Procès au Vatican © Vatican Media

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Procès au Vatican: le cardinal Becciu s’explique et proclame son innocence

Il déplore une « campagne médiatique violente et vulgaire »

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« Justice vaticane: le cardinal Becciu répond aux accusations de corruption », titre Radio Vatican (Salvatore Cernuzio), ce jeudi 17 mars 2022, après la 10e audience au cours de laquelle le cardinal s’est expliqué « sur les événements d’Ozieri, en Sardaigne, où des transferts d’argent ont été effectués au bénéfice d’une coopérative dirigée par son frère ».

Radio Vatican ajoute: « Le cardinal dénonce une «campagne médiatique violente et vulgaire» à son encontre. »

Le cardinal Becciu sera de nouveau à la barre ainsi que les autres accusés qui seront interrogés lors des sept autres audiences planifiées jusqu’en mai.

Voici le compte-rendu de Radio Vatican.

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Déclarations du cardinal Becciu
« Je n’ai jamais voulu qu’un euro, ou plutôt, qu’un centime d’euro dont j’ai eu la gestion ou la connaissance soit détourné, mal utilisé ou utilisé à des fins qui n’étaient pas exclusivement institutionnelles. J’ai toujours agi pour le bien du Siège apostolique et de toute l’Église »: assis à la barre dans la salle polyvalente des Musées du Vatican, où se déroule le procès pour détournement présumé de fonds de la Secrétairerie d’État, le cardinal Angelo Becciu s’est exprimé spontanément au sujet de « l’affaire sarde ».
Il s’agit des trois virements envoyés, entre 2013 et 2018, au diocèse d’Ozieri en faveur d’un compte (1000/60478) qui n’étaient que formellement au nom du diocèse, estiment les promoteurs de Justice, et qui auraient été en réalité à l’entière disposition de la coopérative Spes et du frère du prélat, Tonino, unique administrateur de la coopérative. Ce compte a été «utilisé à des fins entièrement privées», affirment les promoteurs, qui soupçonnent le cardinal Becciu de détournement de fonds.
«La tête haute», le cardinal a de nouveau protesté de son innocence, dénonçant le «massacre médiatique sans précédent» dont il a fait les frais lors d’«une campagne violente et vulgaire». «J’ai été présenté comme le pire des cardinaux. Ils m’ont décrit comme corrompu, avide d’argent, déloyal envers le Pape, préoccupé par le bien-être de ma famille. Ils ont insinué des infamies sur l’intégrité de ma vie sacerdotale, d’avoir financé des témoins lors d’un procès contre un confrère, d’être propriétaire de puits de pétrole». Des accusations «grotesques et monstrueuses» portées par quelqu’un qui a essayé de «me diaboliser et de me détruire», a déclaré l’ancien substitut de la Secrétairerie d’État, qui a réitéré sa confiance dans le «jugement impartial» de la Cour malgré la «clameur médiatique».

L’interrogatoire

En raison de problèmes concernant son équipe -la plupart de ses membres a contracté la Covid- le promoteur de Justice adjoint, Alessandro Diddi, a déclaré ne pas être en mesure de procéder à l’interrogatoire. En revanche, le président du tribunal, Giuseppe Pignatone, a posé «trois questions» au cardinal à commencer par l’affaire Cecilia Marogna, employée du cardinal, et du secret papal auquel elle s’est opposée. Est-il valable ou pas encore ? «J’ai tendance à confirmer le secret, mais je suis prêt à accepter ce qui sera décidé par les autorités», a déclaré le prélat.

L’affaire sarde

Giuseppe Pignatone a ensuite énuméré les «contributions» apportées par le cardinal à l’Église d’Ozieri: en 2013, un transfert de 100 000 euros depuis un compte personnel ; en 2015, 25 000 euros supplémentaires ; en 2018, 100 000 euros de plus. Pour l’accusation, les deux dernières sommes auraient été détournées des fonds de la Secrétairerie d’État. Le premier virement avait été envoyé sur un compte portant une mention «étrange» en en-tête, « Caritas Ozieri, chez Cooperativa Spes». «S’agissait-il d’un prêt ou d’un paiement à fonds perdus ?» a demandé le président du Tribunal. Angelo Becciu a expliqué qu’il s’agissait d’un prêt pour un projet qui «était censé donner du travail à des jeunes et à des personnes socialement défavorisées». La moitié du prêt a été remboursée, l’autre moitié a été donnée par le cardinal.

Giuseppe Pignatone a ensuite rappelé le fondement de l’accusation portée contre le prélat, à savoir qu’il avait détourné une somme de 125 000 euros de la Secrétairerie d’État pour les transmettre, «au mépris» des règles du droit canonique et d’instructions administratives spécifiques, à la coopérative «qui les a gérés avec une série d’activités commerciales». «En ce qui concerne ces allégations d’irrégularité formelle qui peuvent aussi prendre une valeur substantielle, de quoi aviez-vous connaissance ?» a demandé le président du tribunal. Par le détail, le cardinal Becciu a alors expliqué la procédure d’octroi des fonds par la Secrétairerie d’État. Il y a d’abord une demande initiale faite par des «personnes dignes de confiance», puis une évaluation éventuelle, l’envoi des fonds et la demande d’un rapport à la fin de la gestion.

