Cirque de Cuba, audience du 2 janvier 2018 © Vatican Media

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De la joie aux malades, le Saint-Siège lance un défi aux cirques

Envoyer des photos de spectacles au pape

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Faire « des miracles de joie », réconforter les malades avec le rire, et en envoyer le témoignage au pape François : c’est le défi que le Saint-Siège lance aux artistes du cirque, pour la 11ème Journée mondiale du cirque, le 17 avril 2021.

Dans un message adresé à Urs Pilz, président de la Fédération mondiale du cirque, le cardinal Peter Turkson s’inquiète de « la situation tragique des compagnies de cirque en Europe, qui emploient des dizaines de milliers d’artistes et hébergent des milliers d’animaux » et qui se trouvent sans moyen de subsistance en raison de la pandémie.

Saluant « la disponibilité de tous les artistes à recommencer à susciter des sourires et du bonheur chez les enfants et les adultes », le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral demande aux artistes des cirques des quatre coins du monde « de visiter et soulager dès que possible les enfants et les personnes âgées qui se trouvent dans des lieux de soin ».

« En effet, souligne-t-il, les grands-parents et leurs petits-enfants sont les spectateurs les plus présents sous les chapiteaux, et (ils) ont payé le prix le plus grand de la pandémie. Ils ont besoin, tout comme les artistes du cirque, de l’explosion de joie pure que le cirque est capable de susciter. Et ceux qui prennent soin de leur santé ont également besoin du soulagement du rire. »

Le dicastère invite les artistes à envoyer des photographies ou des courtes vidéos au Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral par la poste (Palazzo San Calisto V-00120 Cité du Vatican) ou bien par courriel (a.silvi@humandevelopment.va) afin d’offrir au pape François « un témoignage de ces miracles de joie » des spectacles du cirque.

Voici le message publié en français par le Vatican.

Message du cardinal Turkson

Monsieur le Président,

La pastorale des gens du cirque est confiée, entre autres, au Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral. A l’occasion de la 11ème Journée Mondiale du Cirque, traditionnellement promue par la Fédération Mondiale du Cirque, sous le haut patronage de S.A.S. la Princesse Stéphanie de Monaco, qui se célèbre le troisième samedi d’avril de chaque année, ce prochain samedi 17 avril, je souhaite exprimer notre sincère proximité à la communauté du cirque et à ses protagonistes, des véritables « artisans de la fête » comme les définissait le Pape François le 16 juin 2016.

L’année dernière, la Fédération a décidé d’annuler les célébrations de la 11ème Journée, en raison de la pandémie de Covid-19. M. István Ujhelyi, membre du Parlement Européen et Ambassadeur Honoraire de la Fédération mondiale du Cirque, avec vous-même et M. Helmut Grosscurth, Directeur Exécutif de l’Association Européenne du Cirque, vous êtes adressés à Mme Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission Européenne, et à Mme Mariya Gabriel, Commissaire Européenne à l’Education et à la Culture, pour illustrer la situation tragique des compagnies de cirque en Europe, qui emploient des dizaines de milliers d’artistes et hébergent des milliers d’animaux. Le prolongement de la situation d’urgence, ainsi que des mesures contre les rassemblements ont menacé l’existence même de l’industrie du cirque dans le monde ainsi que de ses entreprises, souvent à gestion familiale, qui ont dû s’endetter dans l’espérance de temps meilleurs. Pour protéger cet art qui, en Europe, a plus de 250 ans d’histoire et fait la joie des adultes et des enfants, un soutien est important, tant de la part de l’Union européenne que de chaque pays, appelés à protéger ceux qui sont les plus faibles et aussi les secteurs les plus fragiles de l’économie.

Par la volonté du Pape François, le Dicastère est le point focal pour le Covid-19 et s’engage à écouter et à soutenir les Églises particulières dans le monde. Les Evêques ont partagé les souffrances physiques et psychologiques causées par la pandémie, les crises existantes qui se sont intensifiées sans merci aussi en raison des mesures drastiques qu’il a fallu prendre pour sauver les plus fragiles d’entre nous, le burn-out de ceux qui ont été et continuent d’être en première ligne dans la lutte contre le virus, la désorientation de toute la société. Il s’agit de blessures qui seront longues et complexes à cicatriser, mais nous sommes tous appelés à le faire ensemble.

Il était réconfortant de voir que le baume de la charité a été déjà versé sur ces plaies. Un soutien petit ou grand est venu des paroisses et diocèses à travers les Caritas et les organisations caritatives catholiques, qui ont également répondu aux appels des gens du cirque, venant au secours des artistes et des animaux ; en Italie, la protection civile et Coldiretti sont également intervenues, tout comme des particuliers, des administrations locales et des villages entiers.

