Mgr Janusz S. Urbanczyk © OSCE

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Shoah : lutter contre l’antisémitisme et la désinformation (traduction complète)

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Intervention du Saint-Siège à l’OSCE

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Face à la négation de la Shoah et aux formes contemporaines de l’antisémitisme, le Saint-Siège invite à lutter pour la dignité de toute personne et contre « toute forme de désinformation qui nierait cette dignité ».

Mgr Janusz Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège à l’OSCE à Vienne (Autriche), est en effet intervenu lors d’une rencontre du Conseil permanent de l’OSCE, le 27 janvier 2022, après l’allocution du secrétaire général de l’Alliance internationale du souvenir de l’Holocauste (IHRA). C’était la Journée de la mémoire des victimes de la Shoah.

Le Saint-Siège encourage la transmission de la mémoire de la Shoah et la réflexion « sur la persécution inhumaine et mécanique et l’extermination des Juifs par la main du régime nazi allemand, aboutissant ainsi à la Shoah ».

Cette mémoire est la garantie de la lutte aujourd’hui aussi contre l’antisémitisme: « Face à l’antisémitisme d’aujourd’hui, a déclaré le représentant du Saint-Siège, le dialogue peut être un outil puissant pour combattre les préjugés et favoriser la reconnaissance de la dignité humaine. Le dialogue encourage à rencontrer l’autre avec ouverture et il crée une opportunité d’apprendre sur le judaïsme, en surmontant ainsi les préjugés et en reconnaissant les liens très étroits entre tous les membres de l’humanité. »

Il a particulièrement mis en garde contre la désinformation véhiculée par les réseaux sociaux.

Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’allocution prononcée par Mgr Urbanczyk en anglais.

AB

Allocution de Mgr Urbanczyk

M. le président,

La délégation du Saint-Siège souhaite se joindre aux autres pour souhaiter la bienvenue au Conseil permanent à la secrétaire générale de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, le Dr Kathrin Meyer, à l’occasion du 77e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

La commémoration de ces événements odieux comprend deux éléments. Premièrement, le souvenir de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau par les alliés le 27 janvier 1945. Deuxièmement, la réflexion sur la persécution inhumaine et mécanique et l’extermination des Juifs par la main du régime nazi allemand, aboutissant ainsi à la Shoah. Les actes horribles commis rappellent de la manière la plus drastique le danger que représente le mépris de la dignité humaine intrinsèque des personnes et appellent à un engagement collectif pour « dire […] : plus jamais ça ! 1  Hier, le pape François a lancé un appel à ce propos, en s’adressant spécialement aux éducateurs, aux jeunes et aux familles, pour qu’on n’oublie pas cet événement tragique de l’histoire, afin que nous puissions construire un avenir où la dignité humaine ne soit plus jamais bafouée par des idéologies racistes.2

Face à l’antisémitisme d’aujourd’hui, le dialogue peut être un outil puissant pour combattre les préjugés et favoriser la reconnaissance de la dignité humaine. Le dialogue encourage à rencontrer l’autre avec ouverture et il crée une opportunité d’apprendre sur le judaïsme, en surmontant ainsi les préjugés et en reconnaissant les liens très étroits entre tous les membres de l’humanité. Des liens eux-mêmes malheureusement négligés au cours des siècles passés, nous appellent aujourd’hui à être directement impliqués et personnellement engagés dans la construction d’un environnement de paix et de respect de chacun.

Dans une telle perspective, la commémoration d’aujourd’hui « permet à la mémoire de jouer son rôle nécessaire dans le processus de formation d’un avenir où l’indicible iniquité de la Shoah ne sera plus jamais possible » 3. En tant que tel, l’importance d’un souvenir sincère se fait jour, surtout avec le passage continu du temps.

Au fur et à mesure que cette croissance se poursuit, des distorsions, notamment la négation de l’Holocauste et le révisionnisme, émergent et déforment l’importance de se souvenir de cet événement horrible pour les individus et les groupes. Ces distorsions permettent à la menace de l’antisémitisme de se cacher en Europe et ailleurs. Par conséquent, nous devons nous consacrer à la préservation de la mémoire véridique de l’Holocauste. Comme l’a souligné le Pape François : il est nécessaire de se souvenir et de condamner cette indicible cruauté, afin qu’elle reste un souvenir vivant, et ne se reproduise plus jamais.4

Malheureusement, la désinformation sur l’Holocauste trouve de nouvelles façons d’émerger également dans les réseaux sociaux, gagnant un terrain nouveau qui aura un effet délétère sur les individus et les institutions. Nous devons prendre garde aux réseaux sociaux et aux risques à cet égard.

Comme l’a dit le pape François, la mémoire de l’Holocauste est « un signe de civilisation » et « une condition pour un avenir meilleur de paix et de fraternité ».5 Par conséquent, ne manquons pas de nous souvenir des horreurs qui ont frappé le peuple juif avant et pendant la Seconde Faire la guerre et de nous s’opposer fermement à l’antisémitisme sous toutes ses formes et à ses manifestations et à tout ce qui peut y conduire.

En conclusion, tout en réaffirmant la position sans équivoque du Saint-Siège contre les formes anciennes et nouvelles d’antisémitisme, ma délégation souhaite exprimer son espérance que le 77e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau constituera un souvenir particulièrement vivant qui, tout en affrontant les horreurs de l’Holocauste, aujourd’hui en marge de la mémoire vivante, nous poussent à promouvoir la dignité humaine et à nous opposer à toute forme de désinformation qui nierait cette dignité.

Merci, monsieur le président.

NOTES

[1] Cf. Pape François, appel après l’audience générale, 26 janvier 2022.

[1] S. Jean-Paul II, introduction à  “Nous nous souvenons: réflexion sur la Shoah”, 12 mars, 1998.

[1] Cf. Pape François, appel après l’audience générale, 26 janvier 2022.

[1] Pape François, appel après l’audience générale, 27 janvier 2021.

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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