Laver les pieds c’est servir, demander pardon et pardonner, a expliqué le pape François dans son homélie du Jeudi Saint, avant de laver les pieds de douze personnes de la maison d’arrêt de Civitavecchia.
Le pape François est parti du Vatican, ce 14 avril 2022, vers 15 heures, pour rejoindre le nouveau complexe pénitentiaire de Civitavecchia, et y célébrer la messe du Jeudi Saint de la « Cène du Seigneur », avec les personnes qui y sont détenues, et le personnel pénitentiaire et administratif.
Civitavecchia est un port sur la Méditerranée, à quelque 80 km au nord-ouest de Rome, sur la Via Aurelia.
Arrivé avant 16h, accueilli par les autorités pénitentiaires, le pape s’est ensuite rendu à la chapelle, où il a présidé la messe, indique le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.
Après la proclamation de l’Evangile, le pape François a prononcé l’homélie d’abondance du coeur.
Le pape François a ensuite accompli le geste de Jésus qui a lavé les pieds de ses apôtres lors de la Dernière Cène, la veille de sa Passion: il a lavé les pieds de 12 hommes et femmes détenus, d’âges et de nationalités différents.
A la fin de la messe, la directrice de la prison, Mme Patrizia Andreozzi, a adressé ses remerciements au pape François, et elle lui a offert une estampe représentant l’ancien port de Civitavecchia, ainsi que des produits du jardin cultivé par les détenus, et des œuvres réalisées par le personnel et les détenus.
Après la célébration, le pape s’est rendu dans la salle des rencontres où il a salué une cinquantaine de personnes représentant les détenus, les agents et le personnel de la prison. Le pape est ensuite reparti au Vatican vers 17h 50.
Le matin, le pape avait présidé la messe chrismale à Saint-Pierre, à 9h30. Demain, Vendredi Saint, le pape présidera la célébration de la Passion du Christ à Saint-Pierre à 17h et le Chemin de Croix au Colisée à 21h15. La Veillée pascale commencera samedi 16 avril à Saint-Pierre, à 19h30.
Le pape a célébré la messe du Jeudi Saint déjà deux fois dans une prison, à Rebibbia (Rome), le 2 avril 2015, et à la prison de Velletri, le 19 avril 2019.
Voici notre traduction rapide, de travail, de l’homélie du pape François, prononcée en italien.
AB
Homélie du pape François
Le Jeudi Saint, nous lisons ce passage de l’Evangile : c’est une chose simple. Jésus, avec ses amis, ses disciples, célèbre la Cène, la Cène de la Pâque; Jésus lave les pieds de ses disciples – c’est une chose étrange qu’il a faite : à cette époque-là, ce sont les esclaves qui lavaient les pieds à l’entrée de la maison. Et puis, Jésus – par un geste qui touche aussi le cœur – lave les pieds du traître, celui qui le vend. Jésus est ainsi et il nous enseigne cela, simplement : entre vous, vous devez vous laver les pieds. Voilà le symbole : entre vous, vous devez vous servir ; l’un sert l’autre, sans intérêts.
Comme ce serait beau de pouvoir le faire tous les jours et pour tout le monde : mais il y a toujours de l’intérêt, c’est comme un serpent qui entre. Et nous nous scandalisons quand on dit : « Je suis allé dans ce service public, ils m’ont fait payer un pourboire ». Cela fait mal, parce que ce n’est pas bon. Et nous, si souvent, dans la vie, nous recherchons notre intérêt, c’est comme si nous nous faisions payer un pourboire entre nous. C’est au contraire important de tout faire sans intérêt : l’un sert l’autre, l’un est le frère de l’autre, l’un fait grandir l’autre, l’un corrige l’autre, et donc il faut faire avancer les choses. Servir! Et puis, le cœur de Jésus, qui au traître dit : « Ami » et qui l’attend aussi, jusqu’à la fin : il pardonne tout. Je voudrais mettre ceci aujourd’hui dans le cœur de chacun de nous, même dans le mien : Dieu pardonne tout et Dieu pardonne toujours ! C’est nous qui nous nous lassons de demander pardon.
Et chacun de nous, peut-être, a quelque chose là, dans son cœur, qu’il porte depuis un bout de temps, qui tourne dans sa tête, un squelette caché dans le placard. Mais, demandez pardon à Jésus : Lui, Il pardonne tout. Il veut juste la confiance de demander pardon. tu peux le faire lorsque tu as seul, lorsque tu es avec d’autres compagnons, lorsque tu es avec le prêtre. Voici une belle prière pour aujourd’hui : « Mais, Seigneur, pardonne-moi. J’essayerai de servir les autres, mais toi, sers-moi par ton pardon. » Lui, il a payé comme cela par le pardon. C’est la pensée que je voudrais vous laisser. Servir, s’entraider et être sûrs que le Seigneur pardonne. Et combien pardonne-t-il ? Tout! Et jusqu’à quand ? Toujours! Il ne se lasse pas de pardonner : c’est nous qui nous lassons de demander pardon.
Et maintenant, je vais faire le même geste que Jésus a fait : laver les pieds. Je le fais de tout cœur parce que nous, les prêtres, devons être les premiers à servir les autres, pas à les exploiter. Le cléricalisme nous conduit parfois dans cette voie. Mais nous devons servir. Ceci, c’est un signe, un signe aussi d’amour pour ces frères et sœurs et pour vous tous ici présents ; un signe qui signifie : « Je ne juge personne. Je cherche à servir tout le monde. » Il y en a Un qui juge, mais c’est un Juge un peu étrange, le Seigneur : il juge et il pardonne. Continuons cette cérémonie avec le désir de servir et de nous pardonner mutuellement.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin
