Béatification de Carlo Acutis, capture @ Vatican Media

Béatification de Carlo Acutis, capture @ Vatican Media

Carlo Acutis avait prédit à sa mère: « Tu seras maman à nouveau »

Un jeune bienheureux de « Laudato si' »

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« Je te donnerai beaucoup de signes et tu seras maman à nouveau », avait annoncé à sa mère, Antonia Salzano, Carlo Acutis (1991-2006), foudroyé en 72 heures par une leucémie, à l’âge de 15 ans. Carlo a été un « influenceur » pour Dieu déclare encore sa maman et beaucoup voient en lui un « patron d’Internet ». Mais, comme saint François, il aimait la nature – notamment les animaux – et les pauvres: il pourrait être un jeune bienheureux de Laudato si’!

Parents et frère et soeur de Carlo Acutis @ Vatican Media

Parents et frère et soeur de Carlo Acutis @ Vatican Media

Ses parents, Andrea et Antonia, et son petit frère et sa petite soeur, ont en effet participé à la messe de béatification, présidée par le cardinal Agostino Vallini, vicaire émérite du pape pour Rome, dans la basilique supérieure d’Assise, en présence de l’évêque du lieu, Mgr Domenico Sorrentino qui a pris la parole au terme de la célébration.

Card. Vallini @ Vatican Media

Card. Vallini @ Vatican Media

Amour de la nature et des pauvres

Dans différents entretiens accordés aux médias italiens, dont le Corriere della Sera (Stefano Lorenzetto) du 4 septembre dernier, Antonia Salzano Acutis a évoqué, l’amour de son fils pour les animaux, à l’instar de saint François d’Assise que Carlo aimait au point de demander à reposer à Assise. Et son corps a été retrouvé intact lors de l’exhumation, 14 ans après sa mort, avec la même taille, 1, 82 m et le même poids, 70 kilos. Il avait eu l’intuition de sa mort précoce. Sa maman a retrouvé dans son ordinateur une note annonçant: « Quand je pèserai 70 kilos, je vais mourir. »

Carlo Acutis et l'un de ses chien @ Archives, Amis de Carlo Acutis

Carlo Acutis et l’un de ses chiens @ Archives, Amis de Carlo Acutis

Son amour de la nature a également été souligné par le cardinal Vallini dans son homélie. Carlo et sa famille ont eu quatre chiens, Poldo, Stellina, Chiara et la dernière, Briciola, morte le 15 août dernier – à l’âge assez vénérable de presque 17 ans – et deux chats, Bambi et Cleopatra. Sa maman raconte une anecdote qui souligne cette proximité de Carlo avec les petites créatures du Bon Dieu, à l’instar de saint François: « Avant qu’il ne nous quitte, je lui ai dit: si tu trouves nos amis à quatre pattes au paradis, apparais avec Billy, le chien de mon enfance. Il ne le connaissait pas. Un jour, tante Gioia, ignorant notre accord, m’a appelée: « Hier soir, j’ai vu Carlo en songe. Il tenait Billy dans ses bras ». »

Mais cette proximité avec la nature et les animaux, Carlo l’alliait à un amour de prédilection pour les pauvres: Laudato si’ invite justement à entendre ensemble le cri des pauvres et le cri de la terre.

Il servait les pauvres dans la maison des soeurs de Mère Teresa, et chez les Capucins. Le soir il sortait pour apporter de la nourriture et des boissons chaudes aux clochards. Avec ses économies, il leur offrait des sacs de couchage. Il était accompagné par le domestique de la maison, un Indien, Rajesh Mohur, qui devint chrétien en voyant Carlo s’occuper des nécessiteux.

Mgr Sorrentino @ Vatican Media

Mgr Sorrentino @ Vatican Media

En souvenir de sa béatification, une soupe populaire pour les pauvres va être ouverte, a annoncé Mgr Sorrentino.

Comme un service des plus pauvres toujours, un Prix saint François et Carlo Acutis sera aussi institué pour une « économie fraternelle »: une  réponse à « Fratelli tutti ».

