Messe au collège arménien, 24 avril 2021 © Vatican News

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Le génocide arménien, précédé par « une anesthésie progressive de la conscience »

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« Une tache sur l’histoire de l’humanité tout entière »

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« Les grands événements négatifs sont toujours précédés d’une préhistoire d’anesthésie progressive de la conscience », fait observer le cardinal Sandri, à l’occasion du 106e anniversaire du génocide arménien, le « Medz Yeghern », le « Grand Mal ».

Une messe a été présidée, ce samedi 24 avril 2021, au Collège pontifical arménien de Rome, par Mgr Raphael Minassian, archevêque des Arméniens catholiques d’Arménie, de Géorgie, de Russie et d’Europe de l’Est,  en présence du cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, qui a tenu l’homélie, rapporte Radio Vatican.

Le cardinal argentin a évoqué ce qui précède les grands événements comme les génocides: le « Medz Yeghern », « le Grand Mal », « remet en question nos petits maux quotidiens, car les grands événements négatifs sont toujours précédés d’une préhistoire d’anesthésie progressive de la conscience ».
Indifférence, complicité, silence
Il a souligné la responsabilité collective dans ce génocide: « La tragédie d’il y a 106 ans est une tache sur l’histoire de l’humanité tout entière, et pas seulement de ceux qui ont été les protagonistes négatifs de cette époque ou de ceux qui, par indifférence ou complicité, ont gardé le silence. »
Aujourd’hui, a affirmé le cardinal Sandri, la pandémie doit pousser à la fraternité: « La pandémie que nous vivons est un drame, mais aussi une occasion de réfléchir au sens de l’existence, qui ne peut et ne doit pas être pensée comme un acte solitaire, mais toujours en solidarité et en fraternité. »
Il a invité à un examen de conscience: en parlant du « Medz Yeghern », du « Grand Crime », du « Grand Mal », les Arméniens invitent, a fait observer le cardinal Sandri, « à affronter chaque jour la question du mal dans l’histoire de l’humanité, mais surtout dans notre histoire personnelle ».
Eclairer l’humanité
Le cardinal Sandri a rappelé le baptême de l’Arménie: « Nos frères et sœurs ont subi une immense violence jusqu’à la mort en raison de leur appartenance à un peuple, le peuple arménien, entré dans l’histoire parce qu’il a été la première nation à recevoir le baptême, en 301, grâce à l’œuvre de Saint Grégoire l’Illuminateur. »

Le préfet des Eglises orientales a salué les dons des Arméniens: « Un peuple industrieux et intelligent, créateur d’art et de culture, qui par ses grandes figures dont certaines sont aussi des saints, a éclairé l’humanité bien au-delà des frontières du territoire arménien. »

Il a cité saint Grégoire de Narek, proclamé par le pape François docteur de l’Église universelle en 2015, et saint Mesrop, le créateur de l’alphabet arménien.

Un souvenir chrétien

Alors il a invité à vivre cet anniversaire sous le signe de ce baptême: « La lumière dans laquelle vivre et célébrer ce jour : ce n’est pas un acte politique, et ce n’est contre personne, mais c’est un souvenir chrétien de ceux qui nous ont quittés, en les confiant et en nous confiant à Dieu, et une supplication pour la conversion de tous les cœurs, de ceux qui ont fait le mal mais aussi du nôtre, qui a toujours besoin d’être guéri par le baume de la miséricorde divine. »

Le cardinal Sandri a lu la tragédie à la lumière de la résurrection du Christ: « La vie de nos frères et sœurs a été comme celle de Jésus, un grain de blé qui est tombé en terre et qui, en mourant, a donné la vie au monde entier, le sauvant : leur fruit demeure, et c’est nous qui, dans le monde, célébrons ce jour dans la foi. Que des graines de vie et de résurrection tombent de nos fruits dans notre histoire. »

A l’issue de la messe, un acte de commémoration a eu lieu devant le « Khachkar » – « pierre à croix » – érigé à la mémoire des victimes du génocide arménien, toujours selon la même source.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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