« Demandons à Dieu, dans la prière, la consolation pour cette population martyrisée ; c’est à lui que nous confions les efforts pour la paix », a déclaré le pape François qui a lancé un nouvel appel à la paix en Birmanie lors de l’audience générale de ce mercredi 2 février 2022 dans la Salle Paul VI du Vatican.
Le pape s’est joint à l’appel des évêques birmans pour que la Communauté internationale favorise le retour à la paix: « Depuis un an, nous assistons avec douleur aux violences qui ensanglantent le Myanmar. Je fais mien l’appel des évêques birmans pour que la communauté internationale travaille à la réconciliation entre les parties concernées. Nous ne pouvons pas porter notre regard ailleurs, face aux souffrances de tant de frères et sœurs. »
Les appels du pape depuis un an
Le pape s’était lui-même rendu en Birmanie en septembre 2017 et il a régulièrement appelé à la paix et à la réconciliation depuis le coup d’Etat de 2021, appelant notamment à l’aide humanitaire pour une population affamée et à respecter les lieux de culte, comme lors de l’angélus de juin dernier, où il a réclamé des « couloirs humanitaires », et en octobre, « implorant Dieu pour le don de la paix ».
Lors de son discours au Corps diplomatique, le 11 janvier dernier, le pape a souligné que « le dialogue et la fraternité sont plus urgents que jamais pour faire face avec sagesse et efficacité à la crise qui touche le Myanmar (…) où les rues qui étaient autrefois des lieux de rencontre sont désormais le théâtre d’affrontements qui n’épargnent même pas les lieux de prière ».
La gratitude des Birmans
Pour sa part, l’agence missionnaire vaticane Fides fait état de la gratitude des catholiques deBirmanie: « Les fidèles catholiques de Birmanie remercient le pape François ».
Les catholiques de Birmanie « ont rejoint la manifestation spéciale », le 1er février, ajoute Fides: « Rangoon, Mandalay et d’autres villes birmanes étaient vides et silencieuses hier. La population du Myanmar a voulu marquer le premier anniversaire du coup d’État militaire du Myanmar, le 1er février 2020, par une « grève silencieuse » massive. »
Il s’est agi, ajoute la même source, d’une « grande manifestation pacifique, coordonnée à l’échelle nationale depuis des mois, a appelé les citoyens de tout le pays à fermer leurs entreprises et à rester chez eux »: « des villes désertes, sans trafic, sans personnes dans les rues », une « grève silencieuse » organisée de 8h à 16h, à un moment où « la violence augmente dans la région ».
Fides rappelle que « la semaine dernière, le gouvernement a publié des avertissements officiels dans les médias d’État indiquant que « toute personne participant à la grève pourrait être poursuivie, notamment en vertu de la loi antiterroriste, avec une peine maximale d’emprisonnement à vie et une possible confiscation des biens ». Sans tenir compte des menaces, des milliers d’entrepreneurs, de petits commerçants et de travailleurs ont annoncé qu’ils n’ouvriraient pas leurs portes, « préférant être arrêtés », selon le quotidien d’État Myanmar Alinn Daily. L’armée du Myanmar craint ces grèves silencieuses et menace les commerçants de leur confisquer leur licence, mais même les rares qui ouvrent leurs portes n’ont pas de clients ».
Fides a recueilli un témoignage selon lequel « à Rangoon, la plus grande ville du pays, les rues habituellement animées étaient désertes. Les marchés et les places, habituellement bondés, étaient vides avant le début officiel de la grève : « Cela montre la large opposition populaire au gouvernement militaire et son mépris des droits de l’homme ». »
Fides rapporte le témoignage du prêtre catholique David Hmung : « Cette manifestation non violente contre le coup d’État militaire au Myanmar nous rappelle que l’Église catholique est toujours du côté des citoyens, des pauvres, des plus vulnérables et rejette les actes violents et barbares commis par l’armée du Myanmar contre des civils non armés, qui ont été arrêtés ou tués tandis que leurs biens sont saisis ou brûlés. Il poursuit : « En faisant preuve d’unité et de résilience, la grève témoigne que les citoyens mènent une résistance psychologique non violente contre la dictature militaire. »
Il y a eu des rétorsions, note encore Fides: « Parmi les petits commerçants de Rangoon, certains ont subi des confiscations et des violences de la part des militaires. Le gouvernement a mis en œuvre d’autres mesures pour tenter de briser la grève. À Rangoon et Mandalay, les administrateurs municipaux ont organisé des événements spéciaux, comme une course cycliste, pour tenter d’attirer les foules. Un certain nombre de manifestations pro-militaires ont également eu lieu, organisées par les autorités. »
En janvier Fides faisait état de bombardements de civils, des réfugiés chrétiens, par l’armée birmane au pouvoir.