Comment vivre Pâques 2021, après « le long Carême de la pandémie » ? Quelle espérance la Résurrection du Christ apporte-t-elle après ces « 400 jours » de pénitence et de privation – un temps dix fois plus long qu’un Carême ordinaire – depuis la date historique du 11 mars 2020, lorsque l’Organisation mondiale de la Santé déclarait pandémie la Covid-19 ? C’est la question posée par le cardinal Czerny, dans l’édition en italien de L’Osservatore Romano du 8 avril 2021.
Signant un article intitulé : « Une Pâques pour renaître après le long carême de la pandémie. De la joie de la résurrection, l’invitation à l’espérance relancée par le pape François », le sous-secrétaire de la Section Migrants et Réfugiés du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral suggère : cette année, la fête de Pâques ne devrait-elle donc pas « avoir dix fois “la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur“ (Ep 3,18) d’une Pâques ordinaire » ?
Un « long Carême »
Le cardinal Czerny invite à poser un regard lucide sur les « problèmes économiques, sanitaires, politiques et environnementaux » et sur les « injustices toujours plus graves » mises en lumière et aggravées par la pandémie. Et pointe du doigt « notre incapacité, en tant que communauté mondiale de nations » à assurer une « distribution équitable du vaccin ».
Avec la pandémie, rappelle-t-il, « le besoin d’accueil et de protection » s’est étendu, tandis que de nombreux pays « ont réduit leur accueil ». Et le cardinal d’énumérer les travailleurs dont l’activité est en suspens ou qui ne peuvent rentrer dans leur pays, les personnes vivant dans des « conditions de promiscuité et dans des zones très pauvres », certains établissements de soins pour personnes âgées, les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, les enfants et adolescents non accompagnés, les conséquences du changement climatique…
Des « signes d’espérance »
Devant ce tableau, est-il encore permis d’espérer ? « L’humanité peut-elle, en 2021, confesser ses péchés et corriger ses comportements destructeurs sur lesquels la pandémie a jeté sa lumière impitoyable ? Avons-nous ce que les catholiques appellent la “ferme résolution de s’amender“ ? Quand le pape François consacre un chapitre de Fratelli tutti à une “meilleure politique“, pensons-nous que c’est effectivement possible ? », interroge l’auteur de l’article.
« L’esprit du bon Samaritain » est vivant, répond le jésuite qui témoigne de « nombreuses initiatives, de nombreux actes d’une exceptionnelle compassion », de « véritables sanctuaires et écoles de solidarité ». A l’idée d’un « retour à la normalité », il oppose donc la voie de la « solidarité » : « Il ne doit pas exister de nostalgie d’un retour joyeux à notre existence d’avant la Covid », insiste-t-il. Dans son Dicastère, les mots d’ordre sont « accueillir » et « protéger ».
Le « pouvoir de la Résurrection »
« Pâques nous apprend à renouveler notre foi en Dieu le Père tout-puissant », conclut le cardinal canadien. Et il évoque, sous forme de vœux, « l’immense joie pascale de croire au point d’amorcer une conversion effective » pour « finalement inverser la crise climatique », « l’immense joie pascale d’un nouveau regard qui nous rend capables de distribuer équitablement les vaccins anti-Covid » (…), « l’immense joie pascale de vivre Fratelli tutti et d’accueillir de nouveaux membres dans nos communautés (…) dans notre culture et notre société ».