Cathédrale chaldéenne Saint-Joseph, Ankawa, Erbil, Irak © WIKIMEDIA COMMONS - James (Jim) Gordon

Cathédrale chaldéenne Saint-Joseph, Ankawa, Erbil, Irak © WIKIMEDIA COMMONS - James (Jim) Gordon

Le voyage du pape François en Irak, par le card. Sako

Un pèlerinage du dialogue et de la paix

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Le pape François devrait rencontrer le grand ayatollah chiite Ali Sistani, lors de sa visite en Irak (5-8 mars), a annoncé ce jeudi 28 janvier 2021, le patriarche chaldéen, Louis Raphaël Sako. Mais le pape rencontrera aussi les différentes réalités de la société, des différentes religions – dont l’islam sunnite, les yézidis et les sabéens – et les chrétiens, dont les catholiques orientaux et latins, héroïques dans leur fidélité au Christ malgré les persécutions, l’exil ou la marginalisation. Le pape vient pour encourager les artisans de paix et les jeunes, a aussi souligné le patriarche chaldéen.

Le programme définitif du pape François n’est pas pour le moment officiellement annoncé par le Saint-Siège, cependant les étapes annoncées par le cardinal Sako ne sont pas non plus démenties.

Dialogue avec une partie du chiisme irakien

On se souvient que le voyage du pape a été annoncé par le Saint-Siège le 7 décembre dernier. On avait alors appris que le voyage serait un pèlerinage de six jours en 5 étapes : Bagdad, Ur, Erbil (Kurdistan irakien), Mossoul et Qaraqosh (plaine de Ninive).

Le président irakien Saleh, un Kurde, s’est en effet rendu au Vatican, pour la seconde fois, le 25 janvier 2020. Il a réagi à la nouvelle du 7 décembre dans un tweet @BarhamSalih en insistant, en anglais, sur ce message de « paix », de « justice » et de « dignité »: « Sa Sainteté le Pape se rendra en Irak en mars 2021. Le voyage du Pape François en Mésopotamie – berceau de la civilisation, lieu de naissance d’Abraham, père des fidèles – sera un message de paix aux Irakiens de toutes religions et servira à affirmer nos valeurs communes de justice et de dignité. »

Le cardinal Sako est en effet intervenu ce matin en visioconférence lors de la présentation du voyage organisée par L’Oeuvre d’Orient à Paris, sous la houlette de Mgr Pascal Gollnisch, directeur, au siège de la Conférence épiscopale française.

La rencontre avec l’ayatollah, a révélé le cardinal Sako, sera à caractère « privé » et elle devrait avoir lieu à Najaf, ville sainte des chiites, au sud de Bagdad. Il sera question, a précisé le patriarche chaldéen « d’une sorte de repère pour condamner tous ceux qui attentent contre la vie ».

Rappelons que les chiites irakiens, persécutés par daesh, aident actuellement à la reconstruction des édifices chrétiens.

Ce dialogue avec le pape François peut « fortifier leur engagement pour la fin des violences », mais il est vrai qu’une autre partie du chiisme irakien reste pro-iranien.

Résidant à Najaf, Ali Sistani est pour cette raison une figure importante de la politique irakienne, mais il est avare d’apparitions publiques.

Déclarations sur la fraternité humaine

Cette rencontre permettra de parler d’une éventuelle signature de la déclaration d’Abou Dhabi: « Nous sommes tous frères, pas ennemis », mais il faut condamner « toute attaque contre la liberté, souligne le patriarche.

Pour le fr. Amir Jajé, dominicain irakien, présent à Paris à la conférence de presse, le dialogue actuel vise à présenter à l’autorité chiite la Déclaration sur la fraternité humaine signée le 4 février 2019 à Abou Dhabi. Mais pour le moment, aucune signature est prévue, même si elle est envisagée.

La visite du pape est importante, insiste le cardinal Sako, « à cause des messages aux Irakiens et aux chrétiens », à cause de « l’importance du dialogue interreligieux » et du « rôle des religions pour la paix ».

Avec le gouvernement, le pape « va parler de justice et de paix » et à Mossoul « il parlera du dialogue et du respect, de la tolérance et d’amour, pas de haine, de l’importance de « respecter la vie et l’environnement » et  qu’on ne peut pas « tuer les gens parce qu’ils sont différents »: « Nous sommes tous frères et soeurs d’une même famille, l’autre différent n’est pas un ennemi mais un frère à aimer ».

