Extase de Thérèse d'Avila @ WIKIMEDIA COMMONS - Sailko

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Thérèse d’Avila : « Avec Dieu, rien ne peut nous troubler »

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Hommage du pape à une « maîtresse de prière »

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« Avec Dieu, rien ne peut nous troubler ou nous effrayer, car Dieu seul suffit », écrit le pape François en rendant hommage à sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), dans un tweet publié pour sa fête, ce 15 octobre 2020.

« Souvenons-nous aujourd’hui de Sainte Thérèse de Jésus, maîtresse de prière, écrit-il. Elle nous enseigne que la prière est expression d’amitié avec Celui qui nous aime toujours. »

Dans un message pour le 5e centenaire de la sainte (28 mars 1515 – 28 mars 2015), le pape argentin saluait « le charisme de cette femme exceptionnelle », « maîtresse d’oraison » et « inlassable porte-parole de l’Évangile », qui « resplendit comme un guide très sûr et un modèle attirant de remise totale de soi à Dieu ».

La réforme thérésienne, rappelait-il, insiste notamment sur « une authentique vie communautaire » ancrée dans « la vie fraternelle » et sur « la vertu d’humilité », faite « d’acceptation de soi-même, de conscience de sa propre dignité, d’audace missionnaire, de reconnaissance et d’abandon en Dieu ».

Le pape François recommandait le « trésor » légué par sainte Thérèse d’Avila, « empli de propositions concrètes, de chemins et de méthodes pour prier qui, loin de nous enfermer en nous-mêmes (…), nous font toujours repartir de Jésus et constituent une école authentique de croissance dans l’amour de Dieu et du prochain ».

Benoît XVI a consacré une catéchèse à sainte Thérèse de Jésus, « l’un des sommets de la spiritualité chrétienne de tous les temps », le 2 février 2010, dont voici des extraits :

« Elle naît à Avila, en Espagne, en 1515, sous le nom de Teresa de Ahumada. Dans son autobiographie, elle mentionne elle-même certains détails de son enfance : la naissance de « parents vertueux et craignant Dieu », au sein d’une famille nombreuse, avec neuf frères et trois sœurs. Encore enfant, alors qu’elle n’avait pas 9 ans, elle a l’occasion de lire les vies de certains martyrs, qui lui inspirent le désir du martyre, si bien qu’elle improvise une brève fugue de chez elle pour mourir martyre et monter au Ciel (cf. Vie, 1, 4) : « Je veux voir Dieu » déclare la petite fille à ses parents. Quelques années plus tard, Thérèse parlera de ses lectures d’enfance, et affirmera y avoir découvert la vérité, qu’elle résume dans deux principes fondamentaux : d’un côté, « le fait que tout ce qui appartient au monde ici bas passe » et de l’autre, que seul Dieu est « pour toujours, toujours, toujours », un thème qui revient dans la très célèbre poésie « Que rien ne te trouble,/ que rien ne t’effraie ;/ tout passe. Dieu ne change pas :/ la patience obtient tout ;/ celui qui possède Dieu/ ne manque de rien/ Dieu seul suffit ! ». Orpheline de mère à l’âge de 12 ans, elle demande à la Très Sainte Vierge de lui servir de mère (cf. Vie, 1, 7).

Si, au cours de son adolescence, la lecture de livres profanes l’avait conduite aux distractions d’une vie dans le monde, l’expérience comme élève des moniales augustiniennes de Sainte Marie des Grâces d’Avila, ainsi que la lecture de livres spirituels, en particulier des classiques de la spiritualité franciscaine, lui enseignent le recueillement et la prière. A l’âge de 20 ans, elle entre au monastère carmélite de l’Incarnation, toujours à Avila ; dans sa vie religieuse, elle prend le nom de Thérèse de Jésus. Trois ans plus tard, elle tombe gravement malade, au point de rester quatre jours dans le coma, apparemment morte (cf. Vie, 5, 9). Même dans la lutte contre ses maladies, la sainte voit le combat contre les faiblesses et les résistances à l’appel de Dieu : « Je désirais vivre – écrit-elle – car je le sentais, ce n’était pas vivre que de me débattre ainsi contre une espèce de mort ; mais nul n’était là pour me donner la vie, et il n’était pas en mon pouvoir de la prendre. Celui qui pouvait seul me la donner avait raison de ne pas me secourir ; il m’avait tant de fois ramenée à lui, et je l’avais toujours abandonné » (Vie, 8, 2) En 1543, sa famille s’éloigne : son père meurt et tous ses frères émigrent l’un après l’autre en Amérique. Au cours du carême 1554, à l’âge de 39 ans, Thérèse atteint le sommet de sa lutte contre ses faiblesses. La découverte fortuite de la statue d’« un Christ couvert de plaies » marque profondément sa vie (cf. Vie, 9). La sainte, qui à cette époque trouvait un profond écho dans les Confessions de saint Augustin, décrit ainsi le jour décisif de son expérience mystique : « Le sentiment de la présence de Dieu me saisissait alors tout à coup. Il m’était absolument impossible de douter qu’il ne fût au dedans de moi, ou que je ne fusse toute abîmée en lui » (Vie, 10, 1).

Parallèlement au mûrissement de son intériorité, la sainte commence à développer concrètement l’idéal de réforme de l’ordre du carmel : en 1562 elle fonde à Avila, avec le soutien de l’évêque de la ville, don Alvaro de Mendoza, le premier carmel réformé, et peu après elle reçoit aussi l’approbation du supérieur général de l’ordre, Giovanni Battista Rossi. Dans les années qui suivent elle continue à fonder de nouveaux carmels, dix-sept au total. La rencontre avec saint Jean de la Croix, avec lequel, en 1568, elle fonde à Duruelo, non loin d’Avila, le premier couvent de carmélites déchaussées, est fondamentale. En 1580, elle obtient de Rome l’érection en Province autonome pour ses carmels réformés, point de départ de l’ordre religieux des carmélites déchaussées. Thérèse termine sa vie terrestre au moment où elle est engagée dans l’activité de fondation. En 1582, en effet, après avoir fondé le carmel de Burgos et tandis qu’elle est en train d’effectuer son voyage de retour à Avila, elle meurt la nuit du 15 octobre à Alba de Tormes, en répétant humblement ces deux phrases : « A la fin, je meurs en fille de l’Eglise » et « L’heure est à présent venue, mon Epoux, que nous nous voyons ». Une existence passée en Espagne, mais consacrée à l’Eglise tout entière. Béatifiée par le Pape Paul V en 1614 et canonisée en 1622 par Grégoire XV, elle est proclamée « Docteur de l’Eglise » par le Serviteur de Dieu Paul VI en 1970. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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