Rencontre des maires et des évêques à Florence (Italie) © mediterraneodipace.it

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Ukraine : la guerre « aurait pu et aurait dû » être évitée, affirme le prof. Romano Prodi

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Entretien avec l’ancien président de la Commission européenne

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La guerre en Ukraine « aurait pu et aurait dû » être évitée, affirme le prof. Romano Prodi, l’ancien président de la Commission européenne, dans l’entretien avec Vatican News en italien ce jeudi 24 février 2022. Il dit être « absolument choqué par l’évolution des événements, car des rencontres diplomatiques étaient prévues ». Il pense que ces rencontres « auraient pu trouver un compromis ».

Romano Prodi sera demain à Florence pour la rencontre des évêques et des maires de villes de la Méditerranée, sur les pas du vénérable maire de Florence, Giorgio La Pira (23- 27 février). Le pape François présidera, dimanche 27 février 2022, la conclusion de cette réunion. Aujourd’hui, les participants ont lancé un appel à la paix en Ukraine: « Arrêtons la folie de la guerre! »

Le professeur Prodi souligne une position faible de l’ONU face au conflit entre la Russie et l’Ukraine: « Je trouve l’ONU particulièrement faible dans cette phase historique », note-t-il. « À l’ONU, tout est passé au Conseil de sécurité où la Russie a le droit de veto. Dans une telle situation, il ne fera pas grand-chose. D’après mon expérience, l’ONU a fait de belles choses surtout dans les petits conflits, elle a certainement évité des massacres et des souffrances. Quand le conflit touche quelques « grands », l’ONU n’existe plus. »

Parlant du rôle de l’Europe, Romano Prodi affirme que « l’Union européenne est plus solidaire que par le passé, mais elle connaît des situations différentes d’un pays à l’autre ». « Il y a des pays totalement dépendants du gaz russe, des pays qui en sont presque totalement indépendants, explique le professeur. Il y a un mépris commun à l’égard de l’action du président russe, il y aura une différenciation notable en ce qui concerne les sanctions. » « La guerre générale », selon lui, « ne viendra pas parce que personne n’a intérêt à la faire ». « Pendant ce temps, la guerre partielle a commencé. »

En ouvrant hier la rencontre à Florence, le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la Conférence épiscopale italienne, a déclaré que « nous sommes dans un moment de crise profonde, également en raison de ce qui se passe en Ukraine ». « Du point de vue de la providence de Dieu, notre action pour la paix devient encore plus nécessaire », a-t-il ajouté. « Il est vrai que l’Ukraine n’est pas directement sur la Méditerranée, a dit le cardinal, mais elle est de l’autre côté de la mer Noire, et La Pira a dit que jusqu’à l’Oural, c’est toute la Méditerranée, car cette mer embrasse trois continents et plus de vingt nations. »

Méditerranée : étudier « ensemble » pour changer le monde

« Le monde change si les enfants étudient ensemble », affirme Romano Prodi évoquant son projet de la création des universités mixtes : « Le projet à l’époque était très simple, explique-t-il : créons 20-30 universités mixtes : un siège à Catane, un à Tripoli, un à Barcelone, un à Rabat… Mixte ne signifie pas, par exemple, une université à Naples avec son siège à Tripoli, mais cela signifie avec deux centres d’autorité égale, avec de nombreux professeurs du nord et beaucoup du sud, de nombreux étudiants du nord et beaucoup du sud, de nombreuses années d’études dans le nord et de nombreuses années dans le sud. Avec cent mille étudiants dans ces universités, nous commencerons à construire la communauté méditerranéenne. C’est une idée très simple et coûteuse, mais bien meilleure que les patrouilles. »

La réalisation de cette idée demande, selon Prodi, « la responsabilité de l’Union européenne » ainsi que l’« union de tous les pays intéressés à être le siège de ces universités ». « Quand je l’ai proposé, raconte-t-il, les pays du Nord n’étaient pas intéressés, ils m’ont dit que c’était de l’argent gaspillé. Aujourd’hui, il y a une conscience différente, après les migrations, après la Libye, la conscience est que la Méditerranée est notre maison, c’est la maison de tous. Il y a vraiment un changement radical, et donc à mon avis c’est possible, nous devons tous y travailler. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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