Fre Jean-Pierre Schumacher à Rabat (Maroc) en 2019 © Vatican Media

Fre Jean-Pierre Schumacher à Rabat (Maroc) en 2019 © Vatican Media

Maroc : décès du frère Jean-Pierre Schumacher, le dernier trappiste de Tibhirine

Le pape l’avait rencontré en 2019

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Le frère Jean-Pierre Schumacher, dernier survivant de la communauté de Tibhirine (Algérie) dont sept moines ont été enlevés et tués en 1996, est décédé le 21 novembre 2021, au Maroc, à Midelt, sur les pentes de l’Atlas marocain, à l’âge de 97 ans, indique Vatican News.

Lors de sa visite au Maroc, en mars 2019, le pape François a rencontré le frère Schumacher dans la cathédrale Saint-Pierre de Rabat: il s’est incliné devant le moine et il lui a baisé la main. Fr Jean-Pierre a ensuite concélébré la messe avec le pape François.

Né le 15 février 1924 en Lorraine, Jean-Pierre Schumacher est enrôlé de force dans la Wehrmacht, mais échappe à l’envoi sur le front grâce à un certificat médical faisant état d’une tuberculose.

Après la guerre, il s’engage dans la vie religieuse et il est ordonné prêtre en 1953. Quelques années plus tard, il rejoint le monastère de Timadeuc, en Bretagne.

En 1964, il y est envoyé avec deux autres frères dans la communauté des moines trappistes de Tibhirine, en Algérie, à la demande du cardinal Duval, l’archevêque d’Alger.

Le Frère Schumacher demeure dans le monastère de Notre-Dame de l’Atlas, à 80 km au sud d’Alger, plus de 30 ans. L’agence vaticane Fides cite cette réflexion du fr Jean-Pierre à propos de sa vie à la Trappe « C’était si beau ! »

Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines, dont le prieur, frère Christian de Chergé, sont enlevés et assassinés.

Avec un autre moine, Amédée – décédé en 2008 -, il a échappé à l’enlèvement parce que cette nuit-là, il était de service comme portier dans un bâtiment adjacent au monastère.

Quatre ans après le martyre de ses frères, Jean-Pierre s’était installé au Maroc, devenant prieur de la communauté trappiste de Notre-Dame de l’Atlas. Plusieurs fois, il a avoué le poids d’une question qui l’accompagnait toujours : « Pourquoi le Seigneur m’a-t-il permis de rester en vie ? », rappelle Fides. Au fil du temps, il a perçu que son destin de « survivant » du massacre coïncidait avec la mission de « témoigner des événements de Tibhirine et de faire connaître l’expérience de communion avec nos frères musulmans, que nous poursuivons maintenant ici, au monastère de Midelt, au Maroc ».

Dans leur nouvelle maison, Frère Jean-Pierre et Frère Amédée se sont appelés le « petit reste » de Tibhirine : « Notre présence au monastère, disait-il, était un signe de fidélité à l’Évangile, à l’Église et au peuple algérien ». Les trappistes de Tibhirine ne « voulaient » pas devenir des martyrs. Mais dans la fidélité à leur vocation monastique, ils ont voulu partager avec tous les Algériens le risque d’être la cible de la violence aveugle qui, dans ces années-là, ensanglantait le pays et multipliait les massacres d’innocents. En tant que Français, ils auraient pu partir, mais ils ne l’ont pas fait.

Les sept moines assassinés ont été béatifiés le 8 décembre 2018 à Oran, en Algérie, avec 12 autres religieux martyrs de la guerre civile algérienne. Le frère Jean-Pierre, alors âgé de 94 ans, a pu participer à la célébration.

 

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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