Le pape François invite à « se soucier de la faim des autres, se soucier des besoins des autres », en commentant l’Evangile de ce dimanche, avant l’angélus de ce dimanche 17 octobre 2021, depuis la fenêtre du bureau du Vatican qui donne place Saint-Pierre. Mais c’était aussi la journée pour la lutte contre la pauvreté.
Le pape François a évoqué « ce service de Caritas pour que personne ne manque de nourriture : se soucier de la faim des autres, se soucier des besoins des autres. Il y a beaucoup, beaucoup de personnes dans le besoin aujourd’hui, et davantage après la pandémie. Regarder et se pencher dans le service, et ne pas chercher à se promouvoir pour notre propre gloire ».
Le pape invite à la compassion: « Là [dans ce service de Caritas] nous voyions la faim : et nous, pensons-nous avec compassion à la faim de tant de personnes ? Lorsque nous sommes devant le repas, qui est une grâce de Dieu et que nous pouvons manger, il y a beaucoup de gens qui travaillent et qui ne peuvent pas avoir assez de repas pour tout le mois. Pensons-nous à cela? Se plonger dans la compassion, avoir de la compassion. Ce n’est pas une donnée d’encyclopédie : il y a beaucoup d’affamés… Non ! Ce sont des personnes. Et moi, est-ce que j’ai de la compassion pour les personnes ? Compassion pour la vie de ceux que nous rencontrons, comme Jésus l’a fait avec moi, avec toi, avec nous tous, il s’est approché avec compassion. »
Le pape a aussi publié ce tweet sur la Journée mondiale contre la pauvreté qui lie cet effort à l’effort écologique: « La crise écologique et sociale sont deux faces de la même pièce. C’est pourquoi les lignes directrices de la solution appellent à une approche intégrale de la lutte contre la pauvreté, à la restauration de la dignité des exclus, tout en prenant soin de la nature. #EndPoverty«
Voici notre traduction, rapide, de travail, des paroles du pape François, prononcées en italien, avant l’angélus.
AB
Allocution du pape François
Chers frères et soeurs,
L’évangile de la liturgie d’aujourd’hui (Mc 10, 35-45) raconte que deux disciples, Jacques et Jean, demandent un jour au Seigneur de siéger à ses côtés dans la gloire, comme s’ils étaient des « premiers ministres », quelque chose comme ça. Mais les autres disciples les entendent et ils s’indignent. À ce moment-là, avec patience, Jésus leur offre un grand enseignement : la vraie gloire ne s’obtient pas en s’élevant au-dessus des autres, mais en vivant le même baptême qu’il recevra bientôt à Jérusalem, c’est-à-dire la croix. Qu’est-ce que cela veut dire? Le mot « baptême » signifie « immersion » : par sa Passion, Jésus s’est plongé dans la mort, offrant sa vie pour nous sauver. Sa gloire, la gloire de Dieu, c’est donc l’amour qui devient service, non la puissance qui aspire à la domination. Pas un pouvoir qui aspire à la domination, non ! C’est l’amour qui devient service. C’est pourquoi Jésus conclut en disant aux siens et aussi à nous : « Quiconque veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur » (Mc 10, 43). Pour devenir grand, vous devrez marcher sur le chemin du service, pour servir les autres.
Nous sommes confrontés à deux logiques différentes : les disciples veulent émerger et Jésus veut s’immerger. Arrêtons-nous sur ces deux verbes. Le premier c’est émerger. Il exprime cette mentalité mondaine par laquelle nous sommes toujours tentés : vivre toutes choses, même les relations, pour nourrir notre ambition, pour gravir les marches du succès, pour atteindre des postes importants. La recherche du prestige personnel peut devenir une maladie de l’esprit, jusqu’à se masquer derrière de bonnes intentions ; par exemple quand, derrière le bien que nous faisons et que nous prêchons, nous ne cherchons en réalité que nous-mêmes et notre affirmation, c’est-à-dire notre avancement, notre promotion… Et nous le voyons aussi dans l’Église. Combien de fois, nous chrétiens, qui devrions être les serviteurs, essayons de nous promouvoir, d’avancer. Par conséquent, nous avons toujours besoin de vérifier les véritables intentions du cœur, de nous demander : « Pourquoi est-ce que je continue ce travail, cette responsabilité ? Pour offrir un service ou être remarqué, loué et complimenté ? ». A cette logique mondaine, Jésus oppose la sienne : au lieu de s’élever au-dessus des autres, il descend du piédestal pour les servir ; au lieu d’émerger au-dessus des autres, se plonger dans la vie des autres. J’ai vu dans l’émission « A sua immagine » ce service de Caritas pour que personne ne manque de nourriture : se soucier de la faim des autres, se soucier des besoins des autres. Il y a beaucoup, beaucoup de personnes dans le besoin aujourd’hui, et davantage après la pandémie. Regarder et se pencher dans le service, et ne pas chercher à se promouvoir pour notre propre gloire.
Voici le deuxième verbe : s’immerger. Jésus nous demande de nous immerger. Et comment s’immerger ? Avec compassion, dans la vie de ceux que nous rencontrons. Là [dans ce service de Caritas] nous voyions la faim : et nous, pensons-nous avec compassion à la faim de tant de personnes ? Lorsque nous sommes devant le repas, qui est une grâce de Dieu et que nous pouvons manger, il y a beaucoup de gens qui travaillent et qui ne peuvent pas avoir assez de repas pour tout le mois. Pensons-nous à cela? Se plonger dans la compassion, avoir de la compassion. Ce n’est pas une donnée d’encyclopédie : il y a beaucoup d’affamés… Non ! Ce sont des personnes. Et moi, est-ce que j’ai de la compassion pour les personnes ? Compassion pour la vie de ceux que nous rencontrons, comme Jésus l’a fait avec moi, avec toi, avec nous tous, il s’est approché avec compassion.
Regardons le Seigneur crucifié, profondément immergé dans notre histoire blessée, et découvrons la manière de faire de Dieu, nous voyons qu’il n’est pas resté là-haut au ciel, à nous regarder d’en haut, mais il s’est abaissé pour nous laver les pieds. Dieu est amour et l’amour est humble, il ne monte pas, mais descend très bas, comme la pluie qui tombe sur la terre et apporte la vie. Mais comment aller dans la même direction que Jésus, passer de la volonté d’émerger à celle de s’immerger, de la mentalité, mondaine, du prestige, à celle, chrétienne, du service ? Il faut de l’engagement, mais ce n’est pas suffisant. Seuls, c’est difficile, voire impossible, mais nous avons en nous une force qui nous aide. C’est celle du Baptême, de cette immersion en Jésus que nous avons tous reçue par grâce et qui nous dirige, nous pousse à le suivre, non à chercher notre propre intérêt mais à nous mettre au service. C’est une grâce, c’est un feu que l’Esprit a allumé en nous et qu’il faut nourrir. Aujourd’hui, demandons à l’Esprit Saint de renouveler en nous la grâce du Baptême, l’immersion en Jésus, dans sa manière d’être, pour être davantage des serviteurs, être serviteurs comme lui l’a été pour nous.
Et prions la Vierge Marie : bien qu’elle soit la plus grande, elle n’a pas cherché à émerger, mais elle était l’humble servante du Seigneur, et elle est immergée dans notre service, pour nous aider à rencontrer Jésus.
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