« Etre présents dans la vie des gens de mer, en leur offrant notre amitié, notre soutien, notre encouragement et notre prière permanente » : c’est l’encouragement du cardinal Peter Turkson, dans une lettre pour le centenaire de l’Apostolat de la mer (1920 – 4 octobre – 2020).
Le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral salue les « centaines d’aumôniers et de nombreux autres volontaires présents dans environ 300 ports », qui effectuent chaque année « au moins 70 000 visites de navires et touchent plus d’un million de marins ».
« Soyez des apôtres fidèles à la mission d’annoncer l’Évangile, manifestez le visage empressé de l’Église qui accueille et se fait proche de cette partie du Peuple de Dieu, répondez sans hésiter aux gens de la mer, qui vous attendent à bord pour combler les profondes nostalgies de leur âme et se sentir membres actifs de la communauté », écrit-il encore.
Pour le Saint-Siège, l’Apostolat de la mer (alias Stella Maris) doit avoir un « ministère de présence » : « Utilisons donc tous les instruments que la technologie met à notre disposition ».
Le cardinal Turkson évoque aussi le nouveau logo, qui a pris un ton plus « écologique » : à l’ancre, à la bouée, au Sacré-Cœur de Jésus, aux rayons de lumière, s’ajoutent désormais les vagues de la mer, « qui mettent en évidence la nouvelle conscience qu’il faut prendre soin de la mer comme milieu où les gens de mer vivent et travaillent ».
Lettre du cardinal Turkson
1920 – 4 octobre – 2020
Chers Évêques Promoteurs, Coordinateurs régionaux, Directeurs nationaux, Aumôniers et Volontaires,
Depuis mars 2020, quand l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a annoncé la pandémie de covid-19, le monde n’est plus le même.
Comme cela avait été préalablement annoncé, j’aurais beaucoup aimé vous accueillir personnellement à Glasgow, en Écosse, le 4 octobre prochain, pour le XXVème Congrès Mondial et la Célébration du Centenaire de Stella Maris. Au lieu de cela, nous avons nous été “confinés” dans nos pays respectifs, avec une liberté de mouvement limitée sans savoir si et quand nous pourrons avoir une solution définitive à cette crise.
Malgré les limitations qui nous ont été imposées par la pandémie de covid-19, nous voudrions tout de même célébrer l’humble début de Stella Maris. J’aimerais donc inviter chacun de vous à vous souvenir et à mettre en relief cette journée dans votre pays par diverses activités. Comme suggestions, vous pouvez relire la lettre du 14 juillet 2019 dans laquelle j’annonçais la tenue du XXVème Congrès Mondial de Stella Maris / Apostolat de la Mer et la Célébration du Centenaire.
Nos origines
Il y a cent ans, quelques laïcs se réunirent à l’Institut Catholique, à Cochrane Street, à Glasgow, en Écosse, dans l’intention de réorganiser la branche maritime de l’Apostolat de la Prière au sein de l’Apostolat de la Mer (AOS).
Ces personnes se sentaient comme des « Apôtres » ayant reçu de l’Église la mission « de révéler le Christ à ceux qui naviguent à bord de bateaux et qui travaillent en eaux profondes, afin de les conduire à une plus grande connaissance du Christ et de son Église ».
Le 17 avril 1922, dans une lettre signée du Secrétaire d’État de l’époque, le Cardinal Gasparri, elles reçurent « l’approbation et les encouragements » du Pape Pie XI, « avec la certitude qu’une aussi noble entreprise, largement secondée par le zèle de ferventes âmes sacerdotales, aussi bien séculières que régulières, se développera toujours davantage dans les zones maritimes des deux hémisphères … ».
Notre réalité aujourd’hui
Cent ans plus tard, nous pouvons affirmer sans aucun doute que le désir du Pape Pie XI, soutenu par les Souverains Pontifes qui lui ont succédé, est aujourd’hui une merveilleuse réalité, avec des centaines d’aumôniers et de nombreux autres volontaires présents dans environ 300 ports, et qui effectuent chaque année au moins 70 000 visites de navires et touchent plus d’un million de marins.
En cette année du centenaire, en observant notre histoire, nous voulons remercier les innombrables « Apôtres » de toute nationalité qui, avec beaucoup d’efforts et de dévouement, dans différents ports du monde, dès le début de ce ministère ont passé leur vie au service des gens de mer et ont désormais atteint le port sûr du paradis.
