« Parler et écouter différemment » : c’est la mission que le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin a confiée à Radio Vatican, lors d’une messe matinale à Saint-Pierre de Rome, ce 12 février 2021, pour les 90 ans du média.
En présence de Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la communication, et d’Andrea Tornielli, directeur éditorial du dicastère, au premier rang, le « numéro 2 » du Vatican a rendu hommage à « tous ceux qui ont offert et continuent à offrir avec générosité leur contribution pour transmettre la voix du pape dans le monde ».
Dans un contexte de communication « qui semble miser davantage sur l’utile que sur l’humain », et qui a « besoin d’être assaini », le cardinal Parolin a encouragé à « parler et écouter différemment ».
Créée comme une « avant-garde technologique » en 1931, a-t-il souligné, Radio Vatican « a représenté dès ses origines un signe d’ouverture au monde, non seulement du point de vue géographique, en rejoignant les latitudes les plus distantes, mais aussi du point de vue historique, devenant un jalon dans l’innovation de la communication ».
Radio Vatican est devenue « un réseau diffusé partout, expression de l’universalité de l’Eglise », a encore affirmé le cardinal, qui a cité le rôle de la radio durant la seconde guerre mondiale, comme instrument de la Secrétairerie d’Etat « pour retrouver et contacter les familles des déplacés et des prisonniers ». Plus d’un million de messages ont été diffusés pour réunir des proches, sur les ondes du plus petit Etat du monde.
Le doigt de Dieu et le doigt d’Adam
Pour le secrétaire d’Etat, s’adapter aux exigences actuelles n’est pas « une stratégie nécessaire, c’est avant tout un besoin de la foi », qui conduit « à s’ouvrir, lutter contre les fermetures et les rigidités », dépasser les « légalismes religieux ». En effet, « la vie chrétienne ne peut pas se contenter de gérer la grâce reçue », mais elle est appelée « à mettre en jeu ses talents », dans une attitude « créative », pour incarner « la nouveauté de l’Evangile ».
Il a mis en garde contre la tentation des « particularismes », la tentation de rester « sourd aux appels de Dieu et muet pour lui répondre », et contre celle de rester chez soi, position « moins difficile que de s’aventurer dans les défis de la mission dans des lieux étrangers ». Le secrétaire d’Etat a alors cité l’image des doigts de Dieu et d’Adam dans la fresque de la Chapelle Sixtine : tandis que le doigt de Dieu est tendu, celui d’Adam est plié, il peut aussi bien « se soulever que se replier sur soi », représentant « l’oscillation de notre rapport avec Dieu ».
Au fil de son homélie, le cardinal Parolin a exhorté les journalistes de Radio Vatican à être « des auditeurs et des anonciateurs de la Parole de Dieu » : « Dans la fatigue inévitabable de tous les jours, a-t-il dit, fondez votre service sur le contact transparent avec le Seigneur ».
Pour que la relation avec Dieu ne soit pas « une habitude », il faut « redécouvrir l’intimité avec lui », sans crainte de lui confier « ses fragilités », a-t-il conclu en assurant que le Seigneur ne veut pas rester « en superficie » mais toucher la vie « en profondeur ».
Radio Vatican a été créée par Guglielmo Marconi sur demande de Pie XI qui l’a inaugurée le 12 février 1931. Sa gestion a été confiée à la Compagnie de Jésus, dont le dernier représentant, le père Federico Lombardi – présent à la messe – fut 10 ans directeur de la radio (2006-2016).