Pour l’évêque d’Assise, « François et Carlo » sont indissociables: union à Dieu, eucharistie, amour de Marie – chapelet quotidien -, amour des pauvres, vie selon l’Evangile, désir de Carlo de reposer à Assise.

Béatification de Carlo Acutis, capture @ Vatican Media

Béatification de Carlo Acutis, capture @ Vatican Media

Une intense vie eucharistique

Un amour qu’il puisait à son intense vie eucharistique. Le reliquaire porté en procession, avec ses parents, au début de la célébration porte inscrites ses paroles: « L’eucharistie, mon autoroute pour le Ciel ». Fervent de l’adoration eucharistique, il disait aussi: « Quand on s’expose au soleil, on bronze; quand on se met devant Jésus Eucharistie, on devient saint! ». Dans l’eucharistie il puisait cette proximité avec toute personne.

Le cardinal Vallini a aussi rappelé que Carlo vivait de l’eucharistie quotidienne, et qu’il pensait que celui qui s’approche tous les jours de l’eucharistie va « directement au ciel ». D’aucun interprètent aussi la conservation exceptionnelle de son corps comme un signe eucharistique, promesse de vie éternelle.

Sa maladie a d’abord semblé une simple grippe. Puis il a ressenti une forte fatigue et du sang est apparu dans ses urines. Il disait: « J’offre ces souffrances pour le Pape (Benoît XVI, ndlr), pour l’Eglise, et pour aller droit au paradis sans passer par le purgatoire. »  Le médecin l’a fait hospitaliser. Le verdict a été terrible: « leucémie myéloïde aiguë M3 ». Carlo réagit en disant: « Dieu m’a donné un beau réveil. » Transféré dans un autre hôpital, il dit: « Je ne sortirai pas d’ici vivant. »

Carlo est entré dans le coma le 11 octobre 2006 à 14h et sa mort cérébrale a été déclarée le soir même à 17h, sa mort légale le lendemain, 12 octobre: ce sera, lundi prochain, 12 octobre, sa première fête en tant que bienheureux. Sa mère souligne le paradoxe, maintenant que son corps a  été retrouvé intact (le 23 janvier 2019): les médecins avaient dit à ses parents qu’ils ne pouvaient pas donner les organes de leur enfant, du fait de sa maladie. Son coeur, retrouvé « parfait » est aujourd’hui préservé dans le reliquaire porté en procession par le diacre suivi d’Andrea et Antonia Acutis.

Tombeau de Carlo Acutis, capture @ Diocèse d'Assise, FB

Tombeau de Carlo Acutis, capture @ Diocèse d’Assise, FB

Il était fasciné par les miracles eucharistiques du monde entier dont il a fait une étude précise et son exposition fait le tour du monde: 10 000 paroisses aux Etats-Unis.

Sa maman raconte deux épisodes. Neuf jours après sa mort un nouveau miracle eucharistique fut attesté au Mexique, à Tixtla: une hostie se mit à saigner. Un sang du groupe AB comme celui du Suaire de Turin, et du miracle de Lanciano (Italie), et des cellules cardiaques. Du sang « frais » encore quatre ans après.

Le 12 octobre 2008, deuxième anniversaire de sa mort, en Pologne, à Sokolka, une hostie tombée à terre pendant la communion et conservée dans un coffre fort, se transforma quelques jours plus tard en cellules cardiaques avec du sang du groupe AB.