Nous devons continuer nos services, enracinés dans leur tradition, inspirés par leurs exemples et guidés par l’Église, et « je désire aujourd’hui renouveler le mandat ecclésial qui, en communion avec vos Églises locales d’appartenance, vous place en première ligne dans l’évangélisation de tant d’hommes et de femmes de diverses nationalités qui transitent dans vos ports. Soyez des apôtres fidèles à la mission d’annoncer l’Évangile, manifestez le visage empressé de l’Église qui accueille et se fait proche de cette partie du Peuple de Dieu, répondez sans hésiter aux gens de la mer, qui vous attendent à bord pour combler les profondes nostalgies de leur âme et se sentir membres actifs de la communauté ».
Les défis à venir
Au long des ans, l’industrie maritime a énormément changé, avec la construction de bateaux toujours plus grands et plus informatisés, comportant des équipages multiculturels et multireligieux, qui jettent l’ancre dans des ports situés loin des villes. Ces circonstances, auxquelles viennent s’ajouter la piraterie, la criminalisation, l’abandon et, en dernier lieu, le covid-19, ont accru le stress, la fatigue et l’isolement des équipages. En considérant le présent, nous constatons aussi que notre ministère évolue en ayant recours à de nouvelles technologies pour répondre aux besoins matériels et spirituels des marins, des pêcheurs et de leurs familles.
Cependant, aujourd’hui plus qu’auparavant, en dessinant l’avenir de notre Apostolat nous sommes appelés à nous ouvrir à l’Esprit de renouveau et à trouver de nouveaux moyens et de Nouvelles façon d’être l’Église qui navigue avec les gens de mer.
Le nouveau logo
Au terme des cent premières années, le logo de la Stella Maris que nous connaissons a été redessiné pour répondre aux signes des temps. Le nouveau logo a été conçu pour affirmer nos racines catholiques et conserver le symbolisme distinctif du passé. Le logo n’est pas seulement un joli autocollant, mais il représente notre unité et notre identité commune ; il doit être notre guide et une source d’inspiration pour notre engagement au service du monde maritime :
• L’ancre est le symbole de l’espérance. Nous sommes appelés à apporter l’Espérance, dans un monde de désespoir et d’isolement.
• La bouée est le symbole de la Foi. Nous devons annoncer la foi chrétienne, nourrir et renforcer la confiance dans le Seigneur des nombreux membres d’équipage catholiques.
• Le Sacré-Cœur de Jésus est le symbole de la charité. Nous devons manifester notre charité pour accueillir chaque personne sans préjugés de nationalité, d’ethnie, de genre, d’environnement religieux ou culturel, et toujours dans le respect de la culture et de la religion de la personne.
• Les rayons de lumière sont le symbole de la Lumière du Christ. Nous devons faire briller la lumière du Christ pour dénoncer un monde d’injustices, d’abus et d’exploitation.
• Enfin, un nouvel élément : les vagues de la mer qui mettent en évidence la nouvelle conscience qu’il faut prendre soin de la mer comme milieu où les gens de mer vivent et travaillent.
L’implication de l’Église locale
Bien que notre service soit global et constitué d’un réseau mondial de Centres, la mise en œuvre de la pastorale maritime dans chaque région du monde, nation, diocèse ou port, échoit à l’Église locale. À l’occasion de la célébration du centenaire, nous invitons toutes les Conférences épiscopales à nommer un Évêque Promoteur chargé de développer la pastorale des gens de mer dans son pays, et nous demandons aux évêques des diocèses maritimes de nommer des aumôniers et de considérer le ministère maritime comme faisant partie intégrante des responsabilités pastorales du diocèse et des paroisses situées à proximité des ports, afin que « les gens de mer disposent en abondance des moyens nécessaires pour mener une vie sainte ».
Visite des navires et contact personnel avec les gens de mer
Un des traits distinctifs du travail accompli par les pionniers de Stella Maris a toujours été les visites à bord des navires, effectuées avec dévouement et enthousiasme, d’abord le long de la rivière Clyde, puis en accompagnant le développement de cet apostolat dans le monde entier. Depuis lors, les structures et la conception des ports ont changé, mais pas les exigences des marins et des pêcheurs qui, à chaque fois qu’ils débarquent, sont impatients de contacter leurs familles, demandent des conseils concernant des problèmes contractuels ou désirent simplement parler. À cause des nombreuses restrictions imposées par la pandémie de covid-19, notre façon d’accomplir notre ministère a radicalement changé, mais ce qui ne doit pas changer, c’est la substance de notre service qui est un « ministère de présence ». Utilisons donc tous les instruments que la technologie met à notre disposition pour être présents dans la vie des gens de mer, en leur offrant notre amitié, notre soutien, notre encouragement et notre prière permanente.
