Benoît XV vers 1915 © DP

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France : visite du Premier ministre Castex au Vatican lundi 18 octobre 2021

Centenaire de la reprise des relations diplomatiques, sous Benoît XV

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Le Premier ministre français Jean Castex sera reçu par le pape François au Vatican, lundi prochain, 18 octobre 2021, à l’occasion du 100e anniversaire de la restauration des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, sous Benoît XV, après 17 ans d’interruption (1904-1921).

Le Premier ministre renouvellera l’invitation de la France au pape, a précisé l’entourage du Premier ministre à l’occasion d’un point presse le 14 octobre.

L’après-midi, le Premier ministre remettra les insignes de commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur du cardinal Parolin.

A Rome, le Premier ministre rencontrera aussi le président du Conseil Mario Draghi : il sera notamment question d’Europe et des migrations, et des plans de relance.

Le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, seront aux côtés du Premier ministre pour ce déplacement.

Cent ans de dialogue

L’entourage du Premier ministre rappelle que « dans une république laïque, le dialogue avec les cultes est non seulement normal, mais il est nécessaire puisque la laïcité suppose que l’Etat soit neutre, mais aussi qu’il garantisse la liberté de religion ».

A côté du dialogue avec l’Eglise de France, Matignon souligne qu’il y a aussi « une dimension diplomatique » puisque le Saint-Siège est une « personne de droit international » avec laquelle la France a repris des relations en 1921.

Matignon annonce une rencontre avec le pape François puis avec le cardinal secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, et avec des responsables de la curie romaine, pour aborder « un certain nombre de sujets diplomatiques. Il sera aussi question du Rapport Sauvé, de la relation entre l’Etat et les cultes ».

Le point de départ de ce déplacement, prévu en mai, reporté en juin, puis en octobre du fait de la crise sanitaire, c’est donc le centenaire de la reprise des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la France, rompues en 1904, à la veille du vote de la séparation des Eglises et de l’Etat : elles ont été interrompues pendant 17 ans.

Matignon indique avoir souhaité, « cent ans plus tard, marquer la continuité et la force de ce dialogue » : un « projet de longue date du Quai d’Orsay », mais « partagé de part et d’autre ».

Une « grande convergence »

Parmi les sujets « globaux » à aborder et sur lesquels Matignon constate une « grande convergence » avec le Saint-Siège: la santé et la lutte contre la pandémie, et le changement climatique, avec le souci d’une mobilisation en vue de la COP26 de Glasgow en novembre.

Autre convergence, le proche et le Moyen Orient et le Liban avec « une préoccupation commune pour les sort des chrétiens d’Orient, et plus largement sur le sort des minorités ».

Matignon rappelle que le Saint-Siège a participé à la conférence de soutien à la population libanaise présidée par le président Macron, le 4 août dernier. La même source constate aussi « un investissement en Irak où la visite du Pape a été un moment extrêmement marquant et extrêmement fort ».

Rapport Sauvé

A propos du Rapport publié le 5 octobre dernier sur les abus sexuels en milieu catholique, Matignon souligne que le Premier ministre va saluer « la volonté de l’Eglise de faire face à son histoire et à ses défaillances ». En tenant compte du « chiffre de 5,5 millions de Français victimes de violences sexuelles, très majoritairement dans la famille », rappelle la même source.
A propos du secret de la confession, Matignon souligne que c’est aux évêques de dire « comment ils peuvent articuler la protection des enfants avec le secret de la confession, qui, dans le droit français, est un secret professionnel, ni plus ni moins ».

La question « repose sur le rôle des évêques » : « les dysfonctionnements qui ont été pointés par le Rapport Sauvé sont de leurs responsabilités. C’est à eux de trouver la solution ».

Une table ronde sur le centenaire

L’ambassadrice de France près le Saint-Siège, Mme Elisabeth Beton-Delègue, recevra ensuite ses hôtes pour un déjeuner de travail à la Villa Bonaparte, l’ambassade de France près le Saint-Siège à Rome.

Après la remise des insignes de la Légion d’Honneur, le cardinal Parolin prononcera un discours puis M. Castex.

Après le départ du Premier ministre qui va rencontrer M. Draghi, une table-ronde aura lieu, sur le centenaire des relations diplomatiques.

C’est le 28 mai 1921 que Charles Jonnart, ambassadeur de la République française, a présenté ses lettres de créance au pape Benoît XV, ce qui tournait une page de l’histoire des relations entre la France et le Saint-Siège: la rupture avait été consommée dix-sept ans auparavant, le 29 juillet 1904, après le rappel de l’ambassadeur précédent, M. Nizard.

Cependant la rupture ne signifiait pas l’absence de contacts, ainsi, en 1914, dès le début de la Première guerre mondiale – dont le pape avait dit que c’était une « boucherie inutile » – , le ministre français Viviani délégua Charles Loiseau au palais Farnèse – l’ambassade en Italie –  avec mission d’entretenir des contacts avec le Vatican, sans aucun caractère officiel.

A la fin de la guerre, les cartes étaient redistribuées. En avril 1919, Clemenceau nommait les évêques de Metz et de Strasbourg, le Concordat existant toujours pour l’Alsace-Lorraine. Le choix fut ratifié par Benoît XV. En mai, une pétition pour la reprise des relations recueillit un nombre important de signatures. De son côté le Saint-Siège paraissait très disposé à chercher un terrain d’entente avec la République française. Benoît XV aurait déclaré au cardinal Amette : « Si l’on me tend le doigt, j’ouvrirai la main. Si l’on me tend la main, j’ouvrirai les bras. »

En mars 1920, un diplomate de carrière, Jean Doulcet, était envoyé officiellement à Rome pour engager, en qualité de chargé de mission, des négociations en vue du rétablissement des relations diplomatiques. Le 30 novembre, la Chambre votait les crédits pour une ambassade. Le choix du diplomate se porta sur Charles Jonnart, sénateur du Pas-de-Calais.

Benoît XV décèda moins d’un an après le rétablissement, le 22 janvier 1922. Son successeur, Pie XI allait s’employer à les reconstruire.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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