Le pape François a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret reconnaissant un miracle attribué à l’intercession de la vénérable servante de Dieu Elżbieta Czacka, fondatrice de la Congrégation des Sœurs Franciscaines Servantes de la Croix (1876-1961). Cette reconnaissance ouvre la voie à sa béatification.
Le pape a en effet reçu le cardinal désigné Marcello Semeraro, nouveau préfet du dicastère, le 27 octobre 2020, donnant son feu vert à la publication de huit décrets concernant trois miracles, quatre martyres et deux nouveaux « vénérables ».
Mère Elżbieta Czacka, qui a perdu la vue à 22 ans, a essayé de tout faire pour aider les aveugles en Pologne : son travail dans ce domaine était pionnier dans le pays.
Dans sa lettre à la supérieure générale de la congrégation à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Mère Czacka, en 1976, le futur saint pape Jean-Paul II a écrit : « Votre Mère Fondatrice est … très proche de moi spirituellement. Tant par son travail de prise en charge des aveugles, imprégné de la miséricorde sacrificielle du Christ, que par une approche profondément chrétienne de la souffrance humaine. »
Le miracle
La guérison miraculeuse d’une jeune fille « avec un grave traumatisme crâniofacial et une profonde perte de conscience » a été attribuée à l’intercession de Mère Elżbieta Czacka, indique en polonais le site de la Congrégation des Sœurs Franciscaines, Servantes de la Croix. L’accident s’est produit le 29 août 2010 : à l’âge de 7 ans, K. a subi un traumatisme crânien en raison de la structure endommagée d’une lourde balançoire en bois, ce qui a entraîné de graves lésions craniofaciales, avec une perte directe de conscience. Elle a été transportée à l’hôpital dans un état très grave. Elle a subi deux opérations neurochirurgicales. Le 13 septembre 2010, une amélioration inattendue a eu lieu et le 5 novembre, la fillette a quitté l’hôpital en bonne santé.
Immédiatement après l’accident, une prière a été lancée pour la guérison de la jeune fille par l’intercession de Mère Elżbieta. À l’initiative de la tante de K., les sœurs de la Congrégation des Sœurs Franciscaines, Servantes de la Croix, fondée par Mère Czacka, se sont engagées dans la prière, invoquant l’intercession de la Fondatrice. Toute la Congrégation, ainsi que la famille et les amis de K. ont prié Mère Elżbieta à différents stades de la maladie et de la réadaptation.
Biographie
Róża Maria Czacka est née le 22 octobre 1876 à Biała Cerkiew (aujourd’hui en Ukraine). Elle a passé sa jeunesse à Varsovie. Parlant couramment quatre langues étrangères elle a acquis, grâce à son père, des connaissances en matière économique, et, grâce aux enseignants privés – elle a appris plusieurs matières que les filles de son époque n’étudiaient pas.
Elle est tombée en faisant du cheval et a perdu la vue à l’âge de 22 ans. Une foi profonde l’a empêchée de s’effondrer et elle a accepté l’événement comme un signe de sa vocation personnelle. Elle a renoncé aux tentatives désespérées de sauver sa vue et a décidé de se consacrer à la cause des aveugles, dont la situation en Pologne était extrêmement difficile.
Pendant environ dix ans, elle a appris le mode de vie des aveugles. Elle a appris le Braille et a entrepris un travail intensif sur sa propre rééducation pour atteindre une indépendance maximale.
Elle a commencé à travailler pour les aveugles à Varsovie vers 1908. Elle a voulu adapter à la réalité polonaise l’idée mise en œuvre en France par Maurice de la Sizeranne (1857-1924), fondateur de l’Association Valentin-Haüy au service des aveugles et des malvoyants: l’aveugle – un homme utile. Elle a établi des contacts privés avec des aveugles, leur a rendu visite; elle a enseigné le Braille et l’artisanat; assisté matériellement les plus pauvres. Elle a mis en place un refuge pour filles aveugles, où elles ont appris la vannerie, le tissage de chaises et le tricot. Puis une maison pour les vieilles aveugles a été construite.
En 1911-1914, elle a fondé la Société pour la protection des aveugles à Varsovie, ainsi qu’un orphelinat pour enfants aveugles, école primaire, ateliers, bibliothèque en braille, et enfin un patronage.
En 1915, Róża Czacka est partie pour la Volhynie (Ukraine actuelle). À Żytomierz, menant une vie de pauvreté et de mortification par son propre choix, elle a généreusement aidé les nécessiteux, en particulier les aveugles. À la fin de la période de trois ans de solitude et de prière, en 1918, elle est revenue à Varsovie dans un habit franciscain en tant que sœur Elżbieta.
En novembre, elle a obtenu le consentement des autorités ecclésiales pour fonder la Congrégation des Sœurs Franciscaines, Servantes de la Croix, et a accueilli les 12 premières candidates. Elle a donné pour objectif de la congrégation émergente un service complet aux aveugles.
Dès son retour à Varsovie, la mère d’Elżbieta a repris la direction des institutions de la Société des aveugles. Dans son travail intensif, elle a été conseillée par le nonce apostolique Achille Ratti, plus tard pape Pie XI, qui a manifesté beaucoup d’intérêt pour son œuvre.
En 1922, la donation d’un petit morceau de terre marque le début d’un nouveau chapitre de l’histoire du Triuno (comme s’appelait l’Œuvre fondée par Mère Czacka). Le domaine Laski-Różanna a été construit rapidement, où les installations de la Société ont été progressivement déplacées. Laski devient à la fois le siège principal de la congrégation. En plus des institutions au service direct des aveugles, une maison de retraite est créée à Laski, ainsi que la bibliothèque du savoir religieux et la maison d’édition « Verbum », consacrée à l’apostolat des « aveugles dans l’âme ».
Dirigeant l’ensemble de l’Œuvre, Mère Czacka s’occupait des affaires quotidiennes et publiait des articles dans des revues spécialisées. Elle a développé une version de l’alphabet Braille adaptée au système phonétique polonais et au système polonais d’abréviations orthographiques pour cet alphabet. Elle a donné des conférences pour les sœurs. Elle était toujours disponible pour de nombreux laïcs qui lui demandaient conseil et soutien interne.
En septembre 1939, lors du bombardement de Varsovie, Mère Czacka a été blessée: elle a perdu un œil et la chirurgie nécessaire a été pratiquée sans anesthésie. Après un mois, elle est retournée à Laski. En cette même période, elle a organisé l’hôpital pour soigner les malades. Après la guerre, elle a géré la reconstruction de l’Institut.
En raison de la maladie progressive, en 1950, elle a renoncé aux fonctions de supérieure générale et dès lors, pendant dix ans, elle a soutenu la Congrégation et l’Œuvre surtout par le sacrifice et la prière.
Elle est morte le 15 mai 1961 à Laski, « en odeur de sainteté ».
