Mgr Vincenzo Zani, secrétaire de la Congrégation pour l’Éducation catholique, a expliqué l’objectif et l’enjeu du « Pacte mondial pour l’éducation », au micro de Radio Vatican, le 14 octobre 2020. Il a cité l’exemple du Cambodge, dont des images apparaissent dans le message vidéo du pape François.
Le pape François lance en effet, au service des enfants et des jeunes, un « Pacte mondial pour l’éducation »: après l’annulation du rendez-vous au Vatican du 14 mai dernier, à cause de la pandémie, et pour souligner justement l’urgence de l’éducation dans un nouveau contexte dramatique, l’Université pontificale du Latran a accueilli, ce jeudi après-midi 15 octobre 2020, un événement au cours duquel le pape a adressé un nouveau message vidéo.
L’objectif de la rencontre, indique Mgr Zani, est de « relancer les contenus que le pape a explicités à différentes occasions à partir de son message du 12 septembre 2019, quand il a parlé pour la première fois du Contrat mondial pour l’éducation. François l’a repris en cinq autres circonstances, avec des interventions très riches de signification que nous avons essayé de recueillir. Le 15 octobre prochain devient donc une date pour le relancer, mais dans une situation différente, marquée en particulier par deux éléments nouveaux. Avant tout, nous nous trouvons dans un contexte caractérisé par la pandémie et qui, par conséquent, n’est pas comparable à celui d’il y a un an. En second lieu, nous nous trouvons aujourd’hui à un moment de la vie de l’Église où nous avons entre les mains un nouveau document extraordinaire : l’encyclique Fratelli tutti que le pape a signée à Assise le 3 octobre dernier. Il me semble que ces deux éléments nous aident à situer de façon nouvelle le riche patrimoine du magistère que François, au cours de son pontificat, a voulu exprimer sur le thème de l’éducation et qui est également concentré dans le thème du contrat éducatif. L’objectif du pape, me semble-t-il, est précisément d’inviter tout le monde à effectuer un pas commun sur le front éducatif, parce qu’aujourd’hui la réalité est différente. Chacun suit des directions différentes et nous assistons à ce que nous pouvons définir comme pratiquement une catastrophe éducative. »
L’impact de la pandémie sur l’éducation
« C’est une crise qui a eu des effets négatifs dans tous les domaines, mais en particulier dans celui de l’éducation. Là, les problèmes qui existaient déjà auparavant, et qui concernaient l’exclusion de millions d’enfants de l’éducation, prennent aujourd’hui une dimension beaucoup plus large. Il est désormais clair, en effet, qu’on ne peut pas résoudre ce drame avec quelques leçons à distance : l’éducation est une question beaucoup plus complexe. Je suis certain que le chemin que le Saint-Père a voulu lancer va aussi dans cette direction. Dans son message de l’année dernière, il répétait un concept fondamental de son magistère : nous vivons un changement d’époque, nous assistons à une métamorphose, non seulement culturelle mais également anthropologique. Eh bien, je crois qu’aujourd’hui, en pleine pandémie, ce changement d’époque revêt une allure beaucoup plus dramatique qui peut justement être définie comme une catastrophe. L’avenir est donc de plus en plus entre les mains de l’éducation, parce que l’éducation est le signe de l’espérance. Éduquer signifie investir toutes les énergies possibles pour aider les personnes à regarder en avant.
Évoquant le sous-titre de cette rencontre du 15 octobre, « Ensemble pour regarder au-delà », le secrétaire de la Congrégation pour l’Éducation catholique souligne l’intérêt de « cette dimension de marcher ensemble, et surtout de porter son regard au-delà de l’obstacle ». Pour le faire, précise-t-il, « il est nécessaire de repenser les systèmes éducatifs académiques qui sont – le pape l’a souvent redit – trop raides, trop formels. Il faut trouver des parcours différents qui aillent dans toutes les directions, en convoquant les différentes disciplines, pour faire comprendre que l’éducation est la transmission des différents savoirs qui doivent toutefois trouver un paradigme nouveau et unitaire, centré sur la valeur de la personne et sur le dialogue interdisciplinaire. Mais surtout, il est nécessaire d’apprendre à voir l’éducation et la transmission des savoirs dans la perspective d’un service pour le bien commun. »
De très nombreuses initiatives
Après l’annulation de l’événement du 14 mai dernier, Mgr Zani se réjouit de ce lancement: « Le message de l’année dernière a stimulé de très nombreuses initiatives. Avant tout, nous-mêmes, comme Congrégation, nous en avons encouragé une quinzaine. Des congrès et des conférences qui ont approfondi les différents thèmes pour toucher les divers aspects du contrat éducatif : le thème de l’éducation à la démocratie, par exemple, ou celui de la paix et du dialogue entre les religions, lancé par le pape lui-même dans son intervention à l’Université du Latran le 31 octobre 2019. Il y a également eu un congrès sur le « Service Learning », c’est-à-dire sur l’éducation en mettant les personnes dans les conditions de servir les autres. Puis sur l’écologie, avec l’Université pontificale Antonianum, le dialogue entre les religions, celui entre les générations avec l’Auxilium (Faculté pontificale des Sciences de l’Éducation, ndr) et l’Université pontificale salésienne. En somme, sur les quatorze ou quinze congrès que nous avions programmés, nous n’avons finalement pu en organiser que onze, parce que la pandémie nous a obligés à nous arrêter. Le dernier était un séminaire d’étude à Abou Dhabi pour rappeler le document signé par le pape avec le recteur d’al-Azhar. Tout ceci a été le lancement d’un processus au niveau académique.
Et puis, ajoute-t-il, « nous avons écouté les congrégations religieuses, les associations, les groupes et les mouvements qui œuvrent dans le monde entier et qui s’étaient immédiatement activés pour dire qu’ils étaient prêts à faire quelque chose pour le contrat éducatif ; à partir de l’Instrumentum laboris, que nous avons publié au début de l’année, ils ont lancé des initiatives, des expériences, des laboratoires dans le monde entier. Nous avons confié à l’université LUMSA la charge de recueillir les meilleures expériences, avec des critères rigoureux du point de vue pédagogique également et nous en avons relevé environ soixante-dix. Ce sont vraiment des expériences extraordinaires que nous ne pourrons malheureusement pas raconter à la rencontre du 15 octobre, mais qui feront par la suite l’objet d’un approfondissement ultérieur et probablement aussi d’une publication. En effet, je trouve juste de faire connaître l’effort extraordinaire de pays comme le Cambodge, la Russie, ou les pays d’Amazonie, les pays africains pour apporter une réponse qui manifeste la pleine réception du message du pape mais qui devient vraiment le lancement d’un nouveau processus, y compris dans les contextes locaux. »
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat