Un dialogue entre des responsables religieux et des scientifiques a été organisé sur le thème « Foi, Science, Société », à l’occasion du 52e Congrès eucharistique international organisé à Budapest du 5 au 12 septembre 2021, puisqu’en raison de la pandémie le congrès de 2020 a été reporté. Il a été marqué par une rencontre en ligne.
Un communiqué du CEI rappelle que le congrès vise à « la rencontre de Jésus-Christ », à « montrer la charité chrétienne au monde » et à « inciter un dialogue vif entre les nations et les religions ».
Une publication et un dialogue
C’est donc « au nom de la quête du dialogue interreligieux et de l’incitation à la coopération entre le monde ecclésial et scientifique » que se sont rencontrés le cardinal Péter Erdő, Zoltán Balog, évêque de l’Église protestante réformée, Szilveszter E. Vizi, chercheur sur le cerveau, et Slomó Köves, rabbin directeur, pour un colloque à la Radio nationale hongroise.
En effet, le programme du congrès de 2020 prévoyait une conférence, qui n’a pas pu avoir lieu, au cours de laquelle des experts scientifiques, hongrois et d’autres pays, auraient partagé leurs pensées sur « la foi, la science et leurs effets sociaux ».
Les participants ont cependant écrit leurs réflexions ce qui a permis la publication d’un livre intitulé « Foi, science, société ». Des experts en sciences naturelles et sociales, des juristes, des théologiens ont creusé des questions comme: est-il possible de justifier l’existence du Dieu infini par la seule raison? Existe-t-il un pont entre l’esprit et la matière, entre la foi et la raison, entre le monde immanent et le monde transcendant ? La pandémie, est-elle un châtiment divin ? Le mot-clé étant l’Eucharistie. Avec une fil directeur: l’écoute et la connaissance mutuelles, pour un dialogue, une réflexion commune sur le monde et entre croyants et non-croyants, scientifiques et membres de différentes religions.
Les participants ont aussi cherché, indique la même source, les points communs qui relient des membres des différentes religions: quelle image ont de Dieu un rabbin, un cardinal, un évêque protestant réformé ou un chercheur ? Le cardinal Péter Erdő a confié qu’il a fait « l’expérience de la présence de Dieu en contemplant la mer ». Le médecin chercheur a reconnu Dieu « en étudiant le monde créé « et en voyant « son ordre étonnant ». Que signifie être éduqué dans une famille profondément religieuse? Ou de retrouver Dieu malgré des parents athées, comme l’a fait our Zoltán Balog, évêque protestant. Quant au rabbin Slomó Köves, il a confié avoir commencé à réfléchir dès l’enfance sur « comment faire l’expérience de l’existence de Dieu grâce à la raison ».
Un moine homme de science
Les quatre intervenants sont tombés d’accord sur le fait que « foi et science vont de pair dans la quête de la vérité et d’une meilleure connaissance du monde ». Ils ont fait observer que « chaque fois que soit l’un soit l’autre côté est devenu la voie exclusive, c’est la communauté humaine qui en a payé le prix ».
Ils ont cité l’oeuvre du moine bénédictin Szaniszló Jáki (1924-2009), qui, en tant que physicien, a été l’élève du lauréat du Prix Nobel Victor F. Hesse (1883-1964). Ils ont fait observer que du fait de son désir de connaître le monde créé et de son expérience scientifique en théologie et en physique, Jáki a situé dans une « perspective nouvelle » aux relations entre la foi et la science. Visant à une meilleure connaissance du monde, il a refusé « l’exclusivité » de l’un et de l’autre. Et plusieurs papes ont suivi son œuvre scientifique avec une attention particulière: Jáki peut être considérée comme « le précurseur de l’encyclique Fide et ratio de saint Jean Paul II ».
A propos des relations interpersonnelles et entre communautés humaines, Szilveszter E. Vizi, en tant que médecin et chercheur, a souligné que la science se présente « comme le résultat du développement de la pensée humaine », et comme « une force qui crée et qui change le monde ». En même temps, a-t-il ajouté, le scientifique peut lui aussi « arriver au point de reconnaître qu’il existe dans le monde une structure étonnante, qui est Dieu-même ».
La pandémie et … Babel
La question de la pandémie était à l’ordre du jour. Zoltán Balog a mis la pandémie en parallèle avec l’histoire de la tour de Babel : « les deux situations ont apporté un effet global » et c’est un exemple de la « pédagogie divine »: il estime qu’il est temps de « s’arrêter » et de « considérer nos limites ».
Pour le cardinal Péter Erdő, « dans l’histoire de l’humanité, les épidémies ont toujours marqué un jalon de l’histoire culturelle »: « ces jalons n’étaient pas le résultat de quelque leçon tirée par les gens », du fait que « la situation avait globalement changé, apportant plusieurs effets ». Il estime qu’un « phénomène similaire est en train d’arriver ». Selon lui, l’épidémie « enseigne à évaluer », offre « une image de ce qui a une vraie valeur et est fondamental pour l’humanité ». Au-delà de la sécurité et de la nourriture, la religion se trouve aussi, dit-il, sur cette liste des « priorités », un fait éclairé par les débats autour de la fermeture des églises en Italie, dit-il: cette période offre la possibilité de reposer la question de la nécessité « dans ce monde globalisé », d’effectuer des « déplacements coûteux » et « préjudiciables à l’environnement », ou si, dans certains cas, « des conférences vidéos peuvent remplacer les rencontres personnelles ».
Szilveszter E. Vizi espère pour sa part une réaction „contre-Babel”: face à « un ennemi commun invisible », l’épidémie peut « enseigner à agir ensemble pour un bien commun et global ».
A propos de ce « danger invisible », Slomó Köves a souligné « la vulnérabilité et un faux sentiment de sécurité »: « nous avons voulu établir cette sécurité par nous-mêmes, cette sécurité que nous pensons être le plus important ». Ill fait observer que « l’humanité était devenue orgueilleuse, juste comme les bâtisseurs de la tour de Babel. » et qu’elle « a construit des murs finis » alors que « c’est seulement le transcendant infini qui peut offrir de la vraie sécurité ».