Audience générale du 26 mai 2021 © Vatican Media

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Catéchèse : « ce n’est pas nous qui devons convertir Dieu »

Le dernier jour et l’avant-dernier jour

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« Dans la prière, c’est Dieu qui doit nous convertir, ce n’est pas nous qui devons convertir Dieu », souligne le pape François qui invite à « l’humilité » durant l’audience générale de ce mercredi matin, 26 mai 2021.

En méditant dans sa catéchèse sur les prières sans réponse, le pape a constaté que « de nombreuses personnes sont soucieuses d’assurer que Dieu soient avec elles, mais peu d’entre elles se préoccupent de vérifier si elles sont effectivement avec Dieu ».

« Combien de fois avons-nous demandé une grâce, un miracle, disons-le ainsi, et rien ne s’est produit, a fait observer le pape. Ensuite, avec le temps, les choses se sont arrangées, mais à la manière de Dieu, la manière divine, pas selon ce que nous voulions à ce moment-là. Le temps de Dieu n’est pas notre temps. »

« Le mal, a aussi expliqué le pape, est le seigneur de l’avant-dernier jour… Le mal n’est jamais un seigneur du dernier jour, non: de l’avant-dernier, le moment où la nuit est la plus sombre, précisément avant l’aurore. Là, lors de l’avant-dernier jour, il y a la tentation où le mal nous fait croire qu’il a vaincu… Mais le mal n’est jamais le seigneur du dernier jour: Dieu est le Seigneur du dernier jour.  Car celui-ci n’appartient qu’à Dieu… le Seigneur est là le dernier jour et Il résout tout. »

AKM

Catéchèse – 35. La certitude d’être entendus

Chers frères et sœurs, bonjour!

Il existe une contestation radicale de la prière, qui dérive d’une observation que nous faisons tous: nous prions, nous demandons, et pourtant nos prières semblent parfois ne pas être écoutées: ce que nous avons demandé – pour nous ou pour les autres – ne s’est pas réalisé. Nous vivons cette expérience, très souvent. Ensuite, si le motif pour lequel nous avons prié était noble (comme peut l’être l’intercession pour la santé d’un malade, ou pour que cesse une guerre), sa non réalisation nous paraît scandaleuse. Par exemple, pour les guerres: nous prions pour que finissent les guerres, ces guerres dans tant de parties du monde, pensons au Yémen, pensons à la Syrie. Des pays qui sont en guerre depuis des années, des années! Des pays martyrisés par les guerres, nous prions et elles ne finissent pas. Mais comment cela se fait-il? «Certains cessent même de prier parce que, pensent-ils, leur demande n’est pas exaucée» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2734). Mais si Dieu est le Père, pourquoi ne nous écoute-t-il pas? Lui qui a assuré qu’il donnait de bonnes choses à ses enfants qui le lui demandent (cf. Mt 7,10), pourquoi ne répond-il pas à nos requêtes? Nous avons tous des expériences de ce genre : nous avons prié, prié, pour la maladie de cet ami, de ce père, de cette mère, et ensuite ils sont partis, Dieu ne nous a pas exaucés. C’est une expérience que nous avons tous faite.

Le Catéchisme nous offre une bonne synthèse sur cette question. Il nous met en garde contre le risque de ne pas vivre une authentique expérience de foi, mais de transformer la relation avec Dieu en quelque chose de magique. La prière n’est pas une baguette magique: c’est un dialogue avec le Seigneur. En effet, quand nous prions, nous pouvons tomber dans le risque que ce ne soit pas nous qui servons Dieu, mais de prétendre que ce soit Lui qui nous serve (cf. n. 2735). Voilà alors une prière qui réclame toujours, qui veut orienter les événements selon notre dessein, qui n’admet pas d’autres projets que nos désirs. Jésus a eu, en revanche, une grande sagesse en mettant sur nos lèvres le « Notre Père ». C’est uniquement une prière de demandes, comme nous le savons, mais les premières que nous prononçons sont entièrement du côté de Dieu. Elles demandent que se réalise non pas notre projet, mais sa volonté à l’égard du monde. Il vaut mieux Le laisser faire: «Que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne, que ta volonté soit faite» (Mt 6, 9-10).

Et l’apôtre Paul nous rappelle que nous ne savons même pas ce qu’il convient de demander (cf. Rm 8, 26). Nous demandons pour nos nécessités, nos besoins, les choses que nous voulons, «mais cela est mieux pour nous ou pas?». Paul nous dit : nous ne savons même pas ce qu’il convient de demander. Quand nous prions, nous devons être humbles : c’est la première attitude pour aller prier. De même qu’il y a l’habitude dans de nombreux endroits, où pour aller prier à l’église, les femmes se mettent le voile, ou bien de prendre l’eau bénite pour commencer à prier, nous devons réfléchir avant la prière à ce qui convient le plus afin que Dieu me donne ce qui convient le plus: Lui le sait. Quand nous prions nous devons être humbles,  pour que nos paroles soient effectivement des prières et non un verbiage que Dieu refuse. On peut également prier pour de mauvais motifs: par exemple, pour vaincre notre ennemi en guerre, sans se demander ce que Dieu pense de cette guerre. Il est facile d’écrire sur un étendard “Dieu est avec nous”; de nombreuses personnes sont soucieuses d’assurer que Dieu soient avec elles, mais peu d’entre elles se préoccupent de vérifier si elles sont effectivement avec Dieu. Dans la prière, c’est Dieu qui doit nous convertir, ce n’est pas nous qui devons convertir Dieu. C’est l’humilité. Je vais prier, mais Toi, Seigneur, convertis mon cœur pour qu’il demande ce qui convient, qu’il demande ce qui sera le mieux pour ma santé spirituelle.

