Le Baptême du Christ par Le Pérugin Chapelle Sixtine (domaine public)

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Lectures de dimanche : Dieu « veut prendre le parti des pécheurs »

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« Une étrange façon de se présenter »

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« Dès le début de sa vie publique, le Fils de Dieu se présente non pas en se vantant de ses origines célestes mais en suivant le chemin de l’abaissement et de l’humilité », écrit Mgr Francesco Follo dans sa méditation sur les lectures de dimanche prochain, 10 janvier 2021, fête du Baptême du Seigneur.

« Jésus, écrit l’observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco à Paris, veut prendre le parti des pécheurs, devenir solidaire avec eux, leur montrer la proximité de Dieu. Jésus se montre solidaire de nous, avec notre effort de conversion, de quitter notre égoïsme, de nous détacher de nos péchés, de nous dire que si nous l’acceptons dans notre vie, Il est capable de nous élever et de nous conduire à la hauteur de Dieu le Père. »

Mgr Follo invite « à comprendre que la décision de Jésus d’être solidaire des pécheurs, de se confondre avec eux et de demander le Baptême de Jean, exprime sa volonté de racheter l’humanité de l’intérieur ».

Comme lecture patristique, il propose une page de saint Jérôme et une page de saint Ephrem.

 

Dans le Baptême du Christ, nous contemplons

son humble amour pour nous

et une manifestation de la Trinité (1)

Introduction : Une étrange façon de se présenter

Ce récit, pris aujourd’hui de l’Evangile de Marc, relate le baptême de Jésus. Il montre que, dès le début de sa vie publique, le Fils de Dieu se présente non pas en se vantant de ses origines célestes mais en suivant le chemin de l’abaissement et de l’humilité.

A trente ans, Jésus commence son ministère public en se rendant au Jourdain pour recevoir le baptême de pénitence et de conversion de Jean. Ce qui s’y passe est humainement paradoxal. Jean-Baptiste en fut déjà bouleversé. Quand le Précurseur a vu Jésus qui venait se faire baptiser comme les pécheurs, celui-ci a été étonné. Reconnaissant en lui le Messie, le Saint de Dieu, celui qui est sans péché, Jean manifeste son étonnement : lui-même, le baptiseur aurait voulu être baptisé par le Christ. Mais le Fils de Dieu l’a exhorté à ne pas faire d’objection, à accepter d’accomplir cet acte, afin de faire ce qui convenait pour « accomplir toute justice ».

Mais alors : « Le Fils de Dieu a-t-il besoin de pénitence et de conversion ? » Certainement pas. Pourtant, Celui qui est sans péché se place parmi les pécheurs pour être baptisé, pour accomplir ce geste de pénitence.

Le Saint de Dieu s’unit à ceux qui reconnaissent d’avoir besoin de pardon et demandent à Dieu le don de la conversion, c’est-à-dire la grâce de revenir à lui de tout leur cœur, d’être totalement à lui. Il s’agit de la relation inséparable entre la miséricorde et la conversion. Dans cette relation, nous trouvons, d’une part, le don gratuit et surabondant du salut et, d’autre part, tout notre besoin de changement et la reconnaissance de notre péché. Nous pouvons ainsi obtenir le pardon par lequel avec la réconciliation notre liberté s’approche de Jésus et demande quoi faire. Dieu nous restaure notre visage originel, bien au-delà de ce que nous pouvons envisager et mériter.

Jésus veut prendre le parti des pécheurs, devenir solidaire avec eux, leur montrer la proximité de Dieu. Jésus se montre solidaire de nous, avec notre effort de conversion, de quitter notre égoïsme, de nous détacher de nos péchés, de nous dire que si nous l’acceptons dans notre vie, Il est capable de nous élever et de nous conduire à la hauteur de Dieu le Père. Et cette solidarité de Jésus n’est pas « faite » de seules paroles et de simples intentions.

