Le pape François a rendu visite à Mme Edith Bruck, poétesse et survivante de la Shoah, chez elle à Rome, ce samedi 20 février 2021, à 16h, annonce le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, dans un communiqué en italien. La rencontre a duré environ une heure.
C’était la première sortie du pape du Vatican depuis le 15 mars et son pèlerinage au Christ de San Marcello et à Sainte-Marie-Majeure.
Le pape est donc revenu dans une rue du centre de Rome pour rencontrer Edith Bruck: le pape avait été touché par son interview dans L’Osservatore Romano. Elle y racontait l’horreur vécue par elle et sa famille pendant la persécution nazie. Il avait alors demandé de pouvoir la rencontrer.
Dans leur entretien il a été question des « moments de lumière » qui ont marqué « l’expérience de l’enfer des camps de concentration » et d’extermination, indique Matteo Bruni.
Et il a aussi été question des « peurs » et des « espérances » pour l’époque actuelle, pour souligner « la valeur de la mémoire et le rôle des personnes âgées pour la cultiver et la transmettre aux plus jeunes ».
Vers 17h, le pape François et Mme Bruck se sont salués et le pape est rentré au Vatican.
Edith Bruck, juive hongroise, qui aura 89 ans le 3 mai prochain, a été déportée à douze ans à Auschwitz, avec ses parents, deux frères et sa soeur. Sa mère y est décédée. Sa famille a été transférée à Dachau, où son père est mort lui aussi.
Les quatre enfants furent alors transférés à Christianstadt et finalement à Bergen-Belsen, jusqu’à la libération du camp, le 15 avril 1945 par les troupes britanniques et canadiennes: un de ses frères ne reviendra pas de captivité.
Après avoir cherché sa place dans différents pays d’Europe, elle partira quelques années en Israël et puis elle ira s’installer en Italie et elle deviendra italienne.
Edith Bruck est ainsi arrivée à Rome en 1954. Elle a épousé Nelo Risi, metteur en scène comme son frère, le cinéaste Dino Risi.
Elle a ensuite consacré son existence de rescapée à la transmission orale de ses souvenirs et à « la littérature de la Shoah », si bien qu’elle a été surnommée affectueusement et respectueusement en Italie « Signora Auschwitz », titre de l’un de ses livres (éd. Kimé).
Elle s’est épuisée, pendant quarante ans, à transmettre son expérience auprès des jeunes dans les écoles et les lycées, au point de devoir être hospitalisée à Vérone, après une intervention auprès de jeunes, à Bologne.
Pour Edith Bruck, l’antisémitisme est toujours aujourd’hui « un nuage noir au-dessus de l’Europe ».