Toutefois,  le scandale demeure: quand les hommes prient avec un cœur sincère, quand ils demandent des biens qui correspondent au Royaume de Dieu, quand une mère prie pour son enfant malade, pourquoi semble-t-il parfois que Dieu n’écoute pas? Pour répondre à cette question, il faut méditer calmement les Evangiles. Les récits de la vie de Jésus sont pleins de prières: de nombreuses personnes blessées dans leur corps et dans leur esprit lui demandent d’être guéries; il y a celui qui le prie pour un ami qui ne marche plus; il y a des pères et des mères qui lui amènent leurs garçons et leurs filles malades… Toutes ces prières sont imprégnées de souffrance. C’est un immense chœur qui invoque: “Aie pitié de nous!”.

Nous voyons que la réponse de Jésus est parfois immédiate, dans d’autres cas, en revanche, elle est différée dans le temps: il semble que Dieu ne répond pas.  Pensons à la femme cananéenne qui supplie Jésus pour sa fille: cette femme doit insister longuement pour être exaucée (cf. Mt 15, 21-28). Elle a aussi l’humilité d’écouter une parole de Jésus qui semble un peu offensante: nous ne devons pas jeter le pain aux chiens, aux petits chiens. Mais l’humiliation importe peu à cette femme: c’est la santé de sa fille qui importe. Et elle continue: «Oui, les petits chiens aussi mangent ce qui tombe de la table», et cela a plu à Jésus. Le courage dans la prière. Ou bien pensons au paralytique porté par ses quatre amis: au début Jésus pardonne ses péchés et ce n’est que dans un deuxième temps qu’il le guérit dans son corps (cf. Mc 2,1-12). Dans certaines occasions, la solution du drame n’est donc pas immédiate. Même dans notre vie, chacun de nous fait cette expérience. Ayons un peu de mémoire: combien de fois avons-nous demandé une grâce, un miracle, disons-le ainsi, et rien ne s’est produit. Ensuite, avec le temps, les choses se sont arrangées, mais à la manière de Dieu, la manière divine, pas selon ce que nous voulions à ce moment-là. Le temps de Dieu n’est pas notre temps.

De ce point de vue, la guérison de la fille de Jaïre mérite une attention particulière (cf. Mc 5,21-33). Il y a un père qui court haletant: sa fille est malade et c’est pour cette raison qu’il demande l’aide de Jésus. Le Maître accepte immédiatement, mais pendant qu’ils vont vers la maison, une autre guérison se produit, et ensuite arrive la nouvelle que la petite fille est morte. Cela semble la fin, en revanche Jésus dit au Père: «Sois sans crainte, aie seulement la foi!» (Mc 5, 36). “Continue à avoir la foi ”: car c’est la foi qui soutient la prière. Et en effet, Jésus réveillera cette petite fille du sommeil de la mort. Mais pendant un certain temps Jésus a dû marcher dans l’obscurité, avec seulement la petite flamme de la foi. Seigneur, donne-moi la foi! Que ma foi grandisse! Demander cette grâce, d’avoir la foi. Dans l’Evangile, Jésus dit que la foi déplace les montagnes. Mais avoir vraiment la foi. Jésus, devant la foi de ses pauvres, de ses hommes, tombe vaincu, il ressent une tendresse spéciale devant cette foi. Et il écoute.

La prière que Jésus adresse au Père au Gethsémani semble elle aussi ne pas être écoutée. «Père, si cela est possible, éloigne de moi ce qui m’attend». Il semble que le Père ne l’a pas écouté. Le Fils devra boire jusqu’à la lie le calice de la passion. Mais le Samedi saint n’est pas le chapitre final, car le troisième jour, c’est-à-dire le dimanche, il y a la résurrection. Le mal est le seigneur de l’avant-dernier jour: rappelez-vous bien de cela. Le mal n’est jamais un seigneur du dernier jour, non: de l’avant-dernier, le moment où la nuit est la plus sombre, précisément avant l’aurore. Là, lors de l’avant-dernier jour, il y a la tentation où le mal nous fait croire qu’il a vaincu: «Tu as vu? J’ai gagné!». Le mal est le seigneur de l’avant-dernier jour: le dernier jour, il y a la résurrection. Mais le mal n’est jamais le seigneur du dernier jour: Dieu est le Seigneur du dernier jour.  Car celui-ci n’appartient qu’à Dieu, et c’est le jour où s’accompliront toutes les aspirations humaines de salut. Apprenons cette patience humble d’attendre la grâce du Seigneur, attendre le dernier jour. Très souvent l’avant-dernier jour est très laid, car les souffrances humaines sont laides. Mais le Seigneur est là le dernier jour et Il résout tout.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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