Le Fils de Dieu s’est vraiment immergé dans notre condition humaine. Il l’a pleinement vécue, sauf le péché, et donc il est capable d’en comprendre la faiblesse et la fragilité. Pour cela il a compassion des hommes et il choisit de « souffrir avec » les hommes, de devenir pénitent avec nous.

C’est l’œuvre de Dieu que Jésus veut accomplir : la mission divine de guérir les blessés et de guérir les malades, de prendre sur lui le péché du monde avec la puissance de l’amour humble et généreux.

Grâce à cet humble acte d’amour de la part du Fils de Dieu, les cieux s’ouvrent et le Saint-Esprit se manifeste visiblement sous la forme d’une colombe, tandis qu’une voix d’en haut exprime la complaisance du Père qui reconnaît son Fils unique, l’Aimé.

C’est une véritable épiphanie (= manifestation) de la Sainte Trinité qui témoigne de la divinité de Jésus, de son être le Messie promis, Celui que Dieu a envoyé pour libérer son peuple, afin qu’il soit sauvé (cf. Is 40, 2).

Ainsi s’accomplit la prophétie d’Isaïe que nous entendons dans la première lecture de la Messe d’aujourd’hui : le Seigneur Dieu vient avec le pouvoir de détruire les œuvres du péché et ses bras exerce la domination pour désarmer le diable.

Cependant, n’oublions pas que ces bras sont les bras étendus sur la croix et que la puissance du Christ est la puissance de Celui qui souffre pour nous : c’est la puissance de Dieu, différente de la puissance violente du monde. Dieu vient avec la puissance paternelle qui détruit le péché et transfigure le pécheur.

Vraiment, le Rédempteur agit comme le vrai, bon berger qui paît le troupeau et le rassemble, pour qu’il ne soit pas dispersé (cf. Is 40,10-11), et il offre sa propre vie pour qu’il ait la vie. C’est par sa mort rédemptrice que l’homme est libéré de la domination du péché et se réconcilie avec le Père. C’est par sa résurrection que l’homme est sauvé de la mort éternelle et qu’il est rendu victorieux du diable.

            1) Le Baptême de Jésus et notre baptême

Ce dimanche, nous célébrons le fait que Jésus a été baptisé[2] par Jean le Baptiste dans les eaux du Jourdain en Terre Sainte. Ce Jean appelle les pécheurs à se laver dans la rivière avant de faire pénitence. Jésus vient à Jean pour se faire baptiser : « Il avoue donc être pécheur ? ». Certainement, non.

Alors, pourquoi le Christ, l’Innocent, est-il allé au Jourdain pour se faire baptiser ?

A cette question, nous pouvons répondre avec saint Jérôme : « le Sauveur fut baptisé par Jean pour trois raisons. Premièrement, parce que, étant né homme Il doit, comme les autres, respecter la loi dans la justice et l’humilité. Deuxièmement, pour démontrer l’efficacité du baptême de Jean en se faisant baptiser. Troisièmement pour montrer, en sanctifiant les eaux du Jourdain par la descente de la colombe, l’avènement de l’Esprit Saint dans le baptême des croyants » (Jérôme, Commentaire sur Matthieu 1,3,13).

Mais ceci entraîne une autre question. Pourquoi célébrer et vivre ce mystère du Baptême de Jésus ?

Pour exprimer notre gratitude à Jésus. Dans son baptême, le Christ, le Sans-péché, a pris sur Lui tous nos péchés et, en montrant la proximité de Dieu dans l’itinéraire de conversion de l’homme, Il marqua sa solidarité avec nous et nous racheta. La valeur rédemptrice vient du fait que Jésus, sans péché, s’est fait, par pur amour, solidaire des coupables et ainsi a transformé, de l’intérieur, leur situation. En effet, quand une situation catastrophique comme celle qu’a provoquée le péché est assumée en faveur des pécheurs par pur amour, alors elle ne s’inscrit plus dans l’opposition à Dieu, mais, au contraire, dans la docilité à l’amour qui vient de Dieu (cf. Gal 1,4), et elle devient ainsi source de bénédiction.

