Plus d’une cinquantaine d’agences catholiques et représentants d’Eglises locales ont fait le point sur la situation humanitaire en Syrie et en Irak et dans les pays limitrophes, lors d’une rencontre en ligne promue par le Dicastère pour le service du développement humain intégral, le 10 décembre 2020. Une initiative pour soutenir notamment la présence chrétienne dans la région, afin d’éviter « un Moyen-Orient monochrome ».
Le pape François a adressé un message vidéo aux participants, appelant la communauté internationale à faire « tous les efforts possibles » pour favoriser le retour des réfugiés syriens et irakiens sur leur terre.
D’après un communiqué du Saint-Siège, la rencontre s’est déroulée en quatre sessions (la situation politico-diplomatique; l’Eglise en Syrie et en Irak ; le retour des migrants et des déplacés; les agences catholiques, de l’urgence au développement). Parmi les thèmes traités : l’urgence humanitaire, le drame des réfugiés, la fuite des chrétiens des lieux de leurs origines.
La rencontre a été ouverte par un message du cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, retenu pour raisons de santé. Ce dernier a exprimé la « sérieuse préoccupation » du Saint-Siège pour la situation de « gravité absolue », en particulier de la Syrie, prise depuis une dizaine d’années dans le conflit. Il a appelé à des actions « innovatives ».
Le numéro 2 du Vatican s’est inquiété également du Liban, en proie à une crise socio-économique aggravée par l’explosion d’août dernier dans le port de Beyrouth. Il a plaidé pour « une action urgente non seulement pour la reconstruction mais pour le soutien des écoles catholiques et des hôpitaux, deux piliers de la présence chrétienne dans le pays et dans toute la région ».
Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats, a souhaité que les récents « Accords d’Abraham » (traités de paix d’août 2020 entre Israël et les Émirats arabes unis et entre Israël et Bahreïn) favorisent « une plus grande stabilité » dans la région. Il a encouragé à affronter les défis sur le terrain « avec sincérité et courage », assurant de « l’engagement constant du Saint-Siège en faveur de la paix ».
Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, a parlé quant à lui de la « blessure » de l’émigration qui touche surtout les jeunes, invitant à tout faire pour éviter « un Moyen-Orient monochrome qui ne reflèterait pas sa riche réalité humaine et historique ».
Les chrétiens, a-t-il ajouté, « sont appelés, comme tous les citoyens, à contribuer à la naissance d’une nouvelle Syrie, d’un nouvel Irak selon leur identité énoncée dans les principes de non-violence, de dialogue, de respect de la dignité humaine, des droits humains et des libertés fondamentales, de pluralisme, de démocratie, de citoyenneté, de séparation entre religion et Etat ».
Outre l’intervention de Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a appelé à donner « un signe d’espérance concrète » aux réfugiés « pour leur permettre de retourner dans leurs pays et d’y vivre en sécurité ».
Soulignant que les minorités chrétiennes sont « les plus vulnérables », le secrétaire général de Caritas Internationalis, Aloysius John, a formulé des propositions : la révocation des sanctions pour alléger les souffrances des populations locales et permettre aux organisations humanitaires de répondre aux besoins urgents ; l’augmentation des ressources financières destinées aux programmes d’aide pour reconstruire le tissu social et répondre aux besoins des communautés locales.