« Quand tu parles de discussion, rien n’a de saveur pour moi, si je n’y entends pas résonner le nom de Jésus » : c’est ce que confiait le moine français saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), fêté ce 20 août 2020. L’Osservatore Romano réserve une demi-page à cette figure considérée comme « le dernier des Pères » de l’Eglise.
Canonisé par le pape Alexandre III en 1174, déclaré Docteur de l’Eglise par le pape Pie VIII en 1830, saint Bernard est cité dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, parlant du rêve prophétique de sa mère Aleth de Montbard : « Alors qu’elle avait conçu son troisième enfant, à savoir Bernard, et qu’elle le portait encore en son sein, elle eut un rêve, qui était une prophétie de ce qui devait advenir à ce dernier, c’est-à-dire un petit chien (du latin catĕllus, petit chien) blanc. Lorsqu’elle en parla à un saint homme, celui-ci lui répondit, quasiment en prophétisant : “Tu seras mère d’un excellent petit chien, qui sera le gardien de la maison de Dieu et qui aboiera très fort contre ses ennemis, et qui sera un noble prédicateur, et il en guérira beaucoup avec la grâce de Dieu, par sa langue médicinale“. »
« Toute sa vie était tendue à connaître par l’expérience et à ruminer les pages des Ecritures et des Pères, peut-on lire encore dans le quotidien du Vatican. Il était opposé aux discussions philosophiques qui ne conduisaient pas à Dieu: “mais il ne rejette pas l’humaine philosophie qui soit philosophie véritable, c’est-à-dire qui conduise à Dieu, à la vie honnête et à la sagesse chrétienne“ (Pie XII, encyclique Doctor mellifluus). »
Le cistercien intervint « face aux dangers des courants philosophiques rationalistes, entre nominalistes et réalistes, préjudiciables à la foi, et découlant particulièrement de l’enseignement de Pierre Abélard ». « Sa capacité profonde et lumineuse de goûter l’Evangile conduit saint Bernard à souligner que Jésus seul est miel sur les lèvres, cantique à l’oreille, jubilation du cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum). »
D’où sans doute le titre qui « lui est attribué par la tradition de ‘doctor mellifluus’ : en effet sa louange à Jésus Christ ‘coule comme le miel' », avait expliqué Benoît XVI à l’audience générale du 21 octobre 2009.
Il voua aussi une immense dévotion à la Vierge Marie : « Elle est cette noble étoile de Jacob, dont les rayons illuminent le monde entier, dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers ; elle illumine le monde et échauffe les âmes bien plus que les corps, elle enflamme les vertus et consume les vices. » (Saint Bernard abbé, Sur les gloires de la Vierge Mère, Homélie, II, 17).
Le ”doctor marianus”, “chantre de la Vierge Marie”, conseillait ainsi : « Ô toi qui te vois ballotté dans le courant de ce siècle au milieu des orages et des tempêtes plus périlleusement que si tu marchais sur terre, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas être accablé par les tempêtes. » (Saint Bernard abbé, Sur les gloires de la Vierge Mère, Homélie, II, 17).
Avec une traduction d’Hélène Ginabat