Cet acte d’extraordinaire humilité a été dicté par la volonté d’établir avec chacun de nous une pleine communion, par le désir d’établir une véritable solidarité avec nous, avec notre condition.

Cet acte de Jésus a anticipé la Croix, l’acceptation de la mort pour nos péchés et pour ceux de toute l’humanité. Jésus prend sur ses épaules le fardeau de la culpabilité de l’humanité tout entière. Il commence sa mission en se mettant à la place des pécheurs, dans la perspective de la croix.

C’est cet acte d’abaissement par lequel Jésus a voulu se conformer totalement au plan d’amour de Dieu le Père.

Dès lors, nous pourrions peut-être reformuler ainsi les questions que nous venons de poser : « Pourquoi donc le Père a-t-il voulu cela ? Pourquoi a-t-il envoyé son Fils unique dans le monde comme l’Agneau qui prend sur Lui les péchés du monde (cf. Jn 01:29)? On pourrait répondre : pour donner à l’humanité la vie de Dieu, son Esprit d’amour, afin que chaque homme puisse se désaltérer à cette source de salut inépuisable. C’est pour cela que les parents chrétiens portent le plus tôt possible leurs enfants sur les fonds baptismaux, sachant que la vie qu’ils leur ont transmise appelle une plénitude, un salut que Dieu seul peut donner. Et de cette manière les parents se font les collaborateurs de Dieu en transmettant à leurs enfants non seulement la vie physique mais aussi la vie spirituelle.

            2) Notre baptême

Certes, le baptême de Jésus fut un baptême différent de celui que nous avons reçu, enfant ou adulte, mais il est en relation profonde avec lui. Au fond, tout le mystère du Christ dans le monde peut se résumer à ce mot « baptême », qui signifie « immersion » en grec. Le Fils de Dieu qui partage depuis toujours avec le Père et l’Esprit Saint la plénitude de la vie, a été « immergé » dans notre réalité de pécheurs, pour nous faire participer à sa propre vie : il s’est incarné, il est né comme nous, il a grandi comme nous et, à l’âge adulte, il a dévoilé sa mission en commençant précisément par le « baptême de conversion » pratiqué par Jean-Baptiste. Son premier acte public, que nous racontent les Evangiles, fut de descendre au Jourdain, parmi les pécheurs pénitents, afin de recevoir le baptême. Naturellement Jean était réticent, mais Jésus insista, parce que c’était la volonté du Père (cf. Mt 3,13-15).

Pour conclure, à la question : « Alors, que cela signifie pour nous de vivre cette fête du Baptême de Jésus ? », on répond : « Cela signifie vivre dans le baptême de Jésus jusqu’à ce qu’il ait tout pris de chacun de nous et nous ait tout donné ». Et comment prend-Il tout de nous ? A travers notre baptême.

Donc, depuis que Jésus-Christ, le Fils unique du Père s’est fait baptiser, le ciel est vraiment ouvert et continue à s’ouvrir, et nous pouvons confier chaque nouvelle vie qui éclot ou qui, une fois adulte, veut s’immerger dans le vrai Dieu, entre les mains de Celui qui est plus puissant que les puissances obscures du mal. C’est bien cela que signifie le Baptême : nous rendons à Dieu ce qui est venu de Lui.

Le Baptême, en effet, est plus qu’un lavement, une purification. C’est plus qu’entrer dans une communauté. C’est une nouvelle naissance. C’est un nouveau commencement de la vie. Dans le Baptême nous nous donnons au Christ. Il nous assume en Lui, afin que nous ne vivions plus pour nous-mêmes, mais par Lui, avec Lui et en Lui ; afin que nous vivions avec Lui, nous et tous les autres. Dans le Baptême nous nous abandonnons, nous déposons notre vie entre ses mains, de sorte que l’on peut dire avec saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Gal 2,20)

Le Baptême implique cette nouveauté : notre vie appartient au Christ, non plus à nous. Mais c’est précisément pour cela que nous ne sommes pas seuls, même dans la mort, mais nous sommes avec Lui qui vit éternellement. Accueillis par le Christ dans son amour, nous sommes libérés de la peur et nous vivons dans l’amour et par l’amour de Celui qui est la Vie.