La Caritas d’Ozieri

La même procédure a été suivie pour les 25 000 euros versés à la Caritas d’Ozieri. «L’évêque, alors administrateur apostolique, Sebastiano Sanguinetti, m’a demandé de créer une boulangerie qui devait donner du travail à différentes personnes» explique le cardinal. Un incendie a tout détruit, mais d’autres ressources ont été récupérées. Il ne manquait qu’une seule pièce de la machine, et Sanguinetti a donc demandé de l’aide à l’ex-substitut: «Quand je suis arrivé à Rome, j’ai vu que de l’argent était disponible». L’évêque a dit à Angelo Becciu d’envoyer l’argent sur le même compte que celui sur lequel les 100 000 euros avaient été versés précédemment.

«En tant que suppléant, je n’entre pas dans l’administration du diocèse. Il existe un dicastère, la congrégation pour les Évêques, qui s’en occupe et intervient s’il constate un soupçon de désordre. Ils m’ont demandé de faire cette offre, j’ai vu la beauté du travail et j’ai envoyé 25 000 euros, qui ont ensuite été utilisés pour acheter une boulangerie». Pour le cardinal, il s’agissait d’un geste de «charité», cette même charité qui – a-t-il dit en citant un discours du Pape – ne consiste pas seulement à faire des aumônes occasionnelles, mais à rendre à l’homme sa dignité par le travail. Le cardinal a ensuite confirmé qu’il savait que le destinataire final de l’argent était la coopérative Spes en tant que «bras droit» de la Caritas.

Quant au dernier transfert de 2018 (100 000 euros supplémentaires), le cardinal Becciu a expliqué qu’il l’avait versé après que le nouvel évêque d’Ozieri, Mgr Corrado Melis, lui a parlé du projet de Citadelle de la Charité pour l’accueil et le soutien des pauvres et des personnes âgées. Le budget s’élevait à près d’un million et demi d’euros et l’évêque était à la recherche de fonds. Il a demandé l’aide de la Secrétairerie d’État. Le cardinal Becciu l’accorde, car «chaque année, une quantité de subventions est distribuée à divers organismes en Italie et à l’étranger». Ces 100 000 euros sont toujours sur le compte en ce moment. Pourquoi ? «Je ne sais pas comment ils s’organisent, l’évêque m’a toujours dit qu’ils attendaient de recevoir le montant total». Les travaux de la Citadelle ont commencé le 28 février.

Les défenseurs prennent la parole

Les avocats de la défense ont ensuite pris la parole. Le premier à prendre la parole a été maître Cataldo Intrieri, défenseur de Fabrizio Tirabassi, ancien employé de la Secrétairerie d’État, qui a demandé des expertises sur les enregistrements audio-vidéo des interrogatoires de Mgr Alberto Perlasca et sur les copies médico-légales du matériel électronique. Il a également réitéré sa demande de restitution du matériel saisi, car les documents contiennent également des images des membres de la famille de Fabrizio Tirabassi, comme des photos de sa fille jouant dans le jardin.

L’avocat de Gianluigi Torzi, poursuivi pour blanchiment d’argent et impliqué dans la vente de l’immeuble Sloane Avenue à Londres, a contesté l’invalidité de la saisie à laquelle son client a été soumis à l’occasion du mandat d’arrêt de juin 2020 (tout le matériel a déjà été restitué). Maître Marco Franco a ensuite affirmé que son client souhaitait répondre à son interrogatoire mais par vidéoconférence.

«La raison est compréhensible», a-t-il dit, faisant allusion à l’arrestation du courtier après un interrogatoire conduit au Vatican. «Tout cela est en dehors de ce qui peut se passer à ce stade de la procédure« , a répliqué Giuseppe Pignatone. «Il s’agit d’une disposition psychologique, pas d’un risque concret», a-t-il poursuivi, ajoutant que ce risque «n’a aucune raison d’exister. Gianluigi Torzi est libre de ne pas répondre, mais il ne peut pas dicter ses conditions».

Toujours à propos de Torzi, Diddi a expliqué que c’est le courtier lui-même qui avait mis à disposition le matériel alors saisi au moment de l’interrogatoire, remettant chaque mot de passe devant ses avocats.

L’ordre de la Cour

Après exactement deux heures d’audience, Giuseppe Pignatone a lu une ordonnance dans laquelle il rejetait toutes les demandes de la défense, à commencer par les expertises, qui ne seraient plus qu’«exploratoires». Il a ajouté que cela serait soumis à «d’éventuelles objections à l’issue de l’interrogatoire de Perlasca devant le tribunal». Le président a ensuite annoncé que des informations spécifiques seraient demandées à la Secrétairerie d’État concernant le secret pontifical opposé par Cecilia Marogna.

Le calendrier

Le calendrier des prochaines audiences a été fixé: le 30 mars, avec l’interrogatoire de Mgr Mauro Carlino ; le 5 avril, jour où seront interrogés René Brüllhart et Tommaso Di Ruzza, ancien président et directeur de l’AIF ; le 6 avril, poursuite de l’interrogatoire du cardinal Becciu et éventuellement de Crasso, qui seront entendus par le tribunal le 28 avril. De nouveau, le 27 avril, audition de Tirabassi et le 6 mai, interrogatoire de Mincione.

 

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Rédaction

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