Le pape François a lancé un appel à prier pour la paix en Ukraine, en ce mercredi 26 janvier 2022, à l’occasion d’audience générale, dans la salle Paul VI du Vatican.
Avant le Notre Père et la bénédiction finale, le pape a demandé, en italien: « Et maintenant, par le Notre Père, je vous invite à prier pour la paix en Ukraine, et à le faire souvent en ce jour : demandons au Seigneur avec insistance que cette terre puisse voir fleurir la fraternité et surmonter les blessures, les peurs et les divisions. »
Le pape a évoqué, sans prononcer le terme, l’Holodomor (« extermination par la faim » en ukrainien), la grande famine provoquée par Staline (1932-1933): « Nous avons parlé de l’Holocauste. Mais pensez que [même en Ukraine] plus de cinq millions ont été anéantis au cours de la dernière guerre. C’est un peuple souffrant; il a souffert de la faim, il a tant souffert de cruauté et mérite la paix. »
Le pape a spécialement invité à prier le Notre Père final à cette intention: « Prions pour la paix avec le Notre Père : c’est la prière des enfants qui se tournent vers le même Père, c’est la prière qui fait de nous des frères, c’est la prière des frères qui implorent la réconciliation et l’harmonie. »
Rappelons, avec le site d’histoire Herodote.net que le 7 août 1932, l’URSS a promulgué une loi qui punissait de dix ans de déportation, voire de la peine de mort, « tout vol ou dilapidation de la propriété socialiste », y compris le simple vol de quelques épis dans un champ.
Cette loi, dite « loi des épis », survenait alors que les campagnes soviétiques connaissaient un début de famine du fait des réquisitions forcées par le pouvoir. Elle a aggravé la situation des paysans, si bien que l’on estime qu’en Ukraine, trois à six millions d’entre eux vont mourir de faim les mois suivants, explique la même source.
Cette « Grande famine », intentionnellement entretenue et amplifiée par Staline, est assimilée à un génocide par la plupart des historiens. Et les députés ukrainiens ont voté, le 28 novembre 2006 une loi affirmant que « la famine provoquée par les Soviétiques est un génocide contre le peuple ukrainien », indique Herodote.net .
Notons que la Grande Famine a touché d’autres pays de ce qui était alors l’Union soviétique, au début des années 1930: Bélarus, Kazakhstan, Moldavie et Russie, du fait des politiques et des actions « cruelles et inhumaines » du régime totalitaire stalinien.
En 2008, le Parlement européen a reconnut l’Holodomor comme un « crime contre l’humanité ».
L’Ukraine a fixé au quatrième samedi de novembre, le jour de commémoration officielle des victimes de l’Holodomor.
Auparavant, le pape avait fait spécialement cette invitation dans les résumés de sa catéchèse en anglais et en polonais.
Dans un tweet, le pape a renouvelé son appel en écrivant: « Aujourd’hui, je vous invite à prier pour la paix en #Ukraine: nous demandons avec insistance au Seigneur que cette terre puisse voir la fleurir la fraternité et les divisions dépassées. Que les prières qui montent au ciel aujourd’hui touchent l’esprit et le cœur des responsables. »
Déjà, après l’angélus de dimanche, 23 janvier, le pape avait annoncé que ce mercredi serait une Journée de prière pour la paix en Ukraine en disant, en italien: « Avec préoccupation, étant donné les tensions actuelles, je propose que mercredi prochain 26 janvier soit une journée de prière pour la paix. »
Le pape François a attiré l’attention du monde politique sur la situation en Ukraine, dans son discours de début d’année au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 10 janvier 2022. Il appelait à « la confiance réciproque et la disponibilité à un dialogue serein » afin de « trouver des solutions acceptables et durables en Ukraine et dans le Caucase méridional ».
Le pape avait invité à prier pour « la chère Ukraine » après la prière de l’angélus du 12 décembre dernier, afin que « les tensions autour d’elle soient résolues à travers un dialogue international sérieux et non avec les armes ».
La présidence du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) a exprimé « sa proximité aux Églises qui sont en Ukraine et à tout son peuple » et invité la communauté internationale à « soutenir le pays face au danger d’une offensive militaire russe », dans un communiqué de Mgr Gintaras Grusas, le président du CCEE, du 21 janvier.