            3) Le baptême de l’Auteur du Baptême

Le passage de l’Evangile proposé ce dimanche qui rappelle le baptême du Seigneur, s’ouvre avec deux affirmations de Jean-Baptiste : « Après moi vient Celui qui est plus fort que moi : je vous baptise dans l’eau, mais il vous baptisera dans l’Esprit-Saint » (Mc 1,7-8). La prédication de Jean-Baptiste tend essentiellement à attirer l’attention sur Jésus. Dans son extrême simplicité (voir note 1), le récit du baptême de Jésus est riche de significations importantes.

D’abord, Jésus – en Marc 1, 7-11 – est présenté dans la double dimension de son mystère : l’homme d’humble origine (« il vint de Nazareth en Galilée ») et le Fils bien-aimé de Dieu.

Deuxièmement, les cieux ouverts, l’Esprit qui descend, la voix céleste, tout converge pour nous révéler que, avec la manifestation de Jésus sur les rives du Jourdain, les temps messianiques sont arrivés.  L’invocation affligée d’Isaïe 63,19 (« Ah, si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! ») a été entendue : après être resté très longtemps fermé et silencieux, le ciel s’ouvre à nouveau, l’Esprit de Dieu est de retour parmi le peuple et la parole du Seigneur retentit de nouveau.

Dans le Baptême c’est le mouvement de Noël qui se répète : Dieu descend encore, il entre en chacun de nous, il naît en nous afin que nous naissions en Dieu et le Christ devient le centre de toute la vie chrétienne. C’est cette vérité dont les vierges consacrées dans le monde sont appelées à témoigner d’une manière particulière.

En effet, par l’acceptation de leur vocation particulière elles portent à son aboutissement la vocation chrétienne reçue au baptême et elles vivent leur condition de femme comme une offrande totale à Dieu.

Dans le parcours de leur maturation humaine et spirituelle, la consécration dans l’Ordo Virginum leur offre une façon de vivre en plénitude leur humanité, que le baptême avait greffée en Christ.

Avec ce mode de vie elles développent leur originalité personnelle comme un don pour soi et pour les autres. Leur vie totalement dédiée à Dieu devient exemple de la relation à soi-même, aux autres, à Dieu, dans l’Eglise, dans un contexte social et culturel donné.

Dans le rite de la consécration, les vierges consacrées, appelées par Dieu le Père dans un projet d’amour (Rite de la Consécration des Vierges, 34), reçoivent une « nouvelle onction spirituelle » (RCV, 29) qui les enracine dans la consécration baptismale. Avec la célébration de la consécration, ces femmes font l’expérience d’un nouveau mode de participation à la vie de la Trinité, dans laquelle le baptême les avait déjà ancrées et Dieu les soutient de jour en jour dans la fidélité (RCV, 53).

 

Lecture patristique

Saint Jérôme, Commentaire sur Marc, l

BAPTÊME DU SEIGNEUR

« Après moi, c’est Celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie des ses chaussures » (Mc 1,7). Nous sommes confrontés à une grande épreuve d’humilité : c’est comme s’il avait dit ne pas être digne d’être un serviteur du Seigneur …

« Je vous baptise avec de l’eau » (Mc 1,8), je suis seulement un serviteur : il est créateur et Seigneur, je vous offre l’eau, sont une créature et je vous offre une chose créée : qu’il n’était pas créé, et offre quelque chose d’incréé. Je vous baptise avec de l’eau, je vous offre quelque chose d’invisible. Je suis visible, je vous donne l’eau visible ; Lui qui est invisible, donne l’Esprit invisible.

