Lampedusa © Vatican Media

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Lampedusa: un voyage du pape François qui continue

Entretien avec le cardinal Francesco Monténégro

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Le 8 juillet 2013, le cardinal Francesco Monténégro, archevêque d’Agrigente, a accompagné le pape François lors de sa visite sur l’île de Lampedusa. Sept ans plus tard, le cardinal se souvient de cette visite depuis laquelle le pape n’a cessé de « dire avec toujours plus de force » les paroles qu’il prononça ce jour-là : « C’est comme s’il faisait un voyage autour du monde, qui aurait commencé il y a sept ans à partir du port de Lampedusa. Voilà pour moi le sens de cette visite. »

Le cardinal Monténégro a accordé une interview à Vatican News ce mercredi 8 juillet 2020, le jour de l’anniversaire de la visite du pape François à Lampedusa : « Dans la portée musicale, explique l’archevêque, il y a une clé qui permet de reconnaître les notes. C’est comme si le pape, en venant sur notre île en 2013, avait fixé cette portée, et qu’aujourd’hui il restait fidèle à cette partition, à ces notes, en ne cessant de les répéter. »

Parfois, il semble que ses paroles « n’ont aucun effet, poursuit le cardinal, mais dans l’Évangile, nous lisons que la graine devient lentement un arbre ».

Le cardinal évoque plusieurs moments intenses de cette journée à Lampedusa : « Alors que nous arrivions à l’endroit où il était censé jeter à la mer la couronne de fleurs en souvenir des migrants morts en Méditerranée, j’ai été frappé par le fait qu’il se soit levé et qu’il se soit éloigné de tout et de tout le monde. Il y avait devant lui, sur la terre ferme, de nombreuses personnes qui criaient et saluaient, il y avait de nombreux bateaux autour du nôtre. Mais il était complètement absorbé. Puis il a jeté la couronne et a repris ses esprits. »

Au centre d’accueil de Lampedusa, poursuit-il, le pape a « voulu saluer un à un tous les invités », « parler à chacun d’entre eux, même si l’on nous conseillait de nous dépêcher ». « C’est un homme qui est venu en pèlerinage ce jour-là, il a regardé avec son cœur et continue à regarder avec son cœur », affirme le cardinal.

L’archevêque d’Agrigente raconte aussi que la situation avec les migrants n’a pas changé : les débarquements de migrants à Lampedusa continuent, « parce que maintenant, cette route est ouverte et personne ne pourra la fermer ».

Le cardinal dénonce les politiques en matière d’immigration, soulignant qu’« au niveau européen » le problème de l’immigration est traité « comme si c’était une urgence, mais ce n’est pas une urgence ». « C’est maintenant un fait naturel, dit le cardinal, car les gens doivent s’en aller: pour des raisons politiques, pour des problèmes environnementaux, à cause de la faim. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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