Prière pour le monde, 27 mars 2020 © Vatican Media

Prière pour le monde, 27 mars 2020 © Vatican Media

Souvenirs du pape: « une prière qui a uni le monde » le 27 mars 2020

La « Statio Orbis »: «C’était impressionnant»

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Ces « souvenirs d’une prière qui a uni le monde », le 27 mars 2020, dans L’Osservatore Romano du 26 mars, sont réunis par le pape François, grâce à Lucio Adrian Ruiz. Ce « Moment extraordinaire de prière en temps de pandémie », a marqué les esprits, il y a un an. Voici notre traduction de l’italien par Hélène Ginabat.

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Le pape vient de terminer une des audiences du mercredi. Il se recueille en silence et regarde les images du 27 mars, revivant ce qui s’est produit (alors) ce vendredi de Carême. Revoir les étapes de la Statio Orbis célébrée sur la Place Saint-Pierre vide, sous la pluie, avec les prières interrompues par le son des sirènes, est pour lui une expérience qui va au-delà du simple souvenir. Sur son visage affleure une attitude de prière. Nous lui demandons ce qu’il a éprouvé lorsqu’en silence, il montait vers le parvis de la basilique :

– Pape François : « Je marchais comme cela, seul, pensant à la solitude de tant de personnes… une pensée inclusive, une pensée avec la tête et avec le cœur, ensemble… Je sentais tout cela et je marchais… ».

Le monde regardait l’évêque de Rome et priait avec lui en silence. Il regardait le pape comme un intercesseur entre Dieu et nous, son peuple. Et nous demandons à François ce qu’il a dit à Dieu à ce moment-là :

– « Tu connais cela : en 1 500, tu as déjà résolu une situation de ce genre, “meté mano“. J’utilise beaucoup cette expression “mets-y la main“. Très souvent dans la prière, je dis : “Mets-y la main, s’il te plaît !“ ».

Le regard du pape se pose sur la Place Saint-Pierre vide. Nous lui demandons ce qu’il pensait à ce moment-là, quelle était sa pensée au sujet du peuple et de la souffrance de tant de personnes :

– « Deux choses me sont venues à l’esprit : la Place vide, les personnes unies à distance… et de ce côté-ci, la barque des migrants, ce monument… Et nous sommes tous dans la barque et, dans cette barque, nous ne savons pas combien pourront débarquer… Tout un drame devant la barque, la peste, la solitude… en silence… ».

La barque est citée dans l’évangile de Marc qui a été lu ce soir-là. Et il est présent sur la Place, représentée dans le monument évoquant les migrants. Voilà pourquoi, de temps en temps, le regard de l’évêque de Rome se tournait vers la colonnade de droite, vers ce monument peu perceptible dans l’obscurité.

– « La barque !… répète le pape en chuchotant presque.

Nous lui demandons à qui il pensait particulièrement à ce moment-là, qui en avait davantage besoin, qui il confiait au Seigneur dans sa prière. Il répond de nouveau à voix basse :

– « Tout était uni : le peuple, la barque et la souffrance de tous… »

Qu’est-ce qui a soutenu le pape ? Qu’est-ce qui lui a donné la force et l’espérance à ce moment si intense et si dramatique ? François reste en silence quelques instants, regardant cette photo :

– « Embrasser les pieds du Crucifix donne toujours de l’espérance. Il sait, lui, ce que signifie marcher et il connaît la quarantaine parce qu’on lui a mis deux clous, là, pour l’immobiliser. Les pieds de Jésus sont une boussole dans la vie des gens, quand il marche et quand il s’arrête. Les pieds de Jésus me touchent beaucoup… »

Les images défilent lentement. Voici celle qui le représente avec les parements liturgiques dans l’atrium de la basilique. Sur le pavement, une grande inscription gravée, 11 octobre 1962. Nous la lui faisons remarquer. Il s’exclame aussitôt :

– « C’était le début du Concile ! »

Nous évoquons la citation du fameux « Discours de la Lune » de Jean XXIII, qui s’était présenté à la fenêtre de son bureau, de manière inattendue, pour bénir une grande foule de fidèles avec des flambeaux et qui leur dit : « Emportez la caresse du pape à vos enfants ». François écoute en silence…

-« A ce moment-là, je ne l’ai pas remarquée… »

C’est une coïncidence… comme pour signifier qu’une nouvelle caresse du pape devait être apportée à la maison, dans toutes les maisons, où la souffrance et la solitude des familles isolées, dans les couloirs des hôpitaux où les malades montaient leur Calvaire sans la proximité et le réconfort de leurs proches. Il acquiesce d’un geste de la tête :

– « Oui… oui… ».

Nous reprenons le flux des souvenirs, de repenser à ces moments devant les images qui les dépeignent.

– « J’étais en prière devant le Seigneur… là… Une prière d’intercession devant Dieu… ».

L’absence de personnes sur la Place désespérément vide. Tellement différente de toutes les autres fois, de toutes les autres célébrations. Mais le pape percevait-il la présence des fidèles, des croyants et des non-croyants ? Sentait-il que tellement de personnes étaient reliées, à ce moment-là, avec le Successeur de Pierre et entre elles, à travers les médias ?

– « J’étais en contact avec les gens. Je n’ai pas été seul, à aucun moment… ».

Mais à propos de la Place vide, il ajoute:

– « … c’était impressionnant ».

La Statio Orbis si dépouillée, privée de tout. Privée du concours du peuple de Dieu. Mais avec quelques présences significatives. Nous lui demandons comment il l’a vécue :

– « Et bien. Il y avait la Vierge… C’est moi qui ai demandé qu’il y ait la Vierge, la « Salus Populi romani » (icône de Marie Salut du peuple romain qui est à Sainte-Marie-Majeure, ndlr), je voulais qu’elle y soit… Et le Christ… le Christ miraculeux… » (de l’église San Marcello al Corso, ndlr).

On a dit et écrit que cet événement du 27 mars était destiné à rester dans l’histoire et dans la mémoire de tous. Le pape referme le livre de souvenirs et conclut:

– « … cela a été quelque chose d’unique… Tout est parti d’un pauvre aumônier de prison… »

 

Texte italien © L’Osservatore Romano

Traduction © Zenit

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Hélène Ginabat

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