Voeux au Corps diplomatique, 8 février 2021 © Vatican Media

Voeux au Corps diplomatique, 8 février 2021 © Vatican Media

Diplomatie : “tous frères” dans la même barque, par le doyen des ambassadeurs

Traditionnels voeux du pape François

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« Nous retrouver ici aujourd’hui avec vous, Sainteté, c’est en quelque sorte manifester le fait que les peuples, les femmes et les hommes, sont “tous frères” dans la même barque de l’humanité », a affirmé le doyen du Corps diplomatique accrédité près du Saint-Siège, Georgios Poulides, ambassadeur de Chypre près le Saint-Siège.

En s’adressant au pape François, au cours de l’audience traditionnelle aux diplomates, ce lundi 8 février 2021, Georgios Poulides a rappelé la « présence très proche » et la « prière » du pape « pour l’humanité souffrante » durant la pandémie.

Il a également cité l’encyclique du pape Laudato Si’, notant que « nous pouvons tous constater, à la lumière des événements actuels, combien il s’agit d’un texte prophétique et réaliste ».

Georgios Poulides a aussi souligné que la récente encyclique du pape Fratelli tutti est « une boussole pour l’action diplomatique qui, à travers la culture de la rencontre et du dialogue, cherche à surmonter la diversité, les divisions et les obstacles au développement humain intégral ».

Adresse d’hommage du doyen

Très Saint-Père,

Je suis très honoré et ému de vous présenter, en qualité de Doyen du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, nos vœux les meilleurs de bonne santé, et de poursuite bénéfique de votre mission apostolique.

Permettez-moi d’exprimer la joie de pouvoir vivre ensemble, même si c’est dans des conditions particulières dues au respect des règles sanitaires, ce moment traditionnel de rencontre qui remplit nos cœurs d’espérance et expose à la face du monde, symboliquement, les représentants des Etats rassemblés autour du Saint-Père.

L’année 2020 a été marquée par la grande crise mondiale de la pandémie de la COVID-19 qui s’est dramatiquement transformée en crise sociale et économique, et qui a envahi tous les secteurs de la vie. Malgré les difficultés, Sainteté, vous avez poursuivi sans cesse votre action afin de porter à qui se trouve dans le besoin et dans l’angoisse, la consolation et l’encouragement de votre parole, moyennant aussi un sage recours aux moyens de communication. Votre conduite spirituelle n’a jamais manqué, malgré les limitations imposées par la pandémie, à travers notamment les médias. Nous avons senti votre présence très proche et votre prière pour l’humanité souffrante.

Il n’est pas possible d’oublier le Moment extraordinaire de prière en temps de pandémie, avec les images de la Place Saint Pierre, le 27 mars, lorsque toute l’humanité s’est retrouvée dans votre visage, solitaire, en ces lieux habituellement palpitants de vie et de joie devenus à l’improviste déserts et gris. Vous avez ce jour-là donné une réponse au désarroi, à la souffrance, à l’inquiétude qui étaient en chacun de nous. Vos paroles ont raffermi nos cœurs apeurés, nous indiquant désormais une voie pour l’avenir : « Nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble » (27 mars 2020). Oui, nous sommes tous dans la même barque de l’humanité, même si nous l’avons souvent oublié ! Nous retrouver ici aujourd’hui avec vous, Sainteté, c’est en quelque sorte manifester le fait que les peuples, les femmes et les hommes, sont “tous frères” dans la même barque de l’humanité.

Alors que l’attention générale se focalise exclusivement sur l’évolution de la pandémie, vous avez aussi voulu tourner le regard vers les autres causes de souffrances dans le monde : conflits, changements climatiques, inégalités aggravées par la “culture du rejet” et par la “globalisation de l’indifférence”. Cinq ans après la publication de l’Encyclique Laudato si’, dans laquelle vous avez rappelé l’attention qui est due au cri de la terre et des pauvres (cf. n. 49), nous pouvons tous constater, à la lumière des événements actuels, combien il s’agit d’un texte prophétique et réaliste. Il nous avertit, en effet, sur les conséquences de l’exploitation inconsidérée de la planète qui est à l’origine de graves dommages pour l’humanité.

Saint-Père, en cette année durant laquelle nous avons été frappés et désorientés, vous avez indiqué la route à suivre en signant, le 3 octobre dernier, votre troisième encyclique : Fratelli tutti. Vous l’avez fait afin de promouvoir un désir universel d’humanité et d’amitié sociale en reconnaissant la dignité de toute personne humaine (cf. Fratelli tutti, n. 8). L’encyclique est aussi une boussole pour l’action diplomatique qui, à travers la culture de la rencontre et du dialogue (cf. Ibid, n. 215), cherche à surmonter la diversité, les divisions et les obstacles au développement humain intégral et au soin du bien commun.

L’encyclique est aussi une grande leçon pour nous, diplomates, dans notre service. Saint-Père, permettez-moi d’évoquer la clairvoyance de vos appels répétés aux Etats et aux Organisations internationales, et même aux entreprises du domaine sanitaire, depuis l’apparition de la pandémie, pour que l’accès au vaccin soit universel et disponible pour tous. Je voudrais rappeler les paroles que vous avez prononcées à l’occasion du Message Urbi et Orbi de Noël : « Nous ne pouvons pas permettre que les nationalismes fermés nous empêchent de vivre comme la vraie famille humaine que nous sommes. Nous ne pouvons pas non plus permettre que le virus de l’individualisme radical l’emporte et nous rende indifférents à la souffrance des autres frères et sœurs » (25 décembre 2020).

Sainteté, nous nous souviendrons de l’année que nous laissons derrière nous et des souffrances qu’elle a apportées. Nous pensions pouvoir transformer la terre sans en avoir le respect, et nous avons oublié que nous faisons partie de la nature qui nous entoure. Regardant vers l’année nouvelle, vous avez jeté la semence de l’espérance d’un nouveau départ en nous suggérant, à l’occasion de la cinquante quatrième Journée Mondiale de la Paix, de mettre au centre de notre agir la « culture du soin » qui implique « la promotion de la dignité de toute personne humaine, la solidarité avec les pauvres et les sans défense, la sollicitude pour le bien commun, la sauvegarde de la création » (Message pour le 54e Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2021 [8 décembre 2020], n. 6).

Je vous remercie encore pour votre ministère en faveur de l’humanité dont nous avons apprécié la valeur, de façon particulière durant l’année passée. Je vous prie, Très Saint-Père, d’accepter, au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, nos vœux les plus fervents de bonne année et de bonne santé.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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