Le problème auquel « Traditionis custodes » a voulu apporter une réponse c’est le passage d’une décision « pastorale » à une « idéologie », explique le pape François qui révèle que le document a été élaboré avec « des traditionalistes de bon sens ». Par ce motu proprio, le pape dit avoir voulu « soutenir et consolider « Summorum Pontificum » », et « réorganiser » l’usage actuel « de manière constructive ». Le pape parle de « bi-ritualisme » des prêtres autorisés à célébrer en rite pré-conciliaire.
« L’histoire de ‘Traditionis custodes’ est longue », indique le pape, à propos du motu proprio publié avec une lettre aux évêques du monde, le 28 juillet 2021. Zenit en a publié le jour-même une traduction et une traduction de la lettre sur l’usage de la messe selon le rituel de saint Jean XXIII.
Le pape a répondu, en espagnol, à une question du journaliste Carlos Herrera dans un entretien diffusé ce mercredi matin 1er septembre 2021. Le week-end dernier, le pape avait accordé, à sa résidence au Vatican, la Maison Sainte-Marthe, une longue interview à Radio Cope, de la Conférence épiscopale espagnole. Le journaliste demande au pape si, par ce motu proprio, il n’a pas voulu « tapé sur la table »…
Le pape François évoque deux évaluations successives, comme prévu le pape Benoît XVI: « Je ne suis pas du genre à taper sur la table, ça ne me vient pas, a dit le pape. Je suis plutôt timide. L’histoire de ‘Traditionis custodes’ est longue. Quand d’abord saint Jean-Paul II – puis Benoît, plus clairement avec ‘Summorum Pontificum’ -, ont donné cette possibilité de pouvoir célébrer avec le missel Jean XXIII (antérieur à celui de Paul VI, qui est post-conciliaire) pour ceux qu’ils ne se sentaient pas bien dans la liturgie actuelle, qui avaient une certaine nostalgie… cela m’a semblé être une des choses pastorales les plus belles et les plus humaines de Benoît XVI, qui est un homme d’une exquise humanité. Et c’est ainsi que cela a commencé. Voilà la raison. Après trois ans, il a dit qu’il fallait faire une évaluation. Une évaluation a été faite et il semblait que tout allait bien. Et ça allait bien. »
Le pape épingle le danger d el’idéologie: « Depuis cette évaluation jusqu’à maintenant, dix ans se sont écoulés (c’est-à-dire treize depuis la promulgation) et l’année dernière nous avons vu avec les responsables du Culte et de la Doctrine de la foi qu’il convenait de faire une autre évaluation avec tous les évêques du monde. Et on l’a faite. Cela a pris toute l’année. Ensuite, la chose a été étudiée et, à partir de là, la préoccupation qui est apparue le plus c’était qu’une chose faite pour aider pastoralement ceux qui avaient vécu l’expérience antérieure, se transforme en une idéologie. En d’autres termes, d’une chose pastorale à une idéologie. Il fallait donc réagir avec des règles claires. »
Il souligne que Summorum Pontificum s’adressait à des personnes nostalgiques de leur expérience passée d’un rite, et non aux jeunes générations qui n’ont pas eu l’expérience de ce rite: « Des règles claires qui mettent une limite à ceux qui n’ont pas vécu cette expérience. Parce qu’il semblait que c’était à la mode dans certains endroits que les jeunes prêtres « ah, non,… je veux… » et là-bas ils ne connaissent pas le latin, ils ne savent pas ce qu’il disent. Et d’autre part, [des règles claires] qui soutiennent et consolident « Summorum Pontificum ». »
Le pape invite à accueillir ces conseils pastoraux: « J’ai plus ou moins fait le schéma, je l’ai fait étudier et j’ai travaillé, et j’ai beaucoup travaillé, avec des gens traditionalistes de bon sens. Et il en est ressorti cette recommandation pastorale qu’il faut accueillir, avec quelques limites mais bonne. Par exemple, que la proclamation de la Parole se fasse dans une langue que tout le monde comprenne ; sinon, c’est se moquer de la Parole de Dieu. Des petites choses. Mais oui, la limite est très claire. Après ce motu proprio, un prêtre qui veut célébrer [dans ce rite, ndlr] n’est pas dans les situations des précédents – c’était [auparavant] par nostalgie, parce qu’e [le prêtre] en avait le désir, etc – et là, il doit demander la permission à Rome. Une sorte de permis de bi-ritualisme, qui n’est donné que par Rome. [Comme] un prêtre qui célèbre en rite oriental ou en rite latin, est bi-rituel mais avec la permission de Rome. Autrement dit, jusqu’à aujourd’hui, les précédents continuent mais un peu ordonnés. Plus encore, on demande qu’il y ait un prêtre qui soit en charge non seulement de la liturgie mais de la vie spirituelle de cette communauté. Si vous lisez bien la lettre et que vous lisez bien le décret, vous verrez qu’il s’agit simplement de réorganiser de manière constructive, avec une attention pastorale et d’éviter un excès à ceux qui ne le sont pas … »