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? » (Luc 24, 1-12).
Dans son homélie, depuis l’autel de la Confession, le pape a ensuite invité à suivre les gestes des femmes au tombeau du Christ: « La pierre a été enlevée et elles ne trouvèrent pas » le corps du Christ: elles eurent « peur ». « Souvent nos yeux aussi regardent en bas… on pense que les choses en changeront jamais »: « Ouvrons nous à l’espérance de Dieu! »
Reprenant un thème qui lui est cher, le pape a invité au « courage de se laisser pardonner par Dieu », il a mis en garde contre « un christianisme sans Pâque » et a exhorté à « redécouvrir, le Christ, le Vivant ».
Et le pape a répété: « Il n’est pas ici, il est ressuscité! »
« Dans notre vie quotidienne »
« Comme elle est belle, une Église qui court ainsi dans les rues du monde ! Sans peurs, sans tactiques et sans opportunismes ; seulement avec le désir d’apporter à tous la joie de l’Évangile », s’est exclamé le pape: « C’est à cela que nous sommes appelés : faire l’expérience du Seigneur ressuscité et la partager avec d’autres ; rouler la pierre du tombeau, dans lequel nous avons souvent scellé le Seigneur, pour répandre sa joie dans le monde. Faisons ressusciter Jésus, le Vivant, des tombeaux dans lesquels nous l’avons enfermé ; libérons-le des formalités dans lesquelles nous l’avons souvent emprisonné ; réveillons-nous du sommeil de la vie tranquille dans lequel nous l’avons parfois allongé, afin qu’il ne nous dérange ni ne nous incommode plus. Amenons-le dans notre vie quotidienne : par des gestes de paix en ce temps marqué par les horreurs de la guerre ; par des œuvres de réconciliation dans les relations brisées et de compassion pour ceux qui sont dans le besoin ; par des actions de justice au milieu des inégalités et de vérité au milieu des mensonges. Et, surtout, par des œuvres d’amour et de fraternité. »
« Frères et sœurs, notre espérance s’appelle Jésus », a encore déclaré le pape: « Il est vivant et aujourd’hui encore, passe, transforme et libère. Avec lui, le mal n’a plus de pouvoir. »
« Les femmes annoncent, a expliqué le pape. Qu’annoncent-elles ? La joie de la Résurrection. Pâques n’arrive pas pour consoler le cœur de ceux qui pleurent la mort de Jésus, mais pour l’ouvrir en grand à l’annonce extraordinaire de la victoire de Dieu sur le mal et la mort. »
Mais surtout, le pape a couronné son homélie par une exhortation à l’adresse de la délégation ukrainienne et il a conclu avec la salutation de la résurrection en ukrainien par laquelle les chrétiens se saluent à Pâques : « Christos Voskres » (« le Christ est ressuscité »).
Après la bénédiction de l’eau du baptême, on a rallumé les cierges, dont celui du pape, par le diacre. Puis ce fut la liturgie du baptême, avec la bénédiction de l’eau et la profession de foi, en dialogue avec le cardinal Re.
Mais c’est le pape qui a lui-même donné le baptême, le cardinal Re la Confirmation, et la liturgie eucharistique s’est poursuivie jusqu’au chant de l’antienne mariale qui remplace l’angélus pendant le temps liturgique de Pâques: « Regina Caeli ». Pour la procession finale, les sept baptisés, en cape blanche, ont précédé les prêtres et les évêques. En passant près du pape François, le cardinal Re l’a salué chaleureusement .