« Et il arriva que, dans ces jours, Jésus vint de Nazareth en Galilée » (Mc 1,9). Observez la connexion et le sens des mots. L’évangéliste ne dit pas, le Christ est venu, ni le Fils de Dieu, mais Jésus est venu. Certains peuvent se demander pourquoi il n’a pas dit qu’il était le Christ ? Je parle à la chair : évidemment Dieu est toujours saint et n’a pas besoin de la sanctification, mais maintenant nous parlons du Christ selon la chair. Alors il n’était pas encore baptisé et n’avait pas encore été oint par l’Esprit Saint. Personne ne doit être choqué : Je parle à la chair, je parle selon la forme du serviteur qu’il avait engagé, que je parle de Celui qui est venu au baptême presque comme un pécheur. Donc, se faisant je ne divise pas le Christ, comme si une personne était le Christ, une autre Jésus et un autre le Fils de Dieu : mais je veux dire que, en dépit d’être un et étant toujours le même, cependant, nous a paru différente en fonction des différents moments.

« Jésus de Nazareth en Galilée », dit Marc. Considérez le mystère. D’abord, sont arrivés auprès de Jean-Baptiste la Judée et les habitants de Jérusalem : notre Seigneur, qui a initié le baptême de l’Evangile et les sacrements de l’Evangile changé dans les sacrements de la loi, n’est pas venu de Judée, ni de Jérusalem, mais des gens de la Galilée. Jésus, en fait, vient de Nazareth en Galilée. Nazara signifie fleur : cela signifie que Jésus, provient de la fleur.

« Il a été baptisé par Jean dans le Jourdain » (Mc 1,9). C’est un grand acte de miséricorde : Il est baptisé comme un pécheur, Lui qui n’avait pas commis de péché. Dans le baptême du Seigneur tous les péchés sont pardonnés, mais, dans un sens, le baptême du Seigneur, avant la vraie rémission des péchés qui se déroule dans le sang du Christ, dans le mystère de la Trinité.

« Et maintenant, sortant de l’eau, il vit les cieux ouverts » (Mc 01:10). Tout ce qui a été écrit, il a été écrit pour nous : avant de recevoir le baptême nous avons les yeux fermés et nous ne voyons pas le ciel. « Il vit l’Esprit comme une colombe descendre et s’arrêter sur Lui. Et une voix vient du ciel :« Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Mc 1,10-11). Jésus-Christ a été baptisé par Jean, l’Esprit Saint descend sous la forme d’une colombe et le Père du ciel rend son témoignage. Regarde ô arien, regarde ô hérétique : le mystère de la Trinité est aussi dans le baptême de Jésus. Jésus est baptisé, l’Esprit descend comme une colombe, et le Père parle du ciel.

« Il a vu les cieux ouverts », écrit Marc. Donc, en disant « Il voit » montre que les autres ne voient pas : pas tous en fait peuvent voir les cieux ouverts. En fait, Ezéchiel dit, au début de son livre (Ez 1,2), « Et c’est arrivé – dit-il – que pendant que j’étais assis le long du fleuve Cabar parmi les déportés, vis le ciel ouvert ». J’ai vu, dit, alors que d’autres ne voient pas. Et vous ne croiriez pas que les cieux s’ouvrent si simplement : nous-mêmes que nous sommes assis ici, nous voyons les cieux ouverts ou fermés selon nos mérites. La pleine foi voit les cieux ouverts, la foi hésitante les voit fermés.

