« Appeler sans cesse l’Esprit, pour qu’il soit présent dans nos vies »: c’est la recommandation du pape François lors de l’audience de ce mercredi matin, 17 mars 2021, depuis la bibliothèque privée du palais apostolique du Vatican.
Le pape François a poursuivi son cycle de catéchèses – c’était la 26e – sur la prière par le deuxième volet de sa catéchèse sur la prière et la Sainte Trinité, consacrée à l’Esprit Saint.
« »Il arrive souvent que nous ne prions pas, nous n’avons pas envie de prier, ou bien souvent, nous prions comme des perroquets avec la bouche, mais notre cœur est loin. C’est le moment de dire à l’Esprit: «Viens, viens Esprit Saint, réchauffe mon cœur. Viens et enseigne-moi à prier, enseigne-moi à regarder le Père, à regarder le Fils. Enseigne-moi quelle est le chemin de la foi. Enseigne-moi comment aimer et surtout enseigne-moi à avoir une attitude d’espérance ». Il s’agit d’appeler sans cesse l’Esprit, pour qu’il soit présent dans nos vies », a recommandé le pape François.
Voici la traduction officielle du Vatican.
AB
Catéchèse du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour!
Aujourd’hui, nous poursuivons la catéchèse sur la prière comme relation avec la Très Sainte Trinité, en particulier avec l’Esprit Saint.
Le premier don de chaque existence chrétienne est l’Esprit Saint. Ce n’est pas l’un des nombreux dons, mais le Don fondamental. L’Esprit est le don que Jésus avait promis de nous envoyer. Sans l’Esprit, il n’y a pas de relation avec le Christ et avec le Père. Car l’Esprit ouvre notre cœur à la présence de Dieu et l’attire dans ce “tourbillon” d’amour qui est le cœur même de Dieu. Nous ne sommes pas seulement des hôtes et des pèlerins en chemin sur cette terre, nous sommes également des hôtes et des pèlerins dans le mystère de la Trinité.
Nous sommes comme Abraham qui, un jour, en accueillant dans sa propre tente trois voyageurs, rencontra Dieu. En vérité, si nous pouvons invoquer Dieu en l’appelant “Abbà – Père”, c’est parce que l’Esprit Saint habite en nous; c’est Lui qui nous transforme en profondeur et nous fait expérimenter la joie émouvante d’être aimés par Dieu comme de vrais enfants. Tout le travail spirituel en nous à l’égard de Dieu est fait par l’Esprit Saint, ce don. Il travaille en nous pour faire avancer notre vie chrétienne vers le Père, avec Jésus.
A cet égard, le Catéchisme dit: «Chaque fois que nous commençons à prier Jésus, c’est l’Esprit Saint qui, par sa grâce prévenante, nous attire sur le Chemin de la prière. Puisqu’il nous apprend à prier en nous rappelant le Christ, comment ne pas le prier lui-même ? C’est pourquoi l’Eglise nous invite à implorer chaque jour le Saint Esprit, spécialement au commencement et au terme de toute action importante» (n. 2670). Voilà quelle est l’œuvre de l’Esprit en nous. Il nous “rappelle” Jésus et nous le rend présent – nous pouvons dire qu’il est notre mémoire trinitaire, il est la mémoire de Dieu en nous –, et il rend Jésus présent, pour qu’il ne se réduise pas à un personnage du passé : c’est-à-dire que l’Esprit apporte Jésus au présent dans notre conscience.
Si le Christ était seulement éloigné dans le temps, nous serions seuls et égarés dans le monde. Certes, nous nous rappellerions Jésus, là-bas, éloigné, mais c’est l’Esprit qui l’amène aujourd’hui, maintenant, en ce moment dans notre cœur. Mais tout est vivifié dans l’Esprit: aux chrétiens de chaque temps et de chaque lieu est ouverte la possibilité de rencontrer le Christ. Il existe la possibilité de rencontrer Jésus, mais pas seulement comme un personnage historique. Non: Lui attire Jésus dans nos cœurs, c’est l’Esprit qui nous fait rencontrer le Christ. Il n’est pas éloigné, l’Esprit est avec nous: Jésus éduque encore ses disciples en transformant leur cœur, comme il fit avec Pierre, avec Paul, avec Marie de Magdala, avec tous les apôtres. Mais pourquoi Jésus est-il présent? Parce que c’est l’Esprit qui l’amène en nous.