Une foi précoce

Sa maman confie aussi que Carlo, né à Londres, n’a pas découvert la foi grâce à ses parents: « Au cours de ma vie je n’étais venue à l’église qu’à trois occasions: première communion, confirmation, mariage. Quand j’ai connu mon mari qui étudiait l’économie à Genève, je n’allais pas à la messe. (…) Carlo avait une prédisposition naturelle pour le sacré. A trois ans et demi, il demandait à entrer dans les églises pour saluer Jésus. Dans les parcs de Milan, il cueillait des fleurs pour les offrir à Marie. A 7 ans, il a demandé à faire sa première communion (au lieu de 10 ans). Nous l’avons laissé libre. Cela nous paraissait beau et nous avons demandé une dérogation. (…) Carlo m’a sauvée. J’étais une analphabète de la foi. Je me suis rapprochée de la foi grâce au p. Ilio Carrai, le « Padre Pio » de Bologne. Autrement je me serais sentie discréditée en tant qu’autorité parentale! C’est un chemin qui dure encore aujourd’hui. J’espère au moins finir au purgatoire. »

Antonia Salzano, la maman de Carlo Acutis @ Vatican Media

Antonia Salzano, la maman de Carlo Acutis @ Vatican Media

Antonia Salzano ajoute que Carlo a été précoce en tout, « monstrueusement doué »: à six ans, il maîtrisait l’ordinateur, tournait dans la maison avec le badge « Informaticien scientifique ». A 9 ans, il écrivait des programmes électroniques grâce aux livres de la bibliothèque de l’institut polytechnique (…). Il voulait utiliser le pc et le web pour diffuser l’Evangile (..). C’est un « influenceur » de Dieu. »

Quand le pape François cite Carlo Acutis

Et la maman cite des passages de « Christus vivit » dans lequel le pape François évoque Carlo Acutis.

Le pape écrit en effet (§§105-106): « Il savait très bien que ces mécanismes de la communication, de la publicité et des réseaux sociaux peuvent être utilisés pour faire de nous des êtres endormis, dépendants de la consommation et des nouveautés que nous pouvons acquérir, obsédés du temps libre et prisonniers de la négativité. Cependant, il a été capable d’utiliser les nouvelles techniques de communication pour transmettre l’Evangile, pour communiquer valeurs et beauté. Il n’est pas tombé dans le piège. Il voyait que beaucoup de jeunes, même s’ils semblent différents, finissent en réalité par se ressembler, en courant derrière ce que les puissants leur imposent à travers les mécanismes de consommation et d’abrutissement. C’est ainsi qu’ils ne laissent pas jaillir les dons que le Seigneur leur a faits ; ils n’offrent pas à ce monde ces talents si personnels et si uniques que le Seigneur a semés en chacun. Ainsi, disait Carlo, il arrive que “tous les hommes naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies”. Ne permets pas que cela t’arrive ! »

Béatification de Carlo Acutis, capture @ Vatican Media

Béatification de Carlo Acutis, capture @ Vatican Media

Le miracle pour la béatification

De son vivant déjà, la prière de Carlo à la Vierge de Pompéi a obtenu la guérison d’une femme qui souffrait d’une tumeur, révèle sa maman.

Le miracle qui a été retenu pour la béatification c’est la guérison d’un petit garçon du Brésil, Matheus, né avec une malformation du pancréas, ce qui l’empêchait de manger des aliments solides. Son curé, le p. Marcelo Tenorio invita la paroisse à une neuvaine et, le 12 octobre 2013, il appliqua un morceau d’un pull de Carlo sur le petit garçon de 6 ans. Le lendemain celui-ci commençait à manger. Une résonance magnétique a révélé que son pancréas était devenu normal. Une guérison instantanée, complète, durable, inexplicable pour la science.

Parmi les « signes » annoncés par Carlo, sa maman, bien qu’ayant presque 40 ans, allait être de nouveau mère. Et en 2010, à 43 ans, elle a eu des jumeaux, Michele et Francesca, qui étaient présents avec leurs parents à la béatification de ce 10 octobre.

Antonia Salzano confie que lorsque son enfant est mort elle a dit la prière de Job: « Le Seigneur a donné, le Seigneur a enlevé. Béni soit le nom du Seigneur! ». Elle ajoute: « Nos enfants ne nous appartiennent pas, ils nous sont confiés. Je sens Carlo plus présent que lorsqu’il était en vie. Je vois le bien qu’il fait. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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