« Eviter l’escalade en Ukraine, à Boutcha fureur inexplicable contre les civils », titre Radio Vatican en Italien (Salvatore Cernuzio) ce 7 avril 2022.
Non à l’escalade de la violence
En marge de la présentation d’un projet multimédia sur l’autisme à Radio Vatican, le cardinal Pietro Parolin a en effet commenté l’actualité en Ukraine et il a confirmé la possibilité d’un voyage du pape François à Kiev : « Voyons si cela peut contribuer à la fin de la guerre ». Il confirme aussi qu’une rencontre avec le patriarche orthodoxe russe Kirill est en préparation dans « un territoire neutre ».
« Tout doit être fait pour éviter une escalade » de la violence en Ukraine, a insisté le cardinal Pietro Parolin, alors que le pape François a indiqué que l’hypothèse d’un voyage à Kiev était sur la table: « Il s’agit de voir quelles conséquences ce voyage aura, d’évaluer s’il peut réellement contribuer à la fin de la guerre », a déclaré le cardinal aux journalistes qu’il a rencontrés devant le Palazzo Pio, siège de Radio Vatican.
Il a réitéré « le principe de légitime défense », mais en même temps il a invité à tout faire pour éviter une escalade : « Une réponse armée d’une manière toujours proportionnelle à l’agression, comme nous l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique, peut conduire à un élargissement du conflit qui peut avoir des conséquences désastreuses et meurtrières. »
Le secrétaire d’Etat espère que « chacun revienne à la raison et trouve une voie de négociation pour conclure cette aventure sans retour ».
Les images de Boutcha
La ville de Boutcha, à quelque 60km de Kiev, a été le théâtre d’atrocités selon les images diffusée par la presse présente sur place : le pape François lui-même a dénoncé un « massacre », avec des corps de civils abattus dans les rues. Pour le cardinal Parolin, « il est inexplicable que cela se passe contre la population civile »: « Je crois sincèrement, comme beaucoup l’ont souligné, que ces épisodes marquent un tournant dans cette guerre. Et j’espère qu’ils le marquent dans un sens positif, c’est-à-dire qu’ils font réfléchir tout le monde sur la nécessité de mettre un terme aux combats au plus vite et non qu’ils durcissent les positions comme certains le craignent. »
Un éventuel voyage à Kiev
A propos de « l’opportunité » pour le pape François de se rendre dans la capitale ukrainienne, le cardinal Parolin a répondu: « Il doit y avoir des conditions. Ce qui semble être le cas, car du côté ukrainien, on nous a toujours largement assuré qu’il n’y aurait pas de danger et on fait référence aux voyages effectués par d’autres dirigeants et qui sont toujours en cours (…) le président du Parlement européen, (…) la présidente de la Commission. »
Relations avec l’Eglise orthodoxe russe
Le cardinal Parolin juge « délicate » la situation avec l’Eglise orthodoxe. « Certes, le pape n’irait pas prendre position ni en faveur de l’un ni de l’autre, comme il l’a toujours fait dans cette situation qui s’est présentée. Cependant, cet aspect doit aussi être pris en compte dans la considération globale de la possibilité de faire ou non le déplacement. »
Le secrétaire d’État du Vatican a confirmé qu' »une certaine planification avait déjà été lancée » pour une seconde rencontre entre le pape et le patriarche Kirill, après celle du 12 février 2016 à Cuba: « Cette préparation continue », a-t-il dit, expliquant que la recherche se porte actuellement sur « un terrain neutre »: « C’est la situation. Mais rien n’est décidé. De notre côté, en particulier le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, qui est le dicastère compétent, travaille. »
L’action de la diplomatie vaticane
Pour ce qui est de l’action de la diplomatie vaticane – « non-stop », selon le pape François -, le cardinal Parolin a expliqué qu’il n’y a pas « d’initiatives particulières » pour le moment, mais que « la disponibilité déjà offerte est toujours valable (…) pour une activité de médiation ou toute autre forme d’intervention qui pourrait, d’une part, faciliter le cessez-le-feu et, d’autre part, le début de négociations. »
Une disponibilité à concrétiser: « Maintenant, nous réfléchissons s’il existe d’autres moyens de traduire cette disponibilité en initiatives plus concrètes, également parce que cette offre doit trouver la disponibilité des deux parties. »
Une hypothèse concrète est celle d’un voyage à Kiev de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire aux relations avec les États. En effet, il avait été invité avant même le déclenchement de la guerre, qui a fait annuler le voyage: Mgr Gallagher pourrait être en Ukraine « dans un proche avenir ». « Je ne pense cependant pas qu’une date ait été fixée », a conclu le cardinal Parolin, toujours selon la même source, en italien.