C’est l’expérience qu’ont vécue tant d’orants: des hommes et des femmes que l’Esprit a formés selon la “mesure” du Christ, dans la miséricorde, dans le service, dans la prière, dans la catéchèse… C’est une grâce de pouvoir rencontrer de telles personnes: on s’aperçoit qu’en elles palpite une vie différente, leur regard voit “au-delà”. Ne pensons pas seulement aux moines, aux ermites; on les trouve également parmi les personnes communes, des gens qui ont tissé une longue histoire de dialogue avec Dieu, parfois de lutte intérieure, qui purifie la foi. Ces témoins humbles ont cherché Dieu dans l’Evangile, dans l’Eucharistie reçue et adorée, sur le visage de leur frère en difficulté, et ils conservent sa présence comme un feu secret.
La première tâche des chrétiens est précisément de maintenir vivant ce feu que Jésus a apporté sur la terre (cf. Lc 12, 49), et quel est ce feu ? C’est l’Amour, l’Amour de Dieu, l’Esprit Saint. Sans le feu de l’Esprit, les prophéties s’éteignent, la tristesse l’emporte sur la joie, l’habitude remplace l’amour, le service se transforme en esclavage. L’image de la lampe allumée à côté du tabernacle, où l’on conserve l’Eucharistie, vient à l’esprit. Même quand l’église se vide et que le soir descend, également quand l’église est fermée, cette lampe reste allumée, elle continue à brûler: personne ne la voit, pourtant elle brûle devant le Seigneur. Ainsi, l’Esprit est toujours présent dans notre cœur, comme cette lampe.
Nous trouvons encore écrit dans le Catéchisme: «L’Esprit Saint, dont l’Onction imprègne tout notre être, est le Maître intérieur de la prière chrétienne. Il est l’artisan de la tradition vivante de la prière. Certes, il y a autant de cheminements dans la prière que de priants, mais c’est le même Esprit qui agit en tous et avec tous. C’est dans la communion de l’Esprit Saint que la prière chrétienne est prière dans l’Eglise» (n. 2672). Il arrive souvent que nous ne prions pas, nous n’avons pas envie de prier, ou bien souvent, nous prions comme des perroquets avec la bouche, mais notre cœur est loin. C’est le moment de dire à l’Esprit: «Viens, viens Esprit Saint, réchauffe mon cœur. Viens et enseigne-moi à prier, enseigne-moi à regarder le Père, à regarder le Fils. Enseigne-moi quelle est le chemin de la foi. Enseigne-moi comment aimer et surtout enseigne-moi à avoir une attitude d’espérance ». Il s’agit d’appeler sans cesse l’Esprit, pour qu’il soit présent dans nos vies.
C’est donc l’Esprit qui écrit l’histoire de l’Eglise et du monde. Nous sommes des pages ouvertes, disponibles à recevoir sa calligraphie. Et en chacun de nous l’Esprit compose des œuvres originales, car il n’y a jamais un chrétien complètement identique à un autre. Dans le domaine infini da la sainteté, l’unique Dieu, Trinité d’Amour, fait fleurir la variété des témoins: tous égaux en dignité, mais également uniques par la beauté que l’Esprit a voulu libérer en chacun de ceux que la miséricorde de Dieu a rendu ses enfants. N’oublions pas, l’Esprit est présent, il est présent en nous. Ecoutons l’Esprit, appelons l’Esprit – c’est le don, le cadeau que Dieu nous a fait – et disons-lui: «Esprit Saint, je ne sais pas quel est ton visage – nous ne le connaissons pas – mais je sais que tu es la force, que tu es la lumière, que tu es capable de me faire avancer et de m’enseigner à prier. Viens Esprit Saint». Voilà une belle prière: «Viens, Esprit Saint».
Copyright – Librairie éditrice du Vatican