Cardinal Ouellet, 4 décembre 2020, capture Vatican media

Cardinal Ouellet, 4 décembre 2020, capture Vatican media

Vadémécum pour les évêques : inviter des pasteurs d’autres Eglises à prêcher

Présentation du cardinal Ouellet

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Le Vatican encourage les échanges mutuels de prédicateurs entre confessions chrétiennes, dans le vadémécum œcuménique publié ce 4 décembre 2020 à l’attention des évêques. Non pas lors des messes, mais dans d’autres circonstances.

« Il est bon même parfois d’inviter d’autres ministres du culte à prêcher chez soi ou d’aller prêcher ailleurs sur invitation bien circonstanciée », a affirmé le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, en présentant le document lors d’une conférence de presse.

Le vadémécum souligne en effet que tous les chrétiens « partagent les saintes Écritures » et même parfois un lectionnaire dominical. Il suggère que le ministère de la prédication peut montrer cette « source commune des saintes Écritures » : « Les prêtres catholiques et les autres ministres chrétiens peuvent, lorsque cela est approprié, s’inviter mutuellement à partager ce ministère dans leurs célébrations non-eucharistiques respectives. »

Ce vadémécum de l’évêque, a précisé le cardinal Ouellet, ne comporte pas de « nouveautés particulières » mais suggère « des initiatives concrètes » en faveur de l’unité, qui « devient plus urgente ». Parmi les suggestions : les échanges fraternels dans l’usage des églises, la lutte contre la pauvreté, l’exercice de la charité ; la formation œcuménique des séminaristes, des novices, et des universitaires chrétiens, « par des cours adéquats ».

Intervention du card. Ouellet

Vingt-cinq ans après l’Encyclique Ut unum sint du Pape Jean-Paul II, le Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens publie un document très pratique pour les évêques, un vademecum afin de les aider à mieux assumer leur rôle de premier plan dans la mission œcuménique de l’Église catholique. Ce vademecum ne comporte pas de nouveautés particulières si ce n’est un rappel des principes fondamentaux de l’œcuménisme et un encouragement à prendre des initiatives concrètes en faveur de l’unité. Les annexes à la fin du document informent brièvement sur l’état des relations et des dialogues institutionnels de l’Église catholique avec ses différents partenaires, fournissant ainsi une mise à jour très intéressante.

On entend dire parfois que la cause œcuménique est devenue secondaire dans les priorités de l’Église à cause des flux migratoires qui créent de nouvelles urgences de dialogue interreligieux dans les milieux de vie de plus en plus multiculturels. L’Encyclique Fratelli tutti du Pape François prend acte de cette réalité mais ne relègue pas la cause œcuménique à l’arrière-plan. En fait la recherche de l’unité des chrétiens devient plus urgente à cause précisément de ce nouveau contexte qui exige plus de cohésion entre nous, baptisés, pour offrir un témoignage de vie crédible dans un dialogue élargi avec des communautés et des partenaires de diverses religions.

Les évêques sont les premiers responsables de l’unité des chrétiens non seulement dans leur diocèse mais aussi au niveau universel en tant que membres du Collège des successeurs des Apôtres; à ce titre ils sont co-responsables avec le Pape de la tâche de réconciliation des chrétiens afin d’offrir ensemble le témoignage d’unité que le Seigneur attend de ses disciples (Jn 17, 21). D’où l’importance de promouvoir en premier lieu la prière à cette intention, en particulier lors de la Semaine de prière qui se célèbre chaque année en préparation de la fête liturgique de la conversion de Saint Paul. Chaque évêque est tenu de promouvoir cette initiative qui est préparée conjointement avec d’autres partenaires du mouvement œcuménique. Un des moyens de ne pas l’oublier est d’avoir un délégué diocésain nommé par l’évêque, un clerc, un religieux ou un laïc, qui maintient la priorité œcuménique présente à l’esprit de tous et qui, selon les contextes, coordonne les activités avec les représentants des autres Églises ou communautés ecclésiales.

Le Saint Père François se fait un devoir d’accueillir régulièrement des frères et des sœurs non catholiques pour les écouter, les comprendre et les encourager sur la route de l’unité; certains évêques ont ce même souci à des degrés divers, mais tous sont priés d’édifier leur communauté locale par une attitude positive, ouverte et fraternelle à l’égard des autres confessions chrétiennes, quelles que soient par ailleurs les attitudes contraires que nous pouvons rencontrer, et les échecs qui peuvent nous inciter à baisser les bras. Un catholique ne se lasse pas de faire le premier pas pour un rapprochement, parce que la charité qui l’habite l’oblige au pardon, au partage et à un engagement persévérant. Dans les circonstances présentes de l’Église et du monde, qui ne voit que l’évêque, comme chef d’Église, est tenu de cultiver une authentique attitude œcuménique et de l’enseigner à ses fidèles?

L’Évêque ira plus loin en donnant l’exemple d’une collaboration avec des frères en communion imparfaite avec l’Église catholique. L’usage des églises, la lutte à la pauvreté, l’exercice de la charité peuvent être l’occasion d’échanges fraternels et de partage entre communautés ecclésiales différentes. Il est bon même parfois d’inviter d’autres ministres du culte à prêcher chez soi ou d’aller prêcher ailleurs sur invitation bien circonstanciée. Le vademecum offre beaucoup d’exemples d’initiatives possibles dans le respect des normes établies par le Directoire de 1993. L’évêque ne doit surtout pas oublier de soigner la formation œcuménique des séminaristes, des novices, et des universitaires chrétiens, notamment par des cours adéquats qui donnent le sens et les motivations pour une recherche sincère de l’unité des chrétiens.

Chaque conférence épiscopale a un rôle important à jouer à l’égard de la formation des communautés diocésaines et de leur motivation. Elle y pourvoit en s’assurant qu’une commission d’évêques ou au moins un délégué de la Conférence s’occupe de garder présente cette priorité de la mission de l’Église. Mais surtout n’oublions pas que l’œcuménisme est avant tout une entreprise spirituelle et une invocation de l’Esprit Saint pour que la grâce de Dieu rétablisse entre tous les disciples du Christ l’unité pour laquelle il a versé son sang et vaincu la mort. Comme témoins du Ressuscité, l’espérance est notre force et notre motivation pour aller de l’avant sans nous décourager. Le vademecum offre des pensées fécondes et des actions concrètes pour l’actualisation et la mise en œuvre d’une conversion œcuménique pour les évêques et tous les disciples du Christ qui désirent mieux incarner la joie de l’Évangile en notre temps.

Félicitations et merci au Conseil Pontifical pour ce vademecum qui aide tous les fidèles mais surtout les évêques à un aggiornamento de leur mission au service de l’unité.

© Librairie éditrice du Vatican

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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