La pandémie nous a rappelé que nous nous trouvons « dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement », comme l’a dit le Pape François le 27 mars 2020 sur le parterre mouillé de pluie d’une place Saint-Pierre vide. Nous retrouver devant l’épreuve nous a montré une fois de plus « que personne ne se sauve tout seul » et que « au milieu de notre tempête, [le Seigneur] nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage » 1.

Pour éviter que la souffrance du monde soit stérile et pour faire en sorte qu’elle acquière un sens et nous aide à préparer un avenir différent, signe avant-coureur d’un changement génératif, le Pape nous exhorte à la vivre comme l’a fait le Bon Samaritain, modèle à suivre pour construire des relations réelles et nouvelles avec les autres. Le deuil, la maladie, les difficultés de toute sorte nous ont révélé que « notre existence à tous est profondément liée à celle des autres : la vie n’est pas un temps qui s’écoule, mais un temps de rencontre »2, un temps de fraternité, un antidote véritable et puissant à la culture de l’exclusion et du rejet. La pandémie a mis en lumière la direction où l’indifférence nous conduit, elle nous oblige à décider de quel côté aller, en raison des problèmes et des crises interconnectées qu’elle a brutalement dénoncées : « Il y a simplement deux types de personnes : celles qui prennent en charge la douleur et celles qui passent outre … la paresse sociale et politique … créent beaucoup de marginalisés abandonnés au bord de la route »3. La pandémie est une loupe qui révèle des vulnérabilités anciennes et nouvelles qui nous interpellent personnellement. En effet, nous sommes appelés à être co-responsables des processus de transformation remettant la personne au centre et créant une culture d’inclusion, d’intégration et de soutien, qui aide à s’impliquer directement à faire face aux difficultés réelles des nécessiteux, qui risquent de rester à l’écart. Ainsi nous pourrons découvrir « sens social de l’existence, la dimension fraternelle de la spiritualité, la conviction de la dignité inaliénable de chaque personne et les motivations pour aimer et accueillir tout le monde »4.

L’eurodéputé M. István Ujhelyi avait sorti une très belle vidéo, portrayant d’une part la souffrance du cirque, et d’autre part répétant la disponibilité de tous les artistes à recommencer à susciter des sourires et du bonheur chez les enfants et les adultes5. C’est la même disponibilité du Rony Roller Circus qui m’a accompagné à l’hôpital du Pape, Bambino Gesù, le 17 janvier 2020 : un beau cadeau pour les enfants malades, une émotion importante que les artistes chérissent dans leur cœur, la fête de la vie dans la douleur et la souffrance, surtout celle atteignant les plus petits.

Comme je l’ai dit à l’occasion de ce beau moment vécu avec les enfants malades, « donner à un petit patient un souvenir de joie lié à un moment délicat de sa vie, c’est alléger son fardeau douleur, soulager le chagrin des parents qui l’accompagnent et, aussi, aider les médecins et les infirmiers, leur offrant un peu de joie nourrissant la mission extraordinaire qu’ils accomplissent chaque jour au service des autres ».

C’est pour cela que je demande aux artistes des cirques des quatre coins du monde, qui souffrent à cause des conséquences de cette pandémie, de visiter et soulager dès que possible les enfants et les personnes âgées qui se trouvent dans des lieux de soin. En effet, les grands-parents et leurs petits-enfants sont les spectateurs les plus présents sous les chapiteaux, et qui ont payé le prix le plus grand de la pandémie. Ils ont besoin, tout comme les artistes du cirque, de l’explosion de joie pure que le cirque est capable de susciter. Et ceux qui prennent soin de leur santé ont également besoin du soulagement du rire.

Nous souhaitons offrir au Saint-Père un témoignage de ces miracles de joie que vous saurez réaliser partout où vous pourrez mettre en scène vos spectacles : vous pourrez envoyer des photographies ou des courtes vidéos au Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral par la poste (Palazzo San Calisto V-00120 Cité du Vatican) ou bien par courriel (a.silvi@humandevelopment.va).

Veuillez agréer nos meilleurs vœux pour cette Journée, pour laquelle je demande l’intercession maternelle de la Vierge Marie et la bénédiction divine sur les organisateurs et les participants. Je saisis volontiers cette occasion pour vous exprimer mes salutations cordialement dévouées

Peter K.A. Cardinal Turkson
Préfet

1 Moment extraordinaire de prière en temps d’épidémie, présidé par le Pape François, le 27 mars 2020.
2 François, Lettre Encyclique Fratelli Tutti, n. 66.
3 Ibid., n. 70-71.
4 Ibid., n. 86.
5 https://youtu.be/JQs0LxyyrBA

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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