« Le Pape vient rallumer le feu de la foi en Hongrie » explique l’ambassadeur de Hongrie près le Saint-Siège, Edouard de Habsbourg-Lorraine, en soulignant le sens et le contexte d’une telle visite pontificale pour le peuple d’Europe centrale, au micro de Radio Vatican (Delphine Allaire).
Pour l’ambassadeur, la venue du pape François « est un énorme cadeau pour les Hongrois. Nous sommes très conscients que le Pape normalement ne vient pas à des Congrès eucharistiques. Pour nous, c’est un signe que le Saint-Père aime les Hongrois, un honneur, un signe d’espérance car nous sortons d’un temps très difficile. Nous espérons tous que cette visite du Saint-Père va donner un nouveau feu à la foi en Hongrie et à tous les peuples après cette pandémie ».
Le rôle de l’Eglise dans la société hongroise a été abordé par le pape dans ses entretiens à Budapest. Et lors de la rencontre oecuménique, le pape a été accueilli par un évêque calviniste. L’ambassadeur précise: « La Hongrie est un pays chrétien, à majorité catholique. Les calvinistes sont très présents dans le secteur public, notre Premier ministre est calviniste. Les Églises travaillent avec l’État pour le bien de la société, comme le dit notre Constitution. Naturellement, il y a une très nette distinction entre État et Église, mais nous travaillons ensemble, tout comme avec les autres communautés religieuses. Les représentants des communautés religieuses sont visibles et respectés en Hongrie. C’est un pays où la foi est présente dans le secteur public. »
Il rappelle aussi l’importance du christianisme au coeur de l’Europe: « Elle est la même que dans tous les pays de la Mitteleuropa. En Hongrie, la particularité est la rencontre avec des éléments orientaux, la forte présence des gréco-catholiques, leur travail pour les roms, la présence de prêtres mariés avec enfants, qui seront à leur tour prêtres grec-catholiques. Les Églises orthodoxes, protestantes se rencontrent très bien, notamment sur ce congrès eucharistique, ce qui donne de fortes et belles couleurs à Budapest. »
L’ambassadeur rappelle aussi le contexte historique: « Les Hongrois ont l’habitude d’être occupés. Au XVIème siècle, 150 ans d’occupation ottomane, ensuite sont venus les Habsbourg, ma famille, puis par les nazis et les communistes. Nous avons aujourd’hui une Église très consciente des valeurs encore présentes chez nous, mais un peu oubliées en Europe occidentale: la famille, la nation, la foi. »
Edouard de Habsbourg-Lorraine re-situe la Hongrie dans le contexte de l’Europe: « Avec la Pologne, la Hongrie est l’un des pays au sein desquels l’enthousiasme pour l’Europe est le plus fort. J’entends souvent que la Hongrie quitterait l’Union européenne, pas du tout, jamais. La population est très enthousiaste de l’idée européenne, et les Hongrois se sentent européens. Le symbole le plus visible pour l’Église en Hongrie était que notre cardinal Peter Erdő était le président de la conférence épiscopale européenne pour un certain temps. Pendant longtemps, la Hongrie était derrière un rideau de fer, l’Europe se terminait à ce rideau. Mon oncle Otto de Habsbourg a lutté au Parlement européen pour dire «Paneurope», «toute l’Europe», à savoir les pays derrière le Rideau de fer aussi en font partie. Il avait raison. »