« L’eau, qu’elle soit polluée, accaparée, gâchée, ou bien partagée et respectée, reflète le comportement de l’humanité qu’elle contribue aussi à unir », estime le Saint-Siège intervenant à la deuxième Session extraordinaire du Conseil intergouvernemental (CIG) du Programme hydrologique intergouvernemental (PHI) de l’UNESCO, le 1er décembre 2020.
« L’eau a également une valeur institutionnelle et pour la promotion de la paix », a souligné la délégation dans le texte que nous publions ci-dessous.
Intervention de la Délégation du Saint-Siège
Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs, chers collègues,
Le Saint-Siège remercie l’équipe du Programme hydrologique intergouvernemental (PHI) et plus généralement l’UNESCO pour avoir organisé cette Session dans ces conditions difficiles. Ce d’autant plus qu’il est particulièrement nécessaire que les Gouvernements se mobilisent et unissent leurs efforts précisément au sujet de l’eau . Ces efforts doivent permettre d’accélérer considérablement les progrès vers la réalisation universelle du droit à l’eau potable et à l’assainissement, de façon à protéger la vie et à permettre un développement compatible avec l’inaliénable dignité humaine. La pandémie actuelle nous rappelle à tous, douloureusement, à quel point cela est important. Les domaines sanitaire et agricole exigent toute notre attention, sans négliger la sauvegarde de l’environnement.
Nous ne saurions cependant réduire l’eau à sa valeur, ni dans le secteur sanitaire ni dans le domaine économique.
Comme le souligne le document Aqua fons vitae, publié cette année par le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, l’eau a également une valeur institutionnelle et pour la promotion de la paix. Puisse donc le travail du PHI favoriser la rencontre, la coopération et la diplomatie à tous les niveaux, et ainsi favoriser une bonne gouvernance en faveur de la paix, autour de l’eau et grâce à l’eau.
En outre, qui mieux que l’UNESCO peut faire prévaloir la valeur socioculturelle de l’eau ? L’eau n’apparaît-elle pas fondamentale dans nombre de nos légendes, dans la production littéraire, ou même dans notre histoire ? L’eau, qu’elle soit polluée, accaparée, gâchée, ou bien partagée et respectée, reflète le comportement de l’humanité qu’elle contribue aussi à unir. Puissions-nous, tous ensemble, prendre soin de ce bien commun. Comme le Pape François l’a écrit dans la récente encyclique Fratelli tutti, « si quelqu’un a de l’eau en quantité surabondante et malgré cela la préserve en pensant à l’humanité, c’est qu’il a atteint un haut niveau moral qui lui permet de se transcender lui-même ainsi que son groupe d’appartenance. Cela est merveilleusement humain » .
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège encourage l’UNESCO et les Etats Membres à poursuivre son travail de sensibilisation et d’éducation au sujet de l’eau qui est, par excellence, un sujet interdisciplinaire, très concret, qui peut être abordé à tous les âges.
De plus, l’eau a également une signification particulière dans le domaine religieux. Elle constitue un symbole qui touche à l’expérience la plus profonde de l’humanité, et qui renvoie à une valeur transcendante. Considérons, par exemple, que dans le texte fondamental de la foi judéo-chrétienne, la Bible, 1500 versets environ font référence au thème de l’eau. De plus, dans de nombreuses religions, l’eau a été et continue d’être perçue comme un symbole de vie, ou comme liée aux divinités et à leur bienveillance. Ces significations religieuses peuvent également constituer une motivation pour son usage respectueux et sobre. Les organisations porteuses de valeurs religieuses saines et authentiques peuvent donc contribuer aux travaux de l’UNESCO et des Etats membres sur le thème de l’eau, et ce pas uniquement lors des urgences humanitaires, mais aussi et surtout en proposant une vision éthique particulière de l’eau et du rapport de l’humanité à celle-ci.
Permettez-moi enfin, Monsieur le Président, de transmettre les vœux et les encouragements du Saint-Père pour tous ceux qui, ici, travaillent sincèrement en faveur d’une gestion solidaire et durable de l’eau.
Merci.