Prières
Lors de la Conférence Internationale qui s’est tenue à Rome en 1958, M. A. Gannon, Secrétaire Général de l’AOS, fit observer que « sans les prières, les offrandes et l’assistance individuelle de plusieurs milliers de membres (surtout de religieux dans un grand nombre de couvents) le merveilleux développement de l’Apostolat de la Mer en si peu de temps n’aurait pas été possible ». Les prières ont constitué une part essentielle du développement de notre apostolat. En regardant vers le futur, si nous voulons continuer à grandir comme organisation d’assistance maritime, il est fondamental de redécouvrir la signification de la prière et de recréer des groupes de soutien pour renforcer l’engagement et le dévouement de nos aumôniers et de nos volontaires.
Un appel renouvelé
Les restrictions apportées aux voyages, la fermeture des frontières et les mesures de quarantaine imposées par de nombreux gouvernements en réponse à la pandémie de covid-19 ont provoqué une crise d’urgence humanitaire en mer. On estime que plus de 300 000 marins et personnels maritimes sont actuellement bloqués en mer ; leurs contrats ont été prolongés bien au-delà de la limite de 11 mois établie par la Convention du Travail Maritime : (MLC), ils sont ainsi tenus éloignés de ceux qui leur sont chers et soumis à un stress mental et à la fatigue physique.
Malheureusement, les appels des organisations internationales, industrielles, syndicales et des ONG religieuses pour que les marins soient considérés comme des » travailleurs clés » et, en conséquence, pour que soient créés des « canaux spéciaux » pour faciliter les changements d’équipage, sont jusqu’à présent restés lettre morte.
Une fois encore, comme Stella Maris l’a fait depuis ses origines, nous voulons exprimer notre solidarité avec les gens de mer et faire entendre notre voix pour demander aux gouvernants de coopérer, avec les organisations internationales, nationales et avec les autorités portuaires, pour résoudre cette situation dramatique en adoptant des protocoles approuvés par l’OMI pour permettre une rotation sûre et protégée des équipages.
Nous souhaitons voir les marins qui sont bloqués en mer rentrer dans leurs pays et retrouver ceux qu’ils aiment !
Prière pour le centenaire à Marie Étoile de la Mer
Confions notre travail à la bienheureuse Vierge Marie, Stella Maris, avec la prière composée spécialement pour le Centenaire. Prions, personnellement ou avec les gens de mer, pour que, dans notre monde maritime, notre Apostolat continue d’être, pendant encore de longues années, un phare d’espérance et un port sûr pour les marins, les pêcheurs et leurs familles.
Ô Marie, Étoile de la Mer, alors que nous célébrons dans la prière et la dévotion le Centenaire de cet apostolat de service silencieux avec le plus grand soin et le plus grand amour, nous te demandons humblement, ô sainte Mère de Dieu, de guider toujours et partout les gens de mer et ceux qui prennent soin d’eux et qui les assistent.
Ô Vierge très puissante, tandis que nous naviguons sur les mers tempétueuses de la vie, nous te prions, viens à notre aide, aide-nous à demeurer fermes et sois pour tous les marins et les pêcheurs qui naviguent sur les eaux de cette terre et pour leurs familles l’Arche de l’alliance qui navigue sur le Navire de la Foi, l’Église, vers le port du refuge sûr en Jésus-Christ.
Ô Marie, Étoile du matin, continue d’être une consolation et une espérance sûre pour éclairer nos cœurs et nos esprits, afin que nous ne puissions jamais nous perdre ou vaciller dans notre Foi en maintenant une boussole solide et fixe vers ton Fils, Notre Seigneur, qui est, qui était et qui sera toujours le véritable salut pour toute éternité. Amen.
Notre-Dame, Étoile de la Mer, prie pour nous.
Cordialement
Cardinal Peter K. A. Turkson
Préfet
© Dicastère pour le service du développement humain intégral