« Faire la guerre, c’est détruire. C’est un mécanisme de destruction », c’est pourquoi « la guerre est un « contre-sens », un « anti-sens de la création », a déclaré le pape François.
Le pape François était l’invité du journaliste Fabio Fazio, à l’émission « Che tempo che fa », dimanche soir 6 février 2022, sur la télévision publique italienne. Il a répondu aux questions du présentateur, Fabio Fazio, sur les grands sujets d’actualité. Voici notre dernière partie de cet entretien.
Dans le récit biblique de la Création, Dieu confie à l’homme et à la femme la tâche de construire : « travailler la terre, d’élever des enfants, de soutenir une famille et de faire grandir la société », a rappelé le pape. Mais aussitôt après, « une guerre entre frères », Caïn et Abel, puis une « guerre culturelle » avec la Tour de Babel. C’est un « anti-sens de la création », a-t-il fait observer. Depuis toujours, « la guerre est un mécanisme de destruction », « pour avoir davantage de pouvoir ».
A cela s’ajoute « un problème de catégorisation » : les guerres d’abord, et les personnes ensuite seulement. Le Yémen en est un bon exemple : « Depuis combien de temps le Yémen souffre-t-il de la guerre et depuis combien de temps parlons-nous des enfants du Yémen ? », a demandé le pape.
« Il y a des catégories qui comptent et d’autres qui sont en bas de l’échelle : les enfants, les migrants, les pauvres, ceux qui n’ont pas de nourriture », a dénoncé le pape. Arrêter la fabrication d’armes pendant un an permettrait de donner de la nourriture et une éducation au monde entier, gratuitement, a-t-il ensuite souligné, évoquant le petit Alan Kurdi, cet enfant syrien retrouvé mort sur une plage, et tous les enfants comme lui « que nous ne connaissons pas » et qui « meurent de froid » chaque jour. Pourtant, la guerre reste prioritaire : « Nous voyons comment les économies sont mobilisées et le plus important aujourd’hui, c’est la guerre : la guerre idéologique, la guerre de pouvoir, la guerre commerciale et les nombreuses usines d’armement ».
Et derrière les migrations et les guerres, la préoccupation du pape pour la sauvegarde de la création. Il évoque le « bon vivre » des peuples autochtones, « qui n’est pas la bonne vie » mais le fait de « vivre en harmonie avec la terre ». « C’est une éducation que nous devons donner », souligne-t-il. En revanche, il déplore la « politique de déforestation » menée en Amazonie par exemple, signifie « moins d’oxygène », « changement climatique », « mort de la biodiversité » ; cela signifie « tuer notre mère, la terre ».