Un pays biblique

Pour ce qui est de l’Eglise ne Irak, le patriarche rappelle que le pape voulait déjà venir en 2014. Il vient dans un pays qui est un « important berceau de civilisation », une « terre sainte » : terre d’Abraham, et des prophètes Ezéchiel, Jonas, Nahum, ainsi « une partie de la Bible a été écrite en Irak ».

L’Eglise a aussi été « persécutée » en Irak, a dit le cardinal Sako. Mais elle est remarquable par « sa fidélité au Christ », sa liturgie, sa spiritualité, continue le patriarche Sako: « Le pape vient en Irak parce que l’Eglise d’Orient est la plus ancienne… C’est un don pour les chrétiens qui ont subi persécution, exil, marginalisation. Nous sommes restés fidèles à la terre et fidèles à notre foi. Nous avons un rôle à jouer dans la société irakienne avec des valeurs un peu différente des autres. »

Il rappelle que l’Eglise est spécialement engagée dans l’enseignement (sans distinction de religion) et dans la charité et la santé, notamment dans les hôpitaux.

La sécurité du voyage

Une question a été posé, évidemment sur la sécurité, face aux attentats, et sur la sécurité sanitaire qui retient le plus l’attention du cardinal Sako: Les attaques sont politisées. Je ne crois pas qu’il y ait de risque pour la vie du pape: le gouvernement fera tout, la préparation est très sérieuse. Pour faire face à la pandémie, des mesures sont prévues pour les célébrations (masques etc). »

Le cardinal insiste sur le message du pape fait de « paix, « réconciliation », « assez avec la guerre », la « corruption », la « destruction »: « J’espère que les Irakiens entendent le message du pape. »

Le mouvement des jeunesLe patriarche Sako salue le mouvement des jeunes Irakiens , qui « ont la population avec eux ». Ils insistent sur le patriotisme, la loi, la justice, la dignité humaine. Certains partis politiques ont aussi adopté certaines de leurs revendications. Ces jeunes, souligne le cardinal chaldéen, demandent un Etat fort, un Etat de droit, tandis que certains chefs religieux « profitent de la situation pour gagner de l’argent ».

Les latins et les Orientaux

Mgr Gollnisch a pour sa part insisté sur le faite que le pape vient apporter son soutien « à tous les Irakiens » uk va « vers l’ensemble des Irakiens » et montrer que « les chrétiens sont au service de la population », notamment par les écoles et les hôpitaux.

Le pape rencontrera les catholiques orientaux mais aussi les communautés latins, cependant « le pape n’est pas « le Latin » qui vient voir des Orientaux, mais il représente « l’Eglise universelle  qui prend en compte cette partie d’elle-même que sont les Eglises orientales ».

Le voyage aura aussi une importance oecuménique, pour le rapprochement entre les chrétiens de différentes confessions.

Grandes lignes du programme dans l’état actuel, 

selon le card. Sako

Vendredi 5 mars

Le pape François sera accueilli à sa descente d’avion, le vendredi 5 mars, par le Premier ministre irakien, M. Moustafa al-Kazimi, a précisé le cardinal Sako.

Le pape se rendra ensuite au palais présidentiel pour une visite de courtoisie.

Puis dans la soirée, le pape devrait rencontrer, toujours selon la même source, le clergé catholique dans la cathédrale de Bagdad, lieu de l’explosion terroriste de 2010.

Samedi 6 mars

C’est le samedi que le pape se rendra à Nadjaf pour rencontrer Ali Sistani, la grande autorité chiite mondiale.

Il participera ensuite à Ur, patrie du patriarche Abraham, pour une prière interreligieuse avec des musulmans chiites et sunnites, mais aussi de représentants des Yézidis (que le pape rencontrera aussi dans la plaine de Ninive) et des Sabéens.

Le pape se rendra ensuite à la cathédrale chaldéenne: ce sera la première fois que le pape présidera une célébration en rite oriental. pour l’occasion, la liturgie a été traduite en italien: la célébration sera trilingue, en italien, en chaldéen et en arabe.

Dimanche 7 mars

Tôt, le pape François doit se rendre à Erbil, dans le Kurdistan irakien, où il rencontrera les autorités civiles.

Le pape se rendra dans la partie ancienne de Mossoul, et à Karakosh, vilel chrétienne dans la plaine de Ninive pour « encourager ceux qui sont revenus » et « favoriser le retour à la confiance », souligne le cardinal Sako.

Le pape reviendra à Erbil pour déjeuner au séminaire.

Dans la soirée il devrait célébrer la messe en latin dans un stade avant de revenir à Bagdad.

Lundi 8 mars

Le pape s’envolera pour Rome.

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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