« Accompagnez les victimes d’abus », a demandé le pape François aux évêques espagnols à l’occasion de la visite de la présidence de la Conférence épiscopale, le cardinal Juan José Omella, archevêque de Barcelone, le vice-président, Mgr Carlos Osoro, et le secrétaire général, Mgr Luis Argüello.
Ils ont en effet présenté au pape François le travail de la commission indépendante sur les cas de pédophilie, confiée par l’Église espagnole à un cabinet d’avocats indépendant: « Le Saint-Père nous a encouragés à emprunter cette voie et à collaborer », rapporte Radio Vatican (Salvatore Cernuzio).
Une rencontre « agréable et positive », a déclaré le cardinal Omella à la presse, place Saint-Pierre, après l’audience papale: « Ce fut une rencontre très agréable, avec une belle attitude. Nous avons découvert une fois de plus l’affection que le pape a pour l’Espagne, qu’il connaît très bien et qu’il suit de près dans ses affaires. »
La question des abus est en effet d’actualité en Espagne après la publication d’un rapport de 385 pages par le quotidien El País dénonçant des centaines de cas dans l’Église espagnole.
Le thème a été au centre des deux heures de visite ad limina, le 14 janvier dernier. Lors de la conférence de presse qui avait suivi, le cardinal Omella a insisté sur la « grande douleur » pour ce drame interne de l’Église et « le désir de proximité de tous les évêques » avec les victimes.
Le cardinal a expliqué qu’à l’époque, il n’était pas prévu de créer une seule commission d’enquête indépendante au niveau national sur les cas d’abus passés et présents, comme cela s’est produit en Allemagne, au Portugal et en France, mais que des commissions indépendantes avaient été formées dans chaque diocèse pour « recueillir les plaintes pour accompagner les personnes qui se sentent blessées » et « empêcher que ces choses ne se reproduisent à l’avenir ».
Fin février, l’Église espagnole avait plutôt décidé de confier au cabinet d’avocats, Cremades & Calvo-Sotelo, une enquête externe indépendante sur des allégations d’abus sexuels sur mineurs dans le cadre ecclésiastique. C’est le cardinal Omella lui-même qui l’avait annoncé dans une conférence de presse aux côtés de l’avocat Javier Cremades, président du cabinet : « La Conférence épiscopale veut faire un pas en avant dans son devoir de transparence, d’aide et de réparation aux victimes et collaborer avec l’autorité sur les cas d’abus sexuels qui pèsent sur l’Église espagnole. »
En complément de l’audit de ce cabinet d’avocats, le Parlement espagnol a approuvé le 10 mars, une proposition de différents partis politiques demandant au gouvernement de créer sa propre commission pour enquêter sur les cas d’abus sexuels dans l’Église catholique. Le médiateur espagnol, Ángel Gabilondo, a été nommé par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez à la tête de cette commission dirigée par le gouvernement.
Les évêques ont présenté un bilan au pape François. « Nous avons parlé au pape de ces choses et il a été gentil comme toujours », a déclaré le cardinal Omella: « Il nous a encouragés à suivre ce chemin, à accompagner les victimes car c’est le centre de tout, à collaborer à tout et à prévenir pour que cela se répète à l’avenir. »
Concernant la méthodologie et les objectifs de l’audit, le cardinal espagnol a insisté sur le fait que l’Église « est toujours ouverte à la collaboration, et c’est ce que nous voulons, car nous pensons toujours à l’écoute, accompagner, assister et aider les victimes, c’est ce qui est vraiment important ». Le pape François, a-t-il souligné, « suit la situation de près » et il a écouté la mise à jour sur la commission indépendante et ses travaux « avec un grand intérêt ».
Autre question à l’ordre du jour, les migrants, pour lesquels le pape se montre préoccupé, a souligné l’archevêque de Barcelone: « Le Saint-Père a dit quelque chose qui m’a beaucoup plu : nous avons parlé des villes d’Espagne qui se vidaient et il a dit : ‘Regardez dans combien de villages il y a peut-être des maisons où certains migrants peuvent vivre et travailler' ».
Parmi les autres thèmes, également celui de la charité et de l’aide aux pauvres, et celui de l’évangélisation pour ne pas perdre les racines chrétiennes dans un pays fortement sécularisé. Il a invité à « évangéliser et vivre notre foi par la prière, les sacrements, la formation ».