Le pape François a plaidé pour une mondialisation des traitements médicaux, devant les membres de la Fondation « Banco farmaceutico », ce 19 septembre 2020. « Que toutes les populations puissent avoir accès à ces médicaments qui pourraient sauver de nombreuses vies », a-t-il souhaité.
Depuis la Salle Paul VI du Vatican, il a dénoncé la “marginalisation pharmaceutique” qui « crée un fossé de plus entre les nations et entre les peuples ». « Sur le plan éthique, si un médicament peut soigner une maladie, il devrait être disponible pour tout, sinon l’on crée une injustice », a-t-il insisté.
Le pape a une nouvelle fois souhaité que l’accès du vaccin contre la Covid-19 soit universel : « Il serait triste de donner la priorité aux plus riches en fournissant le vaccin, ou que ce vaccin devint la propriété de telle ou telle nation, et qu’il ne soit pas à tout le monde. »
La Fondation « Banco farmaceutico », qui recueille des médicaments de donateurs pour les redistribuer à des structures humanitaires, fête cette année ses vingt ans. Elle est implantée en Italie, mais aussi en Espagne, en Argentine et au Portugal.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je vous souhaite la bienvenue. Je remercie le président de la Fondation Banco Farmaceutico pour les paroles cordiales qu’il m’a adressées. Comme il l’a rappelé, nous fêtons cette année le 20e anniversaire de la naissance de la Banco Farmaceutico: tous mes vœux ! Depuis l’intuition initiale, tant de chemin a été fait. Outre votre présente en Italie, vous œuvrez aussi dans d’autres nations.
Celui qui vit dans la pauvreté est pauvre de tout, y compris des médicaments, aussi sa santé est-elle plus vulnérable. Il court parfois le risque de ne pas pouvoir se soigner faute d’argent, ou parce que certaines populations du monde n’ont pas accès à certains médicaments. Il y a aussi une “marginalisation pharmaceutique”, et cela nous devons le dire. Cela crée un fossé de plus entre les nations et entre les peuples. Sur le plan éthique, si un médicament peut soigner une maladie, il devrait être disponible pour tous, sinon l’on crée une injustice. Trop de personnes, trop d’enfants meurent encore dans le monde parce qu’ils ne peuvent pas avoir tel médicament qui est disponible dans d’autres régions, ou tel vaccin. Nous connaissons le danger de la mondialisation de l’indifférence. Je vous propose au contraire de mondialiser le soin, c’est-à-dire que toutes les populations puissent avoir accès à ces médicaments qui pourraient sauver de nombreuses vies. Et pour ce faire il faut un effort commun, une convergence qui implique tout le monde. Et vous êtes l’exemple de cet effort commun.
Je souhaite que la recherche scientifique puisse progresser en cherchant toujours de nouvelles solutions à des problèmes anciens et nouveaux. Le travail des nombreux chercheurs est précieux et représente un magnifique exemple de la façon dont l’étude et l’intelligence humaines sont capables de développer autant que possible de nouveaux parcours de guérison et de traitement.
Les entreprises pharmaceutique, en soutenant la recherche et en orientant la production, peuvent généreusement participer à une distribution plus équitable des médicaments.
Les pharmaciens sont appelés à rendre un service de soin proche des personnes les plus nécessiteuses, et en science et en conscience ils œuvrent pour le bien intégral de ceux qui s’adressent à eux.
Les gouvernants aussi, à travers les choix législatifs et financiers, sont appelés à construire un monde plus juste, où les pauvres ne sont pas abandonnés ou pire encore, rejetés.
La récente expérience de la pandémie, en plus d’être une grande crise sanitaire où presque un million de personnes sont déjà mortes, se transforme en une grave crise économique, qui génère aussi des pauvres et des familles qui ne savent pas comment continuer. Tandis que l’aide caritative est à l’œuvre, il s’agit de combattre aussi cette pauvreté pharmaceutique, notamment par une large diffusion des nouveaux vaccins dans le monde. Je redis qu’il serait triste de donner la priorité aux plus riches en fournissant le vaccin, ou que ce vaccin devint la propriété de telle ou telle nation, et qu’il ne soit pas à tout le monde. Il devra être universel, pour tous.
Chers amis, je vous remercie beaucoup pour le service que vous réalisez en faveur des plus vulnérables. Merci pour ce que vous faites. La Journée de récolte du médicament (Giornata di Raccolta del Farmaco) est un exemple important de la façon dont la générosité et le partage des biens peuvent améliorer notre société et témoigner cet amour par la proximité qui nous est demandée dans l’Evangile (cf. Jn 13,34). Je vous bénis tous ici présents, vos familles. Je vous bénis et je demande à Dieu de vous bénir tous, vous qui, comme l’a dit le président, êtes de diverses religions. Mais Dieu est père de tous et je demande : que Dieu vous bénisse tous, vos familles, votre travail, votre générosité. Et, puisque les prêtres demandent toujours, je vous demande de prier pour moi. Merci.
Traduction de Zenit, Anne Kurian-Montabone