 

Conférence patristique

Saint Éphrem (+ 373), Homélie

Hymne 14, 6-8.14.36-37.47-50; (éd. Lamy 1, 116.118.124.126.128)

Celui de qui vient tout baptême est venu au baptême et s’est manifesté au Jourdain. Jean le vit et retint sa main en suppliant : « Comment, Seigneur, veux-tu être baptisé, toi qui sanctifies tout par ton baptême ? C’est à toi qu’appartient le vrai baptême, d’où découle toute sainteté parfaite. »

Le Seigneur répondit : « Je le veux : approche et baptise-moi, pour que ma volonté s’accomplisse. Tu ne peux résister à ma volonté ; je serai baptisé par toi, car je le veux. Tu trembles et, contre ma volonté, tu ne considères pas ce que j’ai demandé. Or le baptême m’appartient ; accomplis l’œuvre à laquelle tu as été appelé. Les eaux sont sanctifiées par mon baptême, c’est de moi qu’elles reçoivent le feu et l’Esprit. Si je ne reçois pas le baptême, elles n’auront pas le pouvoir d’engendrer des enfants immortels. Il faut absolument que tu me baptises sans discuter, comme je l’ordonne. Je t’ai baptisé dans le sein de ta mère, baptise-moi dans le Jourdain. »

Saint Jean Baptiste répond : « Je suis un serviteur bien pauvre. Toi qui libères tous les hommes, aie pitié de moi ! Je ne suis pas digne de défaire la courroie de tes sandales (cf. Mc 1,7). Qui me rendra digne de toucher ta tête sublime ? J’obéis, Seigneur, à ta parole. Oui, viens vers le baptême où ton amour te pousse. L’homme qui n’est que poussière admire, avec un souverain respect, qu’il soit parvenu à cette dignité d’imposer la main à celui qui l’a modelé. »

Les armées célestes restaient silencieuses ; l’Époux très saint descendit dans le Jourdain ; baptisé, il en remonta aussitôt et sa lumière rayonna sur le monde.

Les portes du ciel s’ouvrirent et la voix du Père se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Allons, tous les peuples, adorez-le !

Les assistants demeuraient stupéfaits d’avoir vu l’Esprit descendre pour rendre témoignage (cf. Jn 1,32-34) au Christ. Gloire, Seigneur, à ton Epiphanie, qui nous réjouit tous ! Dans ta manifestation, c’est le monde entier qui a resplendi.

 

[1] En effet, le Père rend témoignage au Fils, l’Esprit Saint sous forme d’une colombe descend du ciel, le Fils incline sa tête immaculée pour recevoir le baptême afin de se manifester à l’homme comme rédempteur de l’esclavage du péché. « Quel grand mystère que ce baptême céleste ! Le Père parle du haut du ciel, le Fils apparaît sur la terre, l’Esprit saint se manifeste sous la forme d’une colombe : de fait, on ne peut pas parler de vrai baptême ni de véritable rémission des péchés sans vérité de la Trinité, pas plus qu’on ne peut remettre les péchés si l’on ne croit pas à la Trinité parfaite. » (Chromace d’Aquilée, Discours 34, 1-3).

[2] Tous les évangélistes nous ont transmis l’événement (Mt 3,13-17; Mc 1,9-11; Lc3,21-22; Jn 1,29-34). Relisons le texte de Marc (1,9-10): “En ces jours-là Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. A l’instant où il remontait de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe, descendre, sur lui”. Jésus était venu au Jourdain de Nazareth où il avait passé les années de sa vie “cachée”. Avant sa venue, il avait été annoncé par Jean qui, au Jourdain, exhortait à un “baptême de pénitence” et annonçait “Celui qui est plus fort que moi vient après moi et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés d’eau, mais lui vous baptisera d’Esprit Saint” (Mc 1,7-8). On était désormais au seuil de l’ère messianique. Avec la prédication de Jean s’achevait la longue préparation qui s’était déroulée tout au long de l’alliance antique, et de l’histoire humaine pourrait-on dire, que raconte par l’ Ecriture Sainte. Jean sentait la grandeur de ce moment décisif qu’il interprétait comme le début d’une nouvelle création dans laquelle il découvrait la présence de l’Esprit qui planait sur la première création (Jn 1,2). Il savait, et il le confessait, qu’il était un simple annonciateur, précurseur et ministre de celui qui devait venir “baptiser d’